A quand des Ciudadanos en France ?

Par Marc Guyot et Radu Vranceanu  |   |  574  mots
Un parti libéral, Ciudadanos, a émergé comme force politique de premier plan en Espagne. Pourquoi pas en France? Il y a urgence. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l'ESSEC

Les électeurs espagnols se sont exprimés ce Dimanche. Des nombreux commentateurs ont souligné l'émergence, à côté du parti populaire de centre-droite au pouvoir de Mariano Rajoy et du parti socialiste, de deux forces politiques nouvelles, Podemos et Ciudadanos (les Citoyens).

La presse française a beaucoup insisté sur le message de Podemos, un parti populiste d'extrême gauche, issu du mouvement anarchiste des Indignados, dont les propositions économiques sont proches de celles de Syriza son équivalent Grec. La presse en revanche parle beaucoup moins du parti libéral Ciudadanos, dirigé par Alberto Rivera. Ce parti se positionne clairement et fortement en faveur de l'économie de marché et la liberté d'entreprendre. Il propose l'adoption d'un contrat de travail qui supprimerait la discrimination entre CDI et CDD, la libéralisation de nombreux marchés, et la réduction des dépenses publique pour pouvoir réduire les impôts sur le travail et les sociétés. Le grand projet libéral qui avait disparu dans ce pays au profit du planisme il y a bien des années fait une réapparition remarquable en Espagne.

Une renaissance du projet libéral en Espagne

Si le projet libéral ressuscite en Espagne, peut-il également renaitre en France ? Comme en Espagne, les deux grands partis de gouvernement en France, Les Républicains et le Parti Socialiste combinent planisme et ouverture internationale.

Leurs dirigeants majoritairement issus de l'ENA ont une confiance presque aveugle dans la capacité de l'administration à coordonner l'économie, et une défiance assumée envers l'économie de marché et la liberté d'entreprendre. A la différence de l'Espagne, en France c'est le Front National, un parti populiste classé à l'extrême droite qui a émergé aux côté des deux vieux partis traditionnels, mais avec des positions économiques bien marquées à gauche, proches de celles de Syriza et de Podemos. Aucun de ces trois partis ne défend le projet libéral, qui n'est pas non plus porté par les petits partis centristes.

En France, des libéraux marginalisés

Certes, des libéraux existent au sein des trois grands partis, mais ils sont marginaux. Aucune grande réforme libérale, notamment la flexibilisation du marché du travail n'a été instaurée par Nicolas Sarkozy ou François Hollande.

L'urgence d'un parti libéral

La France a besoin d'un infléchissement libéral qu'il vienne des partis traditionnels comme celui initié en Italie par Mateo Renzi ou en Allemagne par Gerhard Schroeder, ou qu'il vienne d'une coalition avec un authentique parti libéral. Il y a toute une frange de la population qui fait confiance au marché et à la libre entreprise et qui actuellement ne trouve pas de représentation politique adaptée. Le discrédit des deux partis « traditionnels » dans leur capacité à faire baisser le chômage et faire repartir l'économie pourrait amener un grand nombre de Français à se porter sur un tel parti, plutôt que choisir le Front National ou l'abstentionnisme.

Il est donc urgent qu'un tel parti voit le jour, et propose un programme libéral digne de ce nom, qui inclurait la libéralisation du marché du travail et la réforme de la place des syndicats, l'ouverture à la concurrence des secteurs encore protégés, une suppression des contraintes administratives à la création d'entreprise, une privatisation ne serait-ce que partielle de nombreux service publics et une simplification des impôts et leur baisse massive.