Au théâtre d'ombres de l'UMP, le ménage attendra

Par Jean-Christophe Gallien*  |   |  773  mots
En pleine tourmente, l'UMP est plus menacée par les périls financiers que politique ou judiciaire, qui occupent le devant de la scène. Par Jean Christophe Gallien, professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne Président de j c g a

Christian Jacob a sauvé sa tête et demeure président d'un groupe qui comme son parti est traversé par les vagues de la tempête. La réunion à huis clos a été longue et évidemment houleuse. Christian Jacob a tenté d'expliquer à des députés UMP très en colère, comment il a accordé, en 2012, un prêt de 3 millions d'euros au parti, et pourquoi personne n'en a été informé. Prudent il a misé sur la transparence et annoncé, dans un point presse plus qu'hésitant, un audit des finances dudit groupe. Encore un audit pour l'UMP, qui sera réalisé par Gilles Carrez, Président de la commission des finances de l'Assemblée !

Le président du groupe UMP, victime du système?

Si Christian Jacob n'a rien révélé de plus aux médias, il a, sans toucher à l'ex Président de l'UMP, Jean François Copé ni à l'ex Président Nicolas Sarkozy, pointé du doigt Jérôme Lavrilleux. Il a révélé que ce dernier, après avoir été directeur de cabinet de Jean-François Copé alors prédécesseur de Christian Jacob à la tête du groupe UMP à l'Assemblée, a continué à être salarié « à temps partiel » dudit groupe UMP pour 3 500 euros par mois jusqu'en octobre 2012, alors qu'il était en même temps secrétaire général du parti présidé par Jean-François Copé. Appuyant davantage sur Copé, le filloniste Eric Ciotti avait observé que Christian Jacob "a été un peu victime d'un système". Surtout, en ce qui concerne les contrats existants entre le groupe UMP et la société Bygmalion, Eric Ciotti a souligné qu'ils ont commencé avant l'arrivée de Christian Jacob à la tête du groupe UMP en 2010. En clair lorsque Jean-François Copé en était le président et, qu'à ses côtés, un certain Jérôme Lavrilleux était donc déjà là.

L'ombre de Copé...

On le voit, l'ombre de Jean-François Copé est bien présente. Celle de son ex-collaborateur Jérôme Lavrilleux aussi, menaçante. Réunie mardi soir en bureau politique, l'UMP n'a donc pas exclu Lavrilleux, celui par qui le scandale a éclaté, au grand jour. L'UMP a pour l'instant lancé une procédure d'exclusion à son encontre. Rappelons que Jérôme Lavrilleux, avait tranquillement attendu le lendemain de son élection au Parlement européen pour faire son coming out : « oui j'ai / nous avons triché ! ». Il fera, comme les autres élus UMP, son entrée au Parlement européen le 1er juillet prochain, en ayant reconnu avoir participé à un réseau de fausse facturation ! Jérôme Lavrilleux qui ne veut plus être l'unique accusé des affaires UMP. Il menace, il ne sera pas « le type qui paiera pour tous ». Il ira devant la justice lui aussi. Laissant planer l'ombre de la révélation de ses autres munitions. On peut lui faire confiance sur ce sujet !

...et celle de Sarkozy

Le ciel de l'UMP est donc bien sombre, Copé, Lavrilleux … une troisième ombre plane, plus large, plus puissante aussi : celle de Nicolas Sarkozy.

Au pays des « règlements de compte », Jean Pierre Raffarin craint un « éclatement » du parti si le mouvement ne retrouve pas le chemin du « collectif » et refuse en bloc les « ambitions des uns et des autres qui courent pour leur propre parcours ». Il n'écarte pas de cette critique Nicolas Sarkozy et sa tentative de retour que nous décrivions lundi. Implacable, Jean-Pierre Raffarin pointe un "anti-sarkozysme nouveau" illustré ce mardi sur France Info par une Valérie Pécresse encore plus glaciale. A la question « Souhaitez vous son retour ? », celle qui fut plusieurs fois ministre de Sarko claque : « C'est son choix, c'est à lui de dire s'il veut revenir … j'attends d'abord que la justice face la clarté sur l'affaire." !

Le ménage attendra

Tous les deux rejoignent le fer de lance de la ligue des spadassins anti-retour de Nicolas Sarkozy, l'ex premier supporter de l'ex Président, Xavier Bertrand, qui interrogé sur la volonté de Nicolas Sarkozy de « tout changer », claquait notamment « lui ne changera donc jamais ! Tout changer, la rupture, c'était déjà la promesse de 2007. Et c'est parce que cette promesse n'a pas été tenue que nous avons perdu en 2012. ».

A observer les ombres qui planent, l'UMP en oublierait presque que son péril est moins politique et judiciaire que sonnant et trébuchant. « Trésorerie exsangue », « cessation de paiement », certains élus évoquent même possible « mise en liquidation ». Au théâtre d'ombres de l'UMP, le ménage attendra.

 

*Président de JCGA, Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals