Sarkozy dans le sillage des Bleus ?

Par Jean-Christophe Gallien*  |   |  759  mots
Ce n'est pas forcément un hasard si l'ex président entame sa tentative de retour au moment où l'équipe de France de foot reprend la mainPar Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne

Alors que le phénomène populaire et médiatique du retour en grâce de l'équipe de France de Football déroule une parenthèse nationale positive inattendue, nous assistons à la confirmation quantitative d'une tentative de retour, elle aussi, limitée, pour l'instant à l'espace médiatique. Nicolas Sarkozy s'affiche à nouveau et cette fois volontairement sur de nombreuses unes de magazines et de quotidiens de notre pays.

Dans le sillon victorieux des bleus

Il y a là comme un parallélisme dans la volonté de produire une conversation renouvelée et positive autour des concepts du « il faut tout changer » et autres « j'ai moi aussi changé ». On pourrait même oser affirmer que la stratégie de l'ex président et de son équipe voudrait s'engouffrer dans le sillon victorieux des bleus. On peut ainsi s'étonner que Nicolas Sarkozy ne soit pas allé, pourquoi pas en compagnie d'Angela Merckel, au Brésil pour assister, premier supporters des bleus en tribune, au premier ou au deuxième match des français profitant de l'absence, elle aussi incroyable, de François Hollande.

Ces deux-là, pourtant fans de sport et de football, se rejoignent là dans leur manque de flair sportif et politique et leur pessimisme frileux quant au parcours potentiel des hommes de Didier Deschamps.

Nicolas Sarkozy encore dans le top 10, mais il subit un décrochage

La difficulté pour Nicolas Sarkozy, c'est qu'il n'y a pas de Coupe du Monde du sport politique disponible, même pas de championnat de France ou de coupe de France non plus. Il y a bien des classements du type FIFA / Coca-Cola, vous savez celui qui plaçait la Suisse en 6e position mondiale avant sa claque donnée par une France elle même classée 17ème, ceux des cotes de popularité de l'offre politique. Nicolas Sarkozy fait encore partie du top 10 des différents classements. Son audience est réelle et il conserve une dimension positive non négligeable. Mais l'ex-chef de l'Etat voit la tendance moyenne confirmer un sérieux décrochage. Il subit l'implosion de l'UMP, l'affaire Bygmalion, et il est désormais, comme les autres, emporté par la vague de discrédit qui frappe une large part de l'offre politique. Nous l'écrivions dans ces colonnes, il y a peu, il n'a plus vraiment le choix, même à trois ans de la présidentielle, il doit accélérer son retour ou accepter de s'effacer, inexorablement.

Une offre politique proche du vide

L'exposition médiatique qu'il reçoit est la démonstration par le creux que l'offre politique de notre pays est, plus que, jamais proche du vide.

Nicolas Sarkozy n'a jamais vraiment quitté l'espace politique national et européen certes de plus en plus proche d'un théâtre isolé et hors sol. Soit qu'il adressait comme des cartes postales que de nombreux médias, eux mêmes en situation de rupture populaire, publiaient complices. Soit que les affaires qui l'impliquent directement ou indirectement promenaient son nom à travers les unes.

Sarkozy fait toujours vendre du papier

Reviens la ressemblance avec la rédemption de l'équipe de France quatre ans après Knysna, Nicolas Sarkozy possède un atout majeur : il fait vendre ! Les unes et autres dossiers spéciaux consacrent, par leur nombre, ce potentiel marchand pour des médias en profonde difficulté économique et surtout de plus en plus contestés dans leur rôle de tiers de confiance et d'intermédiaire démocratique. Les deux seules autres têtes de gondole politiques qui portent une capacité commerciale sinon similaire, du moins bien réelle : Manuel Valls et Marine Le Pen semblent, pour des raisons différentes, faiblir en intensité produit.

Quand Valls se hollandise

Essoufflé Manuel Valls qui se hollandise peu à peu comme face aux conflits sociaux des intermittents et des cheminots et qui semble déjà savourer l'arrivée de l'été et de sa trêve espérant un répit bienvenu avant une rentrée déjà complexe. Disparue Marine Le Pen depuis un ultime coup monté, ou quand le Père dérape pour mieux permettre à la fille d'affirmer sa différence. Storytelling cheap dans lequel sautent de nombreux médias avides là encore d'audience et donc d'un peu de relief sensationnel.

Reste donc Nicolas Sarkozy et … François Hollande. Prochain acte : lequel sera au Brésil en premier ? Dépêchez-vous messieurs les huitièmes de finale arrivent très vite … et après, qui sait, il sera peut être trop tard …

 

*Président de J C G A