La reprise plombée par la construction

Par Alexandre Mirlicourtois, Xerfi  |   |  514  mots
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la reprise française plombée par la construction.

L'activité dans la construction est en chute libre. A tel point que ce secteur tire la croissance vers le bas et aura coûté près de 0,3 point de PIB à la France en 2014. Un chiffre à rapporter au 0,4% attendu pour l'ensemble de l'année.

La construction explique pour près des deux-tiers l'écart de croissance avec l'Allemagne. La conclusion s'impose : le frein de la France, c'est d'abord le secteur de la construction.

Et pour 2015 ?

Pour le savoir, il faut établir un diagnostic précis de l'ensemble de la filière. Côté travaux publics, tous les voyants ont depuis longtemps viré au rouge: le volume d'activité est tombé sous la barre des 44 milliards d'euros fin 2014 et le bilan des 7 dernières années est terrible : un cinquième du chiffre d'affaires s'est volatilisé.

La tendance des marchés conclus, les anticipations des entrepreneurs eux-mêmes, qui ne sont plus qu'à 6 points du plancher historique de 1984, prennent toutes la même direction : celle d'un enlisement.

Ce n'est pas beaucoup mieux du côté du bâtiment

Dans le neuf, les mises en chantier de logements sont tombées en novembre sous le seuil symbolique des 300.000 unités pour la première fois depuis 1998. La tendance n'est pas plus flatteuse du côté du non résidentiel.

Avec 25,5 millions de m² de locaux construits sur les 12 derniers mois, le niveau reste très bas. Et là, comme pour les travaux publics, l'orientation des indicateurs avancés n'est pas bonne : les demandes de permis de construire auront fléchi en 2014, respectivement de 12 et 11% dans le logement et le non résidentiel, selon nos estimations.

Les constructeurs ne peuvent pas se réfugier sur le marché de l'entretien-rénovation, lui aussi en berne. Tous les moteurs sont donc grippés et l'année 2015 ne sera toujours pas celle de la reprise pour la construction.

La chape de plomb

Hors effet prix, l'activité reculera encore de 1,5% selon notre scénario après déjà plus de 3% de baisse en 2014.

Il suffit d'observer l'historique des évolutions de l'activité du BTP et des autres branches d'activité depuis 2000 pour voir que cela va peser comme une chape de plomb sur l'ensemble de l'économie.

Comme les évolutions en termes de richesse créée, c'est-à-dire de valeur ajoutée, sont du même acabit, c'est bien l'ensemble de la croissance française qui sera de nouveau plombée par la construction en 2015. La photo, très noire, est à nuancer car les difficultés vont se concentrer sur le premier semestre.

C'est le temps nécessaire pour que les trois plans de relance du bâtiment successivement annoncés en 2014 donnent leur plein effet et que la reprise anticipée de l'investissement des entreprises, après avoir profité au remplacement du matériel en place, aille vers l'extension des capacités. Il faudra donc patienter jusqu'en 2016 pour voir le BTP contribuer enfin positivement à la croissance et permettre réellement à l'économie française de redécoller.

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