La baisse de l'euro va stimuler la croissance : vrai ou faux ?

Par Olivier Passet, Xerfi  |   |  522  mots
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la baisse de l'euro est vraie bouffée d'oxygène. par Olivier Passet, Xerfi

En première lecture, le décrochage de l'euro est spectaculaire, notamment lorsqu'on se polarise sur le chiffre le plus commenté, c'est-à-dire la parité euro-dollar.  De l'ordre de 15 % depuis avril de l'année dernière,  et une parité qui a brisé le seuil symbolique des 1,20, une première depuis 10 ans.

Mais lorsque l'on prend la mesure de l'ensemble des mouvements de change depuis cette date, on saisit rapidement que les choses ne sont pas si simples. Nombre de devises ont accompagné l'euro dans sa baisse... voir plus pour ceux qui sont déstabilisés financièrement.  Le rouble bien-sûr,  le real brésilien ensuite, mais aussi le yen, le franc suisse et  la Livre. Même le  dollar canadien s'est déprécié sur la période vis-à-vis du dollar américain.  Dans une moindre mesure aussi le Won coréen. Autrement dit, l'euro n'a pas gagné en compétitivité sur tous les marchés, ou du moins pas dans les proportions  que suggère sa parité à l'égard du dollar.

Une faible dépréciation vis à vis de l'ensemble des monnaies

C'est la moyenne de ces mouvements pondérés par la structure ne notre marché à l'exportation... autrement dit le taux de change effectif. Et si l'on regarde cet indice pour la France, on déchante rapidement par rapport à ce que suggère la parité euro-dollar.  L'euro, vu de la France, se serait déprécié de 2,4% en seulement par rapport à l'ensemble des monnaies. Et de 3,9%  si j'intègre le récent décrochage de janvier. Non seulement d'autres devises se sont dépréciés, mais de surcroît près de la moitié de nos exportations se font en zone euro et ne bénéficient pas de la dépréciation.  Ce n'est pas suffisant pour changer la face de la croissance.

On aurait pourtant tort de s'arrêter là, contrairement à ce que font nombre de modélisateurs :

  •  1/ Le choc est un choc symétrique qui touche l'ensemble des pays de la zone en même temps. Autrement dit c'est le taux de change effectif de la zone considérée en bloc qu'il faut considérer.
  •  2/ La désinflation en zone euro, plus prononcée que dans le reste du monde, crée un avantage compétitif supplémentaire. C'est donc le taux de change effectif de la zone euro qu'il faut considérer.

Le premier indice, c'est-à-dire le taux de change effectif de la zone,  c'est déprécié de près de 7 % depuis mars-avril.

Lorsque j'intègre l'effet différentiel de prix.  Le taux de change effectif, dit réel, s'est déprécié lui de 7 à 8 % depuis mars-avril 2014. C'est donc un choc significatif qui atteint l'ensemble de la zone euro.  Un choc qui pourrait produire 0,5 à 1 point de croissance supplémentaire sur un horizon de 1 à 2 ans. Pas de quoi résoudre nos problèmes de croissance à long terme, mais une bouffée d'oxygène qui redonne une seconde chance à la reprise européenne à court terme.

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