Employeurs : et si vous rallongiez l'espérance de vie de vos employés ?

Alors que la deuxième fortune mondiale, Carlos Slim, propose de réduire la semaine de travail, comment faire en sorte que l'activité professionnelle soit moins synonyme de stress et de malaise? Par Julien André, directeur Emploi de Vivastreet.com

Prévenir la dégradation de la santé ne serait-il que l'affaire des pouvoirs publics, des gourous de la diététique et des herboristes ? Dans son ouvrage Regarde les lumières mon amour, Annie Ernaux a relaté les conditions de travail des caissières d'un supermarché, qu'on considère productives à partir de 3000 références passées en une heure. Dans la comédie "A coup sûr", la jeune journaliste bardée de diplômes est raillée par ses collègues parce qu'elle se fait livrer un fauteuil ergonomique devant lui éviter des douleurs lombaires accumulées après de longues heures de travail face à son ordinateur.

Les femmes deviennent victimes, aussi de maladies liées au stress

La prégnance de la notion de pénibilité dans le travail met à mal l'idée répandue par Henri Salvador « Le travail c'est la santé » ; et invite à une réflexion sur ce qui peut être envisagé pour ne pas dégrader celle des travailleurs.

On m'objectera aisément qu'il est aisé de donner des leçons. Depuis le temps que l'on sait que certaines pratiques professionnelles sont purement dangereuses, on les aurait interdites ! Voilà qui est faux. En 1945, le premier tableau des maladies professionnelles liées à l'amiante était créé et diffusé. Les tous premiers décrets relatifs aux salariés exposés datent de 1977. Et c'est seulement en 1996 que l'on impose la destruction de certains bâtiments considérés comme nocifs pour leurs usagers. Enfin, dans les pays développés, l'écart entre l'espérance de vie des femmes et des hommes se réduit. Les deux genres vivent plus vieux, mais les femmes, qui mènent des carrières semblables à celles des hommes, sont désormais victimes plus régulièrement de maladies cardiovasculaires et de toutes les pathologies liées au stress cumulé .

 Beaucoup de mesures préventives ont un coût infime

N'attendons plus avant de penser à ce qu'il est possible de faire pour ne pas entraver l'espérance de vie de nos employés. Bonne nouvelle, un grand nombre de ces mesures ont un coût infime. D'autres ont un coût élevé. Quelques unes ont un coût humain, elles supposent d'investir dans une réflexion logistique, de tester de nouvelles méthodes de travail. Ce qui n'implique ni garantie de résultat, ni de retour sur investissement chiffrable à court terme. Mais mis en regard avec le coût des arrêts de travail, le remplacement des salariés victimes de « burn out » ou d'autres maladies professionnelles, et les gains de productivité étayés scientifiquement dans les structures investissant dans le bien-être de leurs salariés, elles pourraient bien être véritablement pas chères, et totalement rentables, en valeur absolue.

Des pistes d'amélioration

Voici quelques pistes de réflexions qui peuvent améliorer durablement la santé des parties prenantes d'une entreprise :

L'intervention d'un ergothérapeute
Sous ce nom folklorique se cache un professionnel de la santé reconnu à l'issue d'une formation sélective qui prodigue des conseils portant sur les postures à adopter, mais aussi l'organisation du poste de travail (il est alors ergonome et ergothérapeute). Dans les faits, les prestations des ergothérapeutes, intégrés dans le système hospitalier, ne sont pas remboursées. Elles peuvent néanmoins être mutualisées entre plusieurs PME, et cofinancées par des conseils généraux et des communautés de communes souhaitant investir dans l'attractivité de leur tissu économique...

Le bureau debout, debout dans les bureaux.
Avec l'aide d'expert scientifiques relayant divers travaux prouvant que la position assise favorisait de nombreuses pathologies, le Washington Post a publié un dossier alarmant, ainsi que les différentes manières de lutter contre ce phénomène. En attendant des investissements dans les fameux bureaux « debout », il existe plusieurs modes de prévention : encourager ses salariés à téléphoner debout par exemple, ou à prendre des pauses mobiles, ne requiert pas d'investissement structurel.

