Une France sous domination allemande

Alors que le ministre allemand des Finances fait la leçon à la France sur la hausse des salaires, seule une politique d'investissements massifs en Europe permettrait de nous sortir du marasme

La France serait-elle désormais le 17ème Land allemand ? Invité à l'université d'été du Medef, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, outré par les salaires français décidément trop élevés, est donc venu dans son 17ème Land afin d'y prodiguer ses consignes. Et tant pis si le paquebot-Europe chavire et que nous devenions la risée du monde entier, comme l'illustre la dernière couverture de l'hebdomadaire "The Economist", ayant réalisé un photomontage en une comprenant Angela Merkel et François Hollande debout sur un bateau confectionné à partir d'un billet de vingt euros visiblement en train de sombrer, et n'ayant aucun égard pour Mario Draghi qui tente désespérément d'écoper pour éviter le naufrage.

 Une Europe qui coule à pic

Après tout, l'honneur n'est-il pas sauf avec un taux d'inflation de 0.4% pour le mois de juillet dernier ? C'est-à-dire en-dessous du seuil maximum toléré de 2%, ainsi que l'annonce fièrement le dernier bulletin de la BCE. Que Schäuble, Merkel et Hollande soient donc sans crainte : la BCE n'entreprendra aucune baisse de taux quantitatives. Pour la simple et unique raison que, aujourd'hui - en septembre 2014-, plus aucun programme de création monétaire ne serait désormais en mesure de sauver cette Europe qui coule à pic ! Un assouplissement supplémentaire de politique monétaire aurait certes un impact positif sur l'octroi de nouveaux crédits. Pour autant, la consommation européenne qui reste anémique - voire qui recule davantage du fait d'une inflation quasi nulle - neutralisera tous les effets bénéfiques de ces hypothétiques baisses de taux quantitatives.

 Une politique d'investissements massifs pour rétablir nos économies

Aujourd'hui, seuls les investissements publics, menés au niveau de l'Union, sont encore susceptibles de renverser la vapeur, c'est-à-dire de se mesurer à la Grande Dépression Européenne et de juguler la spirale déflationniste. Pour ce faire, l'Union devra émettre un ambitieux programme d'Eurobonds, destiné par exemple à financer un vaste plan de transition énergétique, tout en faisant abstraction du critère des 3% de déficits. Il y a du reste fort à parier qu'une détermination à relancer l'activité économique de la part des autorités européennes serait bien accueillie par des marchés financiers qui s'accommoderaient dès lors aisément de cette escalade des déficits, lesquels seraient nécessairement provisoires et seraient résorbés par une politique contre-cyclique dès le retour d'une croissance robuste. C'est donc une volte-face fiscale et budgétaire au niveau de l'Union ou d'un groupement de pays de l'Union, et c'est donc une authentique politique d'investissements massifs qui permettront le rétablissement de nos économies, bien plus et bien mieux qu'une action de la BCE, désormais impuissante car trop tardive...

 Une dépendance à l'égard du reste du monde

Au lieu de cela, et sous l'intense pression allemande, cette Union se résigne à tenter de trouver à travers ses exportations cette croissance qu'elle n'est plus capable de générer intérieurement par sa consommation. Au risque d'être de plus en plus dépendante de la croissance du reste du monde. Comme l'est du reste l'Allemagne qui subit aujourd'hui le contre coup de la crise russo-ukrainienne avec un P.I.B. négatif de 0.2% au trimestre dernier, elle dont les exportations vers la Russie s'effondrent et qui subit un déclin inquiétant du moral de ses entrepreneurs. Car ce n'est évidemment pas à l'intérieur que l'Allemagne pourra chercher ni trouver son salut, elle dont seulement 19 trimestres sur 72 depuis 1999, ont vu la consommation intérieure progresser plus rapidement que le P.I.B. (source Eurostat). Il est facile, aujourd'hui, de blâmer Putin ou le ralentissement chinois, responsables - aux yeux des allemands - du tassement de leurs exportations.

