L'emploi en France : les prévisions 2015

Par Olivier Passet, Xerfi  |   |  519  mots
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, les prévisions 2015 pour l'emploi en France.

Les évolutions de l'emploi restituent, on le sait, avec retard les à-coups de la croissance. Et c'est au troisième trimestre que les traces de la panne que connaît la croissance française depuis un an sont  les plus manifestes, avec une destruction de 34.000 emplois marchands, selon les estimations flash de l'Insee.

Et tous les indicateurs avancés de l'emploi - les embauches de plus d'un mois ou de moins d'un mois, ou encore, le travail intérimaire - montrent que cette épisode de dégradation s'étirera au moins jusqu'au quatrième trimestre de l'année.

Entre 70.000 et 80.000 emplois marchands détruits en 2014

Au total, l'économie française devrait détruire entre 70.000 et 80.000 emplois marchands en 2014. Une baisse de 0,5% de l'emploi sur l'ensemble de l'année, qu'il faut mettre en regard d'un arrière-fond de croissance de 0,4% entre les troisièmes de 2013 et de 2014.

Lorsque l'on observe le comportement de l'emploi marchand depuis une dizaine d'années, ce dernier ne passe en territoire négatif que lorsque la croissance passe sous un rythme inférieur à 1% sur plus de deux trimestres consécutifs, il repasse en territoire positif dès que la croissance repasse ce seuil sur plus de deux trimestres.

On constate aussi que les délais d'ajustement de l'emploi se sont raccourcis du fait :

  •  de la montée en puissance des CDD courts dans les embauches;
  •  de la forte contribution de l'intérim dans les ajustements de court terme.

Si l'on tient compte de ces divers éléments, l'arrière-fond de croissance que nous prévoyons en 2015, de l'ordre de 0,8% en rythme annuel au premier semestre et de 1,2% au second, nous permet juste d'envisager une stabilisation progressive de l'emploi marchand, avec des variations trimestrielles qui devraient osciller entre +15.000 et -15.000 en fonction des aléas de la conjoncture. Une stabilisation qui ne devrait donc pas permettre de compenser les pertes du second semestre de 2014. Autrement dit, en moyenne, l'emploi devrait être en recul de 50.000 par rapport à la moyenne de 2014.

Par rapport à ce scénario central, trois éléments consolident cette perspective de stabilisation :

  •  l'impact du CICE
  •  la décrue du prix du pétrole qui desserre la contrainte de trésorerie des entreprises
  •  les effets de la dépréciation du taux de change.

En revanche, la montée des emplois aidés aura atteint son point d'étiage en fin d'année, à 150.000. C'est du côté de l'apprentissage que l'on attend le gros de l'effort en termes d'emplois aidés. L'objectif de 500.000 est annoncé pour 2017 partant d'un niveau aujourd'hui inférieur à 400.000 avec un nouveau régime d'aide qui a été mis en place en juillet 2014. Et une mobilisation des administrations, notamment celle de l'éducation nationale.

Il est bien trop tôt pour dire aujourd'hui si les moyens mis en œuvre infléchiront le déclin de l'apprentissage. Mais si le gouvernement tient ses promesses, ce compartiment de l'emploi peut constituer alors le petit plus qui permettra à l'emploi de faire un petit peu mieux que du surplace.

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