Bouger, manger, travailler...
Une cuisine équipée ou une cantine, un panier de fruit plutôt qu'un distributeur de barres chocolatées, et pourquoi pas une douche pour les sportifs de la pause déjeuner... des aménagements propices au bien-être des collaborateurs.

Travailler plus et voyager moins
L'aménagement des horaires de travail est paradoxalement un levier qui demande organisation et concertation, mais peu d'investissement. En effet, les temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail constituent une source de stress et de fatigue pour nombre de travailleurs. Ils ont parfois besoin d'aménager l'horaire d'arrivée ou de départ eu égard au rythme des écoles, pour réaliser une formalité administrative... Certains apprécient des moments plus calmes pour faire une veille sur leur secteur, prendre du recul sur un document... Télétravail et horaires flexibles répondent à ces attentes. En évitant les transports et les embouteillages, en choisissant les moments les plus propices à leur concentration, en consacrant plus de temps à leur vie personnelle, les collaborateurs sont plus productifs. Des règles - peu nombreuses et équitables - devront simplement être mises en place pour créer un cadre.

Favoriser les services en entreprise

On peut enfin évoquer les services de crèches et de conciergeries d'entreprise, soulageant les collaborateurs de tâches chronophages. Favoriser les services en entreprise permet aux collaborateurs de rester concentrés sur leurs objectifs, ils gagnent ainsi du temps qu'ils peuvent consacrer à leur travail.
Aux récalcitrants, on rappellera que l'université de Warwick a quantifié le gain de productivité, de +10% à +12%, d'un salarié heureux, et la santé reste une composante fondamentale du bonheur.
Carlos Slim, 2ème fortune mondiale, créait le Buzz il y a quelques jours en proposant la semaine de 3 jours assortie d'une retraite plus tardive dans un monde où l'on vit plus vieux. Pour Slim, c'est l'occasion de faire émerger un gigantesque marché des loisirs à destination d'une main d'œuvre apte physiquement à en profiter, mais aussi plus créative, plus efficace et plus rentable pendant sa vie professionnelle...

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Commentaires 9
à écrit le 17/09/2014 à 13:46
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Oui si les entreprises pouvaient s'inspirer de ces conseils, ça ne pourrait à mon sens qu'améliorer leur productivité. Plus de bien-être au travail = plus de travail efficace.

à écrit le 14/09/2014 à 10:59
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Henri Salvador « Le travail c'est la santé » Citation hors contexte ! Henri Salvador a chanté « Le travail c'est la santé, rien faire c'est la conserver »

à écrit le 13/09/2014 à 20:46
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le travail c est la santé rien faire c est la conserver pratiquement tout les salaries finissent avec un problème plus ou moins grave quand t ils ne décèdes pas a l age de la retraite , mais de plus avec une retraite de misère .il faut un partage d...

à écrit le 13/09/2014 à 12:16
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On devrait décréter une fois pour toute que le travail est dangereux pour la santé des travailleurs et obliger tout les patrons à travailler eux et verser un salaire à ses employés, oups collaborateurs pardon! Et puis obliger l'entreprise a faire ven...

à écrit le 12/09/2014 à 16:15
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3 verres de pinard au travail contre l'alzheimer et les maladies cardiovasculaires

à écrit le 12/09/2014 à 15:13
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"mal l'idée répandue par Henri Salvador « Le travail c'est la santé » " Une fois de plus le journalistes ecrit pour ne dire que des. Aneries... Tirer une phrase hors de son contexe devrait être puni par la loi...

à écrit le 12/09/2014 à 14:45
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La référence à Henri Salvador est mal utilisée,. Si le titre de sa chanson est bien " le travail c'est la santé" c'est pour mieux le tourner en dérision, car la suite est "rien faire, c'est la conserver" ....

à écrit le 12/09/2014 à 13:31
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Seul problème dans cette semaine de travail à 3 jours , comment profiter des loisirs quand le portefeuille est vide à cause des taxes , impôts, loyer , autres ?

à écrit le 12/09/2014 à 13:16
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M Slim prône une réduction du temps de travail et c'est la 1ère fortune du monde, et bingo la MEDEF est encore à coté de ses pompes, et le gouvernement aussi...Ils ont raison de s'aimer

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