Le changement climatique n'est pas un problème pour les Etats-Unis

Par Paul C. Knappenberger  |   |  951  mots
L'évaluation nationale sur le climat publiée par l'administration Obama est faussement alarmiste. Il y a très certainement des motivations politiques derrière ce rapport présidentiel: il s'agit de plaire aux électeurs de gauche. par Paul C. Knappenberger, directeur assistant du Center for the Study of Science à l'Institut Cato.

L'administration Obama vient de publier son National Climate Assessment (NCA, ou évaluation nationale sur le climat). Sa conclusion : si nous n'adoptons pas rapidement un plan d'action pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES), principalement en réduisant notre utilisation combustibles fossiles, les dix plaies d'Égypte vont s'abattre sur nous à cause de changements climatiques qui s'en suivront. Elles ont déjà commencé leur ravage.

Or, il n'en est rien.

Une confusion entre climat et changement climatique

Premièrement, le NCA confond régulièrement climat et changement climatique. Les États-Unis subissent constamment des variations extrêmes et naturelles du climat : ouragans, tornades, sècheresses, inondations, tempêtes de neige, vagues de chaleur, gelées… Le rapport semble sous-entendre que l'occurrence présente ou future d'un de ces évènements est causée par nos émissions de dioxyde de carbone (CO2). Une telle conclusion est tirée par les cheveux et n'a jamais été prouvée. Une révision approfondie de la littérature climatique montrerait que l'impact humain sur la plupart des évènements météorologiques extrêmes est mal compris. Ce sont plutôt les aléas du climat qui dominent nos vies.

Un impact marginal des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis

Deuxièmement, les émissions de GES des États-Unis ont un impact non seulement marginal mais aussi décroissant sur le futur du climat terrestre. Ce dernier est plutôt dirigé par des pays en pleine industrialisation comme la Chine et, bientôt, l'Inde. Des recherches montrent que l'élimination totale et permanente des émissions américaines diminuerait le réchauffement de moins de 0,2 degré. Un tel changement aurait un impact dévastateur sur notre économie et peu de gens sont prêts à payer un tel prix si son impact est plus que marginal.

Troisièmement, de plus en plus de recherches basées sur des observations et non des modèles climatiques suggèrent fortement que les changements climatiques seront en-deçà de ce que le NCA ou le Groupe international d'experts sur les changements climatiques (GIEC) prédisaient. En d'autres termes, les réductions d'émissions de CO2 des États-Unis auront un impact encore plus minuscule que celui mentionné au précédent paragraphe.

Une capacité d'adaptation sous-estimée

Finalement, sous-entendre que nous serons dépassés par les impacts des changements climatiques sous-estime notre capacité prouvée à s'adapter aux défis environnementaux. Les changements climatiques nous accableront seulement si nous restons assis à ne rien faire, chose avec bien peu de précédents dans l'histoire humaine. Le NCA le reconnait du bout des lèvres mais l'oublie immédiatement pour faire passer son message.

C'est particulièrement évident quand il parle de la mortalité provenant des vagues de chaleur. Le rapport affirme que leur incidence est leur durée ont augmenté et que la tendance se continuera - sauf si, bien sûr, nous stoppons nos émissions de GES. Il reconnaît que « la mortalité et les maladies reliées aux vagues de chaleur a diminué dans les dernières décennies, sans doute grâce à de meilleures prévisions, un système anticipé d'alertes et/ou un meilleur accès à l'air climatisé pour la population du pays ». Néanmoins, il conclut que « l'augmentation de l'intensité et de la fréquence des vagues de chaleur tueront et rendront malades plus de gens ». C'est complètement faux.

Une sensibilité moindre de la population aux vagues de chaleur

La littérature scientifique regorge d'études montrant que la sensibilité de la population à la chaleur extrême est moindre, diminuant ainsi la mortalité durant les vagues de chaleur. Cela est vrai pour les États-Unis et plusieurs grands centres urbains dans le monde. Une nouvelle étude de la Harvard School of Public Health (école de santé publique) s'est penchée sur la tendance de la mortalité causée par la chaleur à travers les États-Unis. Ses chercheurs concluent qu'elle laisse « peu de doute quant à la tendance décroissante de la mortalité causée par la chaleur à travers le temps, et encore plus durant ces dernières années ».

Une étude semblable publiée dans le prestigieux magazine scientifique Nature Climate Change conclut que « les changements climatiques mènent les gens à s'adapter », une découverte qui « souligne la complexité, souvent ignorée, de la réponse humaine aux changement climatiques ». Une telle observation s'applique directement au NCA.

Un document pour complaire aux électeurs de gauche

Soyons clairs : le NCA n'est qu'un document visant à réveiller les électeurs de gauche du président et à leur plaire. Les prétentions scientifiques qui agrémentent le rapport s'évanouissent rapidement après une minutieuse inspection.

Ça saute aux yeux quand on lit la lettre d'introduction du rapport, adressée aux membres du Congrès, co-signée par le conseiller scientifique de la Maison Blanche John Holdren et l'administratrice en chef de la National Oceanic and Atmospheric Administration Kathryn Sullivan. La lettre se termine ainsi : « Quand le Président Obama a lancé son Climate Action Plan (CAP, ou plan d'action climatique) l'an dernier, il a fait savoir que l'essentiel de son contenu sera utilisé par le pouvoir exécutif pour étayer de futures politiques et pour mieux comprendre et gérer les risques provenant des changements climatiques ».

Quand le président a publié son CAP l'an dernier, le NCA était encore en pleine révision. Et pourtant, il savait déjà que le CAP allait soutenir son agenda environnemental et ses futures actions exécutives dans le domaine. Le message semblait écrit d'avance - un signe évident quand la politique supplante la science.

Paul C. Knappenberger est le directeur assistant du Center for the Study of Science à l'Institut Cato.