Ces écolos qui se donnent bonne conscience avec l'argent des autres

Par Bjørn Lomborg  |   |  647  mots
Vouloir désinvestir de toutes les activités de production d'énergie fossile, alors que celles-ci resteront indispensables pendant des décennies, c'est se donner bonne conscience facilement. Par Bjørn Lomborg, directeur du Copenhagen Consensus Center et professeur adjoint au Copenhagen Business School

Beaucoup de gens bien intentionnés estiment aujourd'hui que pour résoudre le réchauffement climatique, il faut désinvestir des énergies fossiles.

Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Président de la Banque mondiale Jim Yong Kim nous disent que du fait du réchauffement climatique, les fonds de pension devraient se détourner des énergies fossiles et investir en lieu et place dans les obligations vertes dans l'intérêt des futurs pensionnés.

Les énergies fossiles alimentent presque tout

Certes, le réchauffement climatique est un problème, causé par les émissions de CO2 provenant des énergies fossiles. Mais désinvestir de ces énergies reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs et à passer à côté des vraies solutions. En attendant, c'est juste un bon moyen pour se sentir écolo' grâce à l'argent des autres.

Nous ne brûlons pas les énergies fossiles pour ennuyer les environnementalistes mais parce qu'elles alimentent quasiment presque tout ce que nous apprécions en matière de modernité : le chauffage, la cuisson de nos aliments, le transport, et les éclairages, mais aussi les secteurs industriels et Internet.

80% de nos besoins satisfaits par les énergies fossiles en 2030

Aujourd'hui, nous tirons 81% de nos besoins énergétiques des énergies fossiles - et même en 2035, les énergies fossiles fourniront 79% de nos besoins sur une échelle de consommation largement plus élevée.

L'accès à des énergies abordables constitue un moyen formidable pour améliorer la qualité de vie - ces 30 dernières années, la Chine a sorti 680 millions de personnes du seuil de pauvreté, non pas avec des éoliennes non-efficientes mais avec beaucoup de charbon, une énergie abordable (et polluante).

Le coût exorbitant des subventions aux énergies renouvelables

Depuis les années 70, on nous dit régulièrement que bientôt, très bientôt, les énergies renouvelables (EnR) nous seraient profitables. Jusqu'ici, les EnR sont loin d'être compétitives et ne sont pas prêtes de l'être de sitôt. Si les subventions des EnR nous ont coûté 101 milliards de dollars en 2012, l'Agence Internationale de l'Energie ne prévoit aucune baisse concernant ces subventions, mais une hausse allant jusqu'à plus du double, soit 220 milliards de dollars par an en 2035 (IEA Global Energy Outlook, p197).

Des vœux pieux ne feront pas disparaître ces réalités. Plutôt que de faire campagne pour des désinvestissements peu réalistes dans les énergies fossiles, nous devons nous focaliser sur l'augmentation de l'investissement public dans la R&D verte pour nous assurer que la prochaine génération de technologies vertes soit finalement moins chère, de manière à ce que tout le monde, incluant la Chine et l'Inde, puisse les adopter.

Se donner bonne conscience grâce à l'argent des autres

Les déclarations de Christiana Figueres affirmant que les énergies fossiles "sont déjà en passe de … perdre de la valeur" sont tout simplement erronées. Et lorsque, le Conseil municipal d'Ann Arbor demande au comité de placement de sa Caisse de retraite de rechercher d'autres options d'investissement, il s'agit tout simplement d'un moyen de se sentir bien grâce à l'argent des autres.

Jetons un coup d'œil sur l'évolution des investissements dans les énergies fossiles et les EnR durant ces 12 dernières années. STOXX possède un indice boursier mondial Pétrole et Gaz, incluant Exxon et Chevron. RENIXX est le premier et le plus ancien indice boursier mondial des EnR, incluant Tesla et Vestas, depuis 2002. A la base de ces graphiques, 100€ investis en 2002 dans les énergies fossiles aurait aujourd'hui une valeur de 252 euros, tandis que s'ils avaient été investis dans les EnR, ils vaudraient aujourd'hui environ 34 euros.

La question qui se pose est : dans quoi est-ce que vous voudriez que l'argent de votre fond de retraite soit placé ?