 Une Europe condamnée à un second rôle

Il est néanmoins incontestable que cette dépendance envers les exportations représente une faiblesse structurelle majeure pour un pays incapable de trouver à l'interne les ressources suffisantes pour parvenir à une croissance pérenne. Est-ce là le modèle que l'Allemagne s'attache à imposer à l'ensemble de l'Union? Doit-on se résigner à ce que la prospérité européenne soit greffée sur la croissance du reste du monde et que l'on soit systématiquement redevables de notre train de vie aux autres ? Choisir et adopter ce modèle allemand nous placerait bien-sûr dans un état de fragilité économique permanente. Mais il condamnerait également l'Europe à n'être - politiquement - qu'un second rôle.

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Commentaires 31
à écrit le 03/09/2014 à 15:17
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L'Allemagne est une nation avec des valeurs chretiennes. Pays non divise par les politiques ou les sionistes. L'esprit est plus battant que le notre. Comme au football, on se deplace pour gagner. Il faut que l'Europe passe sous l'egemonie Allemande, ...

à écrit le 02/09/2014 à 20:03
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Le titre est franchement pas correct du point de vue Historique, en effet le mot « domination » est fort et ne s’utilise pas en économie cf définition suivante : La domination désigne une situation dans laquelle un être et ou un groupe est en positi...

à écrit le 02/09/2014 à 12:46
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Selon une récente étude américaine parue dans la revue Pyschological Science, plus les gens expriment leurs émotions concernant une situation stressante ou angoissante, plus ils sont susceptibles de retrouver leur calme (leurs tensions en étant d’aut...

à écrit le 02/09/2014 à 9:45
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Pour une fois, ne pourrait-on attaquer l'Allemagne ?... c'est toujours eux qui attaquent habituellement. En tous cas, la Grande Allemagne est de retour ! Avec les mêmes mentalités, les mêmes intentions. Qui a pu croire que les allemands avaient chang...

à écrit le 01/09/2014 à 23:40
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Il y a 70 ans c´etait un deferlement de Panzer qui a mis l Europe a genoux.. Aujourd hui c´est un deferlement de bulldozers economiques......Rien ne pourra les arreter. La faute à qui ??

à écrit le 01/09/2014 à 21:56
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dans cet article encore, on crie à l'investissement public, à la planche à billets et à l'emprunt supplémentaire quand l'économie va mal. Quelle tristesse et quel manque de discernement, c'est consternant. C'est exactement ce reflexe bien franchouill...

le 02/09/2014 à 16:20
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l'histoire n'a pas cessé de le prouver depuis un siècle: partout où on a suivi la doctrine neo/liberale (et notamment la "rigueur et l'affaiblissement de l'état) les pays et surtout les peuples ont été massivement appauvris. Au contraire on remarque ...

à écrit le 01/09/2014 à 20:30
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je rigole. j entends ca depuis des dizaines d années.. imprimer du fric ou emprunter pour faire repartir la 2cv.. arrêtez la casse. il est de temps de devenir sérieux et de rembourser ses dettes.

le 02/09/2014 à 9:46
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Si nous cessons d"emprunter, autant annuler les dettes...

à écrit le 01/09/2014 à 19:23
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Toujours la même ligne étatiste interventionniste keynésienne … ca fait un brin tache sur la Tribune ? non ? Investissements publics ? ou a déjà des records de dépense publique on devrait être les rois du pétrole face aux pays libéraux alors ? Comme ...

à écrit le 01/09/2014 à 19:05
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Si l'Europe chavire, ce sera sans l'Allemagne. L'Allemagne est intrinsèquement une chaloupe de sauvetage insubmersible.

le 01/09/2014 à 19:13
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insubmersible! ouais même pas le TITANIC, et pourtant.....!

le 02/09/2014 à 8:00
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Insubmersible : Weimar, 1945... En 2000, l'Allemagne prenait l'eau, c'était le malade de l'Europe.

à écrit le 01/09/2014 à 16:44
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Le souci c'est que nous sommes en guerre économique avec l'Europe/monde. L'Union Européenne, ce vaste marché commun où le dumping social torpille notre pays (au profit des pays de l'Est et de l'Allemagne), pas d'harmonisation économique etc ... Il es...

