Commerce extérieur : les raisons de l'échec, les pistes pour une amélioration

Par Hervé Guyader  |   |  703  mots
Le déficit commercial tient à trois principaux facteurs: une compétitivité insuffisante, un mauvais positionnement à la fois industriels et géographique, et un sous investissement des entreprises. Par Hervé Guyader, Avocat au Barreau de Paris, Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International

Nul n'ignore à quel point le commerce extérieur français peine comparé à ses homologues, notre balance commerciale étant tristement négative. Nous avons déjà eu l'occasion de déplorer le manque d'implication politique expliquée, en ces temps incertains, par la volonté gouvernementale de ménager son électorat.
Nous avons pu appeler de nos vœux l'émergence d'une vraie politique du commerce extérieur. Au-delà du constat et de l'incantation, voici quelques propositions.


- Un manque de compétitivité

Est-il encore utile de déplorer notre manque dramatique de compétitivité ? Après que le gouvernement ait annoncé 50 Milliards d'Euros d'économie (à compter de 2015), le voici déclarant début septembre qu'il allait supprimer une tranche d'impôts sur le revenu. Les 50 Milliards ne seront jamais économisés, et la dépense publique va croître, réconciliant Vals 2 avec son électorat.
La compétitivité est étranglée par la masse invraisemblable de réglementations qui oblige tout entrepreneur à consacrer une partie importante de son temps à la gestion administrative de son entreprise. Ces contraintes normatives croissent encore dès lors que l'on s'intéresse au commerce international pour finalement asphyxier les quelques rares encore décidés.

- Un mauvais positionnement

Le problème de compétitivité est d'autant plus aigu que la France positionne fort mal ses productions tant en termes de choix de produits qu'en termes de géographie. Il est stupéfiant de constater l'absence d'idées claires de définition de produits susceptibles d'être exportés. Le coût horaire français étant si élevé, les productions sont chères et peu compétitives par rapport à nos concurrents.
Pourquoi ne pas se concentrer sur une production haut de gamme dont les coûts seront justifiés ?
L'image de la France est associée à l'image du luxe, de la gastronomie, de la mode, de l'excellence industrielle et scientifique, secteurs où les coûts sont naturellement élevés. Nos amis allemands, dont la main d'œuvre n'est guère moins chère, l'ont compris depuis des lustres concentrant toute leur énergie à une production à forte valeur ajoutée, très qualitative et aisée à exporter.
Relisons Ricardo et sa théorie de l'avantage comparatif.
Ensuite, le positionnement géographique est désastreux tant nous sommes absents de régions entières du globe, particulièrement en Amérique centrale, Amérique du Sud et l'Asie au-delà des célèbres BRICS (Brésil Russie Inde Chine Afrique du Sud). La France concentre ses efforts sur la zone Euro et le commerce transatlantique (dont nous déplorons qu'il soit si rigide). Pourquoi ne pas explorer ces autres zones où l'image de la France est pourtant porteuse ?
Il suffit de fréquenter les Chambres de commerce pour se rendre compte des possibilités infinies qui n'ont qu'à être saisies tant les réseaux sont tissés depuis tant d'années.


- Un manque d'investissements

Les PME françaises sont souvent trop petites pour penser à l'exportation qui coûte fatalement fort cher. Il leur faut croître, et pour ce faire, l'argent manque. Leur accès au financement est trop contrarié par les banques françaises qui ne savent se comporter qu'en Parangon d'une gestion équilibrée. Qu'un établissement bancaire soit soucieux de la rigueur comptable de ses clients s'entend, mais qu'elle se traduise alors par un appui. Il est malheureusement regrettable de constater à quel point les banques se montrent frileuses.
L'exportation, c'est le risque, l'essence même de l'esprit entrepreneurial. Le commerce international ne s'est nourri que de ces aventures folles qui ont construit le paysage du 19e et du 20e siècle avec ces canaux, ces barrages, ces routes commerciales...
Sortir de cette dépression suppose donc de chercher à positionner nos productions vers le haut de gamme, chercher des débouchés dans les zones centre-américaines, sud-américaines et asiatiques.
Quant à l'idée que le gouvernement décide de soutenir l'investissement afin de permettre à nos PME et autres grandes entreprises d'exporter, il faudra certainement attendre que les deux prochaines années ne s'écoulent et qu'un certain pragmatisme économique revienne aux affaires.

Hervé Guyader
Avocat au Barreau de Paris
Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International