Transition énergétique : le rôle majeur des Smart Grids

Par Marc Boillot  |   |  678  mots
Les Smart Grids ou réseaux électriques digitalisés vont permettre de gérer beaucoup mieux le lien entre production et consommation électrique, en intégrant les énergies renouvelables intermittentes. par Marc Boillot, le Directeur Délégué d’EDF et Directeur de l’alliance CPL G3

Les Smart Grids ce sont les réseaux électriques digitalisés. On parle même de Smarter Grid : la transformation a commencé il y a une vingtaine d'années, en particulier sur les réseaux haute et moyenne tensions. Le bénéfice est perceptible par tous les clients raccordés au réseau puisqu'en 20 ans, le temps de coupure moyen a chuté de 3h à 1h par an en moyenne en France.
Cette transformation est une étape décisive pour accélérer la transition énergétique. En effet les Smart Grids sont la clé pour intégrer les énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire), développer le véhicule électrique, et rendre possible les actions d'efficacité énergétique. Ces changements nécessitent un réseau électrique plus flexible, plus évolutif et doté de fonctions intelligentes.


La prochaine étape majeure : le déploiement des compteurs communicants

Grâce à ces compteurs, les clients paieront exactement ce qu'ils consomment, les mises en service lors d'un emménagement seront réalisées sans dérangement du client en moins de 24 heures  et les dépannages seront plus rapides.
Pour le distributeur d'électricité ces compteurs sont autant de capteurs qui vont lui permettre de compléter sa panoplie d'instruments placés sur le réseau pour l'observer en tous points, traiter l'information et le piloter au moyen de ses centres de supervision, véritables tours de contrôle du système. L'intelligence est répartie à tous les niveaux et permet de traiter en un temps record les informations pour optimiser les flux d'énergie en fonction des contraintes.
Lorsque le soleil brille et que le vent souffle, les zones excédentaire en production d'origine renouvelable vont devoir exporter vers les zones voisines et inversement. Parfois des renforcements sont nécessaires pour faire face à ce phénomène nouveau. Mais les distributeurs développent des logiciels et des automatismes qui permettent d'exploiter au mieux le potentiel des réseaux existants et différer voir de sursoir à ces investissements tout en maintenant la sécurité du système.
Par ailleurs la multiplication des évènements extrêmes tels que tempêtes et inondations va nécessiter de concevoir des réseaux électriques de plus en plus résilients : les grandes villes s'organisent pour pouvoir conserver des poches capables de tenir quelques heures avant d'être réalimentées en totalité. New-York a lancé plusieurs projets pilotes. Le Japon également à la suite de Fukushima en fait un axe de développement.


Un phénomène mondial

Aux USA les investissements portent surtout sur les compteurs et sur le raccordement des grandes fermes éoliennes et solaires situées loin des centres de consommation. Dans les pays émergents les efforts se dirigent sur le maillage du réseau et sa modernisation. En Europe et au Japon, où la qualité de desserte a beaucoup progressé, le focus est mis sur l'automatisation et le contrôle du système pour accueillir des quantités massives de production d'énergie renouvelable (ENR)  intermittente.
Au total on estime le marché des Smart Grids à environ 30 à 40 milliards de dollars par an avec un taux de croissance de 5 à 10% par an.

L'industrie française (10% du marché) est bien placée avec des grands acteurs de niveau mondial et un écosystème économique et universitaire très dynamique pour l'accompagner. EDF est un leader technologique reconnu et ses choix sont scrutés par de nombreux acteurs : le Japon a par exemple retenu une technologie française de courants porteurs en ligne (CPL-G3) pour ses compteurs communicants dans les immeubles de grande hauteur.
Après Lima en 2014, la conférence Paris Climat 2015 est capitale car elle doit aboutir à un accord international sur le climat qui permettra de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2 degrés celsius. Il s'agira d'aboutir à un accord ambitieux et contraignant face au défi du changement climatique et qui s'appliquerait à tous les pays.
La France montre la voie avec un mix de plus en plus dé carboné et des réseaux qui rendent possible la transition énergétique à grande échelle.