L'économie américaine a tout pour aller bien. Des universités d'un haut niveau, de l'énergie bon marché grâce au gaz de schiste, un secteur high tech très performant.. Et pourtant, sa croissance n'est pas si forte, avec, pour conséquence, un taux d'emploi qui reste en dessous de la moyenne des années 2000, et 20 millions de personnes cherchant en outre, sans succès, à passer du temps partiel au temps plein.
Cette croissance faible s'explique uniquement par la montée des inégalités, qui bride la consommation. Et cela va empirer. Le taux d'épargne est retombé à ses niveaux les plus bas. Car, si 20% des ménages parviennent à épargner un peu bon an mal an, 80% d'entre eux ne le peuvent absolument pas: ils dépensent déjà plus que ce qu'ils gagnent! D'où une consommation bridée, et cela va s'aggraver.
Va-t-on, du coup, vers une consommation à crédit, avec, à la clé, une nouvelle crise bancaire de type subprime?
Non, on n'est pas dans la même situation qu'au début des années 2000. A l'époque, le prix des logements ne cessait de grimper, les gens avaient donc le sentiment de s'enrichir. Et les banques leur prêtaient en conséquence. Ce n'est pas cette configuration qui prévaut aujourd'hui. Les banquiers sont prudents. Il n'est plus question de financer une consommation importante à crédit.
Que va-t-il se passer, alors?
La croissance va rester durablement faible, voire s'affaiblir encore.
Avec quelles conséquences sociales?
Les conséquences seront dévastatrices. C'en en est fini du rêve américain, de l'idée que les enfants vivront mieux que leurs parents, que c'est un pays de justice, aux nombreuses opportunités.
Les étudiants sont étouffés par les dettes qu'ils ont contractées pour payer leur scolarité. Et tous les jeunes ont de plus en plus de mal à s'installer. J'en veux pour preuve la faiblesse du secteur du bâtiment: les mises en chantiers sont beaucoup plus faibles que prévu, faute d'achats de la part des jeunes ménages. Plus généralement, la classe moyenne va souffrir de plus en plus.
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