À quand la parité femmes-hommes dans le secteur de l'énergie ?

OPINION. Alors que le secteur de l'énergie souffre d'un déficit de femmes, des associations s'emploient à lutter contre l'image de ces métiers considérés comme masculins. Informer, éduquer, évangéliser et favoriser le recrutement de femmes sont autant d'actions qui permettront à ce secteur d'opérer sa féminisation ou sa démasculinisation. Par Donia Baghdadi, directrice des projets IT chez ekWateur.
(Crédits : DR)

S'il est de notoriété publique que le secteur de l'informatique reste de nos jours un monde d'hommes, il en est un moins médiatique, mais tout aussi masculin, celui de l'énergie.  Avec un taux de 27,2% de femmes dans ses effectifs, les industries électriques et gazières (IEG) souffrent d'un manque de représentativité de la gent féminine. Ce phénomène est encore plus prégnant dans les entreprises high-tech de l'énergie dont la caractéristique est de cumuler deux secteurs considérés comme masculins à savoir l'informatique et l'énergie. Ces entreprises souffrent donc de la double peine, conséquence des stéréotypes assimilant l'informatique et l'énergie à des préoccupations d'hommes.

Pour tenter de rectifier le tir, de nombreuses initiatives sont aujourd'hui menées par les associations comme Elles bougentFemmes du numérique, ou Femmes dans les Sciences ou par le gouvernement au travers de l'obligation des entreprises à pratiquer l'égalité salariale entre les hommes et les femmes ou encore la loi de 2011 relative à la parité dans les conseils d'administration des entreprises. Dernière initiative en date : celle de l'Académie française qui, dans un rapport sorti en février dernier, vient de conclure qu'il « n'y a aucun obstacle de principe » à féminiser des noms de métiers. C'est ainsi que le monde professionnel compte désormais des auteures ou autrices, des écrivaines, des professeures, des développeuses, des ingénieures... Une évolution loin d'être anecdotique, la sémantique jouant un rôle essentiel dans l'éventualité de se projeter dans un métier. Quelles femmes ou jeunes filles ont envie d'embrasser une profession dont le nom n'est que masculin ou un secteur d'activité où seuls les hommes sont présents ?

Enfin, l'attrait pour une profession et/ou un milieu passe aussi par l'opportunité d'accéder à des postes de direction. Or, à l'instar de tous les secteurs d'activité, celui de l'énergie souffre d'une absence criante de femmes à la tête de grandes entreprises à l'exception d'Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie et première femme à la tête d'une entreprise du CAC 40. Heureusement, quelques femmes commencent à occuper des postes de directions d'entité dans le secteur de l'énergie.

Combattre les stéréotypes dès le plus jeune âge

Face à tous ces freins, des solutions existent. En premier lieu l'absolue nécessité de combattre les stéréotypes dès le plus jeune âge et notamment celui du sexisme des jouets ! Ainsi une enquête de l'IET - conduite sur les sites internet des dix plus grands magasins de jouets du Royaume-Uni et sur les principaux moteurs de recherche (Google, Bing) - révèle que les jeux axés sur la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques ciblent préférentiellement les garçons en attribuant ces domaines aux recherches « jeux pour garçons ».  Aussi il est temps d'exiger de l'industrie du jouet de cesser d'attribuer certains jeux techniques aux garçons, attitude qui bride la projection des petites filles à ces domaines d'activité.

Autre acteur pouvant intervenir dans cette lutte des stéréotypes : l'éducation nationale. Ainsi les enseignants doivent informer et mettre en valeur l'industrie énergétique et les professions techniques auprès de tous leurs élèves. Les stages de troisième sont notamment un excellent moyen pour les jeunes filles de pousser les portes de ces industries et de mieux appréhender ces métiers.

Autre levier : lutter contre le manque de visibilité de la gent féminine dans les conférences, colloques ou journaux. Il est temps d'ériger les femmes de ces secteurs d'activité en exemple en leur donnant enfin la parole.

Enfin inciter les entreprises du secteur de l'énergie à recruter autant de femmes que d'hommes et pas uniquement sur les profils communication ou marketing, mais aussi sur les postes de cheffe de projets, d'ingénieures, ou d'achats d'énergies.

Si l'histoire regorge d'exemples de métiers qui se sont ouverts aux femmes après avoir longtemps été réservés aux hommes, comme médecin, avocat, journaliste ou professeur, les métiers techniques et le secteur de l'énergie devraient connaître le même sort. Mais cette évolution sera d'autant plus rapide, qu'ils ne seront plus liés à une question de genre, mais bien d'appétence.

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Commentaires 6
à écrit le 21/08/2019 à 12:42
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Personnellement cela fait plus de 40 ans que je ne comprends pas pourquoi aussi peu de jeunes femmes choisissent maths sup après le bac...Tout le reste est une conséquence.

le 22/08/2019 à 16:17
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@Théophile 28/2019 12:42 Vous avez raison. Quand on examine les statistiques des concours au grandes écoles, le % de jeunes femmes qui se présentent aux concours (top 10 et CCP) n'est qu'environ 25%. C'est beaucoup plus élevé qu'à mon époque si je...

à écrit le 21/08/2019 à 11:15
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Je leur conseillerai donc de s'intéresser un peu plus a "l'énergie" qu'a "la parité"! Visiblement les hommes doivent toujours ouvrir une porte aux dames et passer après elles!

le 21/08/2019 à 18:15
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Le féminisme, le paritarisme et la machine a laver sont des créations masculines que les femmes reprennent par facilité sans en percevoir les conséquences!

à écrit le 21/08/2019 à 9:46
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En quoi avoir une majorité d'hommes dans un métier est il une tare ???? Quand je vois des termes comme "éduquer" ou "évangéliser" je suis consterné car cela laisse à penser qu'une majorité d'hommes dans un métier est "néfaste". Enfin, je ne vois jama...

à écrit le 21/08/2019 à 9:15
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Pff, de toutes façons les femmes c'est toutes des gonzesses. Et toc

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