Pas de voiture électrique sans bornes de recharge rapide

Par Gil Souviron et Michel Orville  |   |  888  mots
La démocratisation de la voiture électrique butte notamment sur l'absence d'un réseau de recharge. Des systèmes de recharges rapides résoudraient le problème. par Gil Souviron et Michel Orville, IES Synergy

L'épuisement annoncé des énergies fossiles, le réchauffement climatique et la pollution aux particules fines dans les villes sont les risques majeurs du XXIe siècle. Ils nous imposent de repenser en profondeur nos modes de transport et d'engager avec détermination et sans plus attendre la transition qui nous mènera à un modèle énergétique durable. C'est notamment cette prise de conscience collective qui a généré le développement de la voiture propre, respectueuse de l'environnement et peu gourmande en énergie : la voiture électrique.
Conscients qu'elle représente aujourd'hui la meilleure alternative pour nos déplacements de demain, les pouvoirs publics ont initié au cours de ces cinq dernières années de nombreuses actions en faveur de son développement : achat de véhicules électriques massif d'ici 2015 par les entreprises et l'administration, application du super-bonus de 5 000 euros pour l'achat de véhicules jusqu'en 2012, intégration des véhicules décarbonés dans les nouvelles solutions de mobilité...

Une utilisation démocratisée, mais les objectifs du gouvernement ne seront pas atteints

De même, les constructeurs automobiles tendent à démocratiser l'utilisation de la voiture électrique à travers des innovations techniques performantes tout en s'efforçant d'atteindre un prix de vente proche de celui d'une voiture thermique. Le consommateur se voit aujourd'hui proposer une large palette de véhicules tels que ceux que nous avons pu récemment découvrir lors du Mondial de l'automobile.
Cependant, malgré l'élargissement de l'offre et une diminution relative des prix de ces véhicules, l'objectif du gouvernement de mise en circulation de deux millions de voitures électriques d'ici 2020 est loin d'être atteint. En 2013, pour 1,79 million de voitures particulières achetées en France, les véhicules électriques n'ont représenté que 8.800 unités et les ventes de véhicules hybrides n'ont pas dépassé les 47.000 ventes.

Le manque d'autonomie, principal frein à l'achat

Le retard pris dans le décollage attendu des ventes de voitures électriques s'explique par deux facteurs : la crainte de la panne et l'absence sur notre territoire d'un réseau d'infrastructure de recharge intelligente. Les utilisateurs craignent le manque d'autonomie et l'inquiétude de ne pouvoir aller au bout de son trajet au volant d'une voiture électrique persiste. Pourtant, cette crainte est aujourd'hui peu fondée dans la mesure où tous les véhicules électriques disposent d'une autonomie supérieure au déplacement moyen quotidien des Français, qui est de 31 km.

L'absence d'un réseau de recharge efficace

Il subsiste néanmoins un obstacle clé à surmonter : l'absence sur notre territoire d'un réseau d'infrastructure de recharge efficace. Conscient de cet enjeu, le gouvernement place le déploiement des infrastructures de charge au cœur de sa stratégie de développement du véhicule électrique. Il prévoit en ce sens l'installation de sept millions de points de recharge pour les voitures électriques sur le territoire d'ici 2030. Plusieurs autres mesures ont aussi été récemment annoncées, comme la mise à profit des travaux dans les parkings des bâtiments existants pour l'installation de bornes de recharge, ou un avantage fiscal à hauteur de 30 %. La volonté du gouvernement de multiplier les bornes de recharge va sans doute dans le bon sens, cependant le déploiement à grande échelle de la voiture électrique ne pourra devenir effectif que dans la mesure où son conducteur se verra proposer des solutions de charge véritablement rapides et universelles.

Aujourd'hui un conducteur peut attendre plus de huit heures pour que sa voiture soit chargée, alors que des solutions de charge plus rapides existent. L'utilisateur d'une borne de charge classique sera surpris de laisser sa voiture branchée une heure sur le parking d'un supermarché et de ne gagner que 10 kilomètres d'autonomie. Avec une charge rapide, le véhicule est complètement rechargé en moins de 20 minutes.

Un véhicule électrique d'abord pour des administrations

Les raisons de retard sur la puissance de charge sont historiques. Le véhicule électrique s'est d'abord développé via l'État et de grandes sociétés publiques qui n'ont pas systématiquement besoin de charger rapidement leurs véhicules. Un véhicule de tournée de La Poste, par exemple, se recharge simplement la nuit sur une prise électrique classique. Or, aujourd'hui un conducteur particulier ne peut attendre plus de 8 heures pour que sa voiture soit chargée ! Les solutions de charges accélérées (22 kw) ou rapides (supérieures à 50 kw) aujourd'hui proposées sont nécessaires à l'utilisation des voitures électriques par un plus grand nombre.


A la nécessité de rapidité s'allie celle de l'universalité, chaque automobiliste doit pouvoir recharger sa voiture sur l'ensemble des bornes de recharge présente sur le territoire, que ce soit à leur domicile, sur leur lieu de travail, dans la rue ou encore dans un parking comme il est évident de pouvoir recharger facilement et en tout lieu son téléphone portable. Depuis avril 2014, une norme Européenne a été approuvée : la norme Combo. Il est urgent que les infrastructures déployées adoptent cette norme européenne nécessaire à l'utilisation des voitures électriques par un plus grand nombre. Car il ne peut rouler sans bornes qui prennent en compte les besoins d'utilisation du plus grand nombre, c'est à ces conditions que le véhicule électrique saura se substituer, à terme, au véhicule thermique.