Climat : cessons de noircir le tableau !

Par Bjorn Lomborg  |   |  1149  mots
Bjorn Lomborg
Alarmer les opinions publiques sur le climat a été contreproductif. De même que subventionner massivement l'énergie solaire et éolienne, à l'impact marginal. Mieux vaudrait investir dans la recherche et développement et soutenir la croissance dans les pays pauvres, où se trouvent les victimes des catastrophes naturelles. par Bjorn Lomborg, directeur du Copenhagen Consensus Center et professeur adjoint à la Copenhagen Business School.

Il est indéniable que les émissions de gaz à effets de serre (GES) augmentent - et plus rapidement que ne le prévoyaient la plupart des scientifiques. Cela étant, les climato-pessimistes ont tendance à noircir le tableau du changement climatique au-delà de la réalité. Cela revient à ignorer que la plupart des données actuelles sont encourageantes.

Il est important de souligner de tels faits: une approche unilatérale axée sur les cas les plus extrêmes ne constitue pas une bonne  base pour des politiques saines. Si effectivement, on observe en Arctique une fonte des glaces plus rapide que dans les scénarios établis, celles de l'Antarctique augmentent actuellement. Alors même qu'on annonçait une baisse dans cette région. Et certes, le niveau des océans augmente, mais sans que cette hausse s'accélère — au contraire, deux publications récentes ont montré une légère diminution de la montée du niveau de la mer.

Certaines déclarations laissent souvent entendre que nous sommes face à une recrudescence de la sécheresse dans le monde. Et pourtant, une étude publiée en mars dernier dans le journal Nature a montré que les superficies affectées par la sécheresse sur la planète ont diminué depuis 1982.

Les ouragans causent moins de dégâts

De même, les ouragans sont souvent cités en exemple pour montrer une dégradation du climat. Dans le cas des États-Unis - qui possèdent les statistiques les plus précises en la matière, les coûts des dégâts causés par les fortes tempêtes ont augmenté, mais uniquement dans les endroits peuplés ayant des propriétés coûteuses, situées dans les zones de littoral. Si l'on se réfère aux impacts sur la population et la richesse du pays, les dégâts causés par les ouragans entre 1900 et 2013 ont légèrement diminué.

Lors de la conférence de l'Onu sur le climat qui s'est déroulée à Lima (Pérou) en décembre dernier, les pays participants ont été exhortés à réduire leurs émissions de carbone afin d'éviter de futurs scénarios comme le typhon Hagupit - qui, pour rappel, a touché les Philippines durant cette conférence, causant 21 morts et l'évacuation de plus d'un million de personnes. Cela étant, selon une étude publiée en 2012 par l'American Meteorological Society's Journal of Climate, la prévalence des typhons impactant les îles dans la région des Philippines a diminué depuis 1950. Encore une fois, on nous dépeint une image catastrophique de la réalité, mais sans faits précis pour l'étayer.

Aider les populations vulnérables par des politiques de lutte contre la pauvreté

Ceci est important car si nous voulons aider les populations les plus vulnérables aux catastrophes naturelles, nous devons admettre que cela n'est possible qu'à travers la réduction de la pauvreté, bien plus que par la réduction des gaz à effets de serre.

Une évidence confirmée par le recoupement dans le temps des données sur les décès liés aux catastrophes naturelles. Selon les données de l'Université d'Oxford, les taux de décès dus aux inondations, aux températures extrêmes, aux sécheresses et aux ouragans ont donné une moyenne supérieure à 13 décès sur 100.000 personnes au début de ce siècle. Depuis, ces taux ont baissé de 97%, ce qui a réduit significativement cette moyenne à 0.38 décès sur 100.000 personnes vers 2010.

Mieux résister aux catastrophes naturelles

Cette réduction considérable est liée en grande partie au développement économique qui a permis aux pays de mieux résister aux catastrophes naturelles. Dans les États riches comme la Floride, un violent ouragan peut provoquer beaucoup de dégâts sur les constructions coûteuses, mais il causera moins de décès et n'affectera le rendement économique que temporairement. Le bilan serait bien plus lourd pour des pays plus pauvres comme les Philippines ou le Guatemala, tant au niveau des décès que sur l'économie du pays qui en sortira dévastée.

Pour résumer, le changement climatique n'est pas aussi catastrophique que nous le pensons. Certains indicateurs sont négatifs, mais d'autres sont positifs. Il ne s'agit pas ici de nier ni la réalité ni le problème du réchauffement climatique, mais plutôt de reconsidérer une description erronée de la réalité du climat dans le monde. Les surenchères alarmistes représentent avant tout un obstacle aux politiques conduisant à des solutions pertinentes.

Alarmer l'opinion: un stratégie qui montre ses limites

Un environnementaliste inquiet pourrait argumenter sur la nécessité d'intensifier la médiatisation en appuyant sur les mauvaises nouvelles dans le but de mieux sensibiliser le public sur l'importance du changement climatique. Cette stratégie n'a-t-elle pas été appliquée durant ces 20 dernières années ? Le public a été bombardé de titres dramatiques et de photos apocalyptiques du changement climatique et de ses conséquences. Malgré cela et après une succession sans fin de sommets sur le climat, les émissions de carbone continuent à augmenter, notamment dans les pays émergents qui connaissent une croissance économique rapide comme l'Inde, la Chine et plusieurs pays d'Afrique.

Subventionner le solaire et l'éolien: une politique coûteuse, un impact négligeable sur le climat

L'alarmisme nous a poussé à poursuivre une politique climatique unilatérale, qui se résume à réduire les émissions de carbone en subventionnant les énergies éolienne et solaire. Malgré ces mesures, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), ces deux sources d'énergie n'alimentent aujourd'hui que 0.4% de la consommation mondiale. Toujours selon l'AIE, même avec les hypothèses les plus optimistes sur leur déploiement futur, l'éolien et le solaire ne fourniront que 2,2% des besoins mondiaux en 2040.

En d'autres termes, pour les deux prochaines décennies, le subventionnement du solaire et de l'éolien se rapporte juste à une politique onéreuse pour se donner une bonne conscience, qui n'aura finalement qu'un impact imperceptible sur le climat.

Se concentrer sur la R&D

En lieu et place, nous devons concentrer nos efforts sur la recherche et le développement sur l'énergie verte, incluant de nouvelles technologies de batteries qui permettront de mieux stocker et de mieux décharger les énergies solaire et éolienne afin de réduire leurs coûts. Il est également important de promouvoir et d'investir dans la croissance économique des pays pauvres qui souffrent le plus des impacts des catastrophes naturelles.

En dépit des allégations pessimistes sur le changement climatique, nous devons impérativement soupeser nos arguments afin de faire des choix judicieux et d'adopter les bonnes politiques qui permettront à l'humanité de ralentir ce phénomène, et inévitablement de s'y adapter.

(Traduit par Ninah Rahobisoa)