à écrit le 01/09/2014 à 16:43
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je me demande bien ce qu on fait les allemands a l auteur pour qu il les deteste tant. Schäuble a le droit de dire ce qu il pense de la politique francaise. On a bein eut un president qui disait qu on devait installer des missible nucleaire US en RFA...

à écrit le 01/09/2014 à 16:29
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Olà ! Qu'est-ce c'est ce délire...la France sous domination allemande ? Il y a à ma connaissance, dans notre pays, plus de pubs, slogans et autres expressions en anglais qu'en allemand et sauf erreur de a part, à l'école, l'allemand n'est pas premièr...

à écrit le 01/09/2014 à 15:32
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Nous attendons tous un effondrement total de la France qui ne pourra bientôt plus avoir des taux très faibles pour s endetter et cela permettra de repartir à zéro sur de nouvelles bases ... Il suffit d être patient ... Si vous avez des biens. Fourg...

à écrit le 01/09/2014 à 14:28
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Avec le monetarisme, la transition énergétique est l'autre dogme obsessionnel allemand. L'Europe a mieux à faire de ses capitaux que ces gadgets aussi ruineux qu'inutiles. (cf S. Gabriel)

à écrit le 01/09/2014 à 14:21
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' Ohne Fleiss, kein Preis' ( on n'a rien sans rien), c'est pas l'europe qui a un pb, c'est la france qui a fait le choix de la glandouille et du decouragement generalise... faudra trouver d'autres excuses que l'allemagne, a l'avenir

le 01/09/2014 à 16:08
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c'cela !j'en parlerai à mon cheval!

le 01/09/2014 à 16:38
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c est pas Preis (prix) mais Spass (plaisir). Ca se traduirait par "sans effort pas de plaisir2

à écrit le 01/09/2014 à 13:44
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Que faisait la France quand l'Allemagne se réformait entre 2003-2006 (Schroeder) puis ensuite ? Rien ! Et vous voulez encore votez UMP ?

à écrit le 01/09/2014 à 13:31
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Non c'est faux car tous les textes ont été signés par la France non pas sous la contrainte mais au contraire contre la volonté du peuple, dixit le referendum de 2005, dont Sarkosy a refusé de tenir compte et que Holland ne compte non plus tenir compt...

à écrit le 01/09/2014 à 13:22
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Rien ne se serait jamais passé dans cette Europe là si les manettes appartenaient véritablement aux européens et si elle n'était entretenue dans un dysfonctionnement délibéré pour laisser la main aux US sur tous les sujets, économiques et politiques ...

le 01/09/2014 à 16:09
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qu'est ce que viennent fichent dans l'europe, les US????

à écrit le 01/09/2014 à 13:04
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C'est terrible de véhiculer l'idée et de simplement penser que la monnaie -l'euro- est responsable de ses propres erreurs de politiques intérieures, de politiques économiques et de son système de fiscalité le plus lourd du monde pour un assistanat so...

à écrit le 01/09/2014 à 12:55
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Quand Wolfgang Schäuble se dit outré par les salaires, c'est brut chargé ou brut tout court ? c'est sur que chargé, il y a de quoi attraper un infarctus... Et ensuite sur le net, il y a de quoi ne plus consommer...

à écrit le 01/09/2014 à 12:51
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A l'heure de la mondialisation, la France ou l'Europe ne doivent etre dependent du reste du monde ;))!!! Bien sur!! Il n'y qu'un francais qui puissent dire des choses prarreils ;)))!!!

à écrit le 01/09/2014 à 12:04
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L Allemagne fascine , pas tout le monde , mais certains.

à écrit le 01/09/2014 à 11:54
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La France sous domination allemande? C'est normal, mon bon Monsieur. Relisez la fable de la cigale et de la fourmi.

à écrit le 01/09/2014 à 11:43
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Investissement public, pourquoi faire? L'UE ne fait plus rêver! La confiance est parti avec la soi disant rigueur! Plus de projet, pas de demande de crédit, pas d'investissement....Et si malgré tout, la puissance publique s’entêtait à la dépense, un ...

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