Hollande : comme un frisson d'angoisse...

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  491  mots
L'environnement international devrait nous pousser à l'optimisme, mais... Par Jean Christophe Gallien, professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, président de j c g a

Il parlait vite mercredi soir François Hollande. Très vite. On pourrait dire qu'il a trouvé le rythme, celui de la parole présidentielle. Une volonté d'emporter les Français dans un nouveau voyage ? Une nouvelle espérance ? Les convaincre de sa détermination, de sa capacité à trouver les solutions ? De durer aussi ? Certainement.

Reste que l'on avait comme un sentiment étrange. Comme si l'on sentait qu'il voulait en finir vite avec cet exercice qu'on dit obligé, les vœux aux français. Un manque de chaleur inédite chez lui. Un frisson d'angoisse s'installait même tant le Président martelait ses arguments avec si peu de sourire en ces moments de fête à partager. Certes 2014 fut rude, il nous l'a rappelé, comme il a souligné qu'il avait tenu bon, mais 2015 sera dure elle aussi semble-t-il nous prévenir, mais il sera là. Rassurons-nous !

Tout devrait nous aider à sortir de la crise, mais...

La veille, son Premier ministre avait plombé l'atmosphère, depuis Madrid, dans une conversation avec le quotidien conservateur, qui plus est, El Mundo. Manuel Valls a lâché aux espagnols qu'il faudra des années pour que la France s'en sorte et encore si elle veut bien faire les efforts nécessaires. Pas mobilisateur pour introduire la déclaration de son Président !

C'est vrai qu'à l'heure où François Hollande s'exprimait la dette de la France battait un record terrible : 2 050 milliards d'euros ! Même si un tel chiffre est totalement irrationnel pour la plupart d'entre nous, nous comprenons bien ses conséquences pétrifiantes.

Alors oui le contexte économique du moment que ne décrit pas vraiment le Président est plutôt favorable. Reprise américaine, baisse du cours de l'euro, chute des prix du pétrole, et taux d'intérêts exceptionnellement et durablement bas. Toutes les planètes sont alignées pour que nous sortions progressivement de la crise, pour aider à libérer les effets des Plan Macron et autre Pacte de compétitivité ... Mais l'angoisse que j'évoquais plus haut nous rejoint encore. Il y a comme un doute structurel désormais installé chez les français. Nous sommes fatigués. Nous n'y croyons presque plus. Et ca n'est pas le rythme de la parole du Président qui changera cela. Pas davantage le réalisme militant de son Premier ministre. Ce seront des résultats.

2015? Rien ne change

Reste qu'en ce début d'année c'est encore le temps des promesses, c'est aussi le temps des paris. Alors on se lance: 2015 rien ne change, sauf à la marge. Deux claques électorales supplémentaires pour la majorité présidentielle ... Exit Manuel Valls et arrivée de Martine Aubry ... puis virage à gauche souligné par la promesse de l'introduction de la proportionnelle pour les législatives de 2017. Une seule certitude, celle que le Président nous a rappelé mercredi soir : il sera là et peut-être même jusque dans le combat ultime de 2017.