Etats-Unis : le revenu des classes moyennes au centre du débat

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le revenu des classes moyennes, qui n'en finit pas de s'éroder, au centre du débat
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Le débat sur le pouvoir d'achat des classes moyennes est revenu au premier plan et si l'hyper médiatisation du récent ouvrage de Thomas Piketty n'en est pas le déclencheur, il est révélateur de la prégnance du débat aux Etats-Unis.

Pourquoi ?

D'abord parce que l'économie américaine est au cœur de la tourmente numérique. Une numérisation et une robotisation qui bousculent le continuum des qualifications que l'économie fordiste avait bâties au fil des années. Qui provoquent notamment un véritable « tsunami » dans les professions intermédiaires : celle des ouvriers qualifiés et des employés dédiés aux tâches administratives.

Une révolution qui polarise le marché du travail en deux groupes. Celui des stars et superstars du net et des grandes entreprises en réseau. Un petit nombre d'individus qui captent l'essentiel des gains liés à la croissance pour reprendre le jargon des économistes, qui s'approprient l'essentiel de la rente technologique.

Et de l'autre, un nouveau prolétariat désorganisé, au service de la net économie dans les entrepôts, le transport, la surveillance. La masse invisible au service de la fluidité de nos grandes plateformes du net. Ou disons plutôt, qui met l'économie réelle au diapason de la fluidité du net.

Cette fracture, et la casse qu'elle engendre dans la classe moyenne, l'économie américaine la vit à plein. Il suffit de regarder le taux d'emploi américain, il est déjà loin le temps, c'était en 2000, où les États-Unis étaient le champion de l'employabilité.

Mais au-delà du choc numérique, l'économie américaine est confrontée à la nécessité d'asseoir sa croissance sur des moteurs pérennes. Pour une économie dont plus de 90% de la valeur ajoutée est destinée au marché intérieur, le pouvoir d'achat des classes moyennes est un élément décisif. Quelque chose que l'économie américaine a oublié un temps grâce au subterfuge du crédit mais dont la crise des subprimes a révélé les limites.

Croître, pour la principale économie du monde, c'est réinventer un nouveau compromis fordiste

D'abord en réinventant les passerelles entre travail non qualifié et qualifié autrement dit les qualifications intermédiaires qui naissent d'une nouvelle alliance de l'homme et de la machine. Car l'ascenseur social ne peut fonctionner qu'avec ces passerelles. Il est aujourd'hui en panne aux États-Unis, comme ailleurs, car les petits jobs sont des pièges dont on ne s'extrait pas.

Ensuite en remettant en place une fiscalité et des conventions sociales re-distributives.

C'est plutôt une bonne nouvelle pour le reste du monde développé. Le monde est peut-être en train de tourner la page du premier âge de la mondialisation contemporaine, pour enfin résorber les fractures qui la placent aujourd'hui dans une impasse.

>> Plus de vidéo sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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