Accélérer le suivi des économies d'énergie réelle !

Par Henri de Noblens  |   |  544  mots
(Crédits : DR)
OPINION. Avec le plan de relance, la France se met au vert et c'est une excellente nouvelle. Les aides pour les travaux de rénovation énergétique des bâtiments ont remporté un franc succès avec près de 580 000 dossiers déposés en un an pour MaPrimeRénov' et l'on ne peut que s'en féliciter. Par Henri de Noblens, co-fondateur et président de Homeys

En plus d'être indispensable pour la planète : le bâtiment représente presque la moitié de la consommation énergétique du pays et plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre, l'accélération et la structuration de la filière liée à la rénovation énergétique sont créatrices de valeur pour le pays. Cette valeur c'est celle des emplois locaux et non délocalisables qui vont être créés par centaines de milliers et c'est l'émergence progressive des ETI du domaine qui ont vocation à devenir de véritables leaders nationaux et même européens on l'espère.

Une seule ombre au tableau : dans un audit flash publié début octobre 2021, la Cour des comptes souligne que l'efficacité énergétique provenant des travaux de rénovation financés par les aides n'est pas encore connue. De son côté, l'Observatoire climat-énergie rappelle que les émissions liées aux bâtiments sont encore presque 15% supérieures aux objectifs fixés.

Des économies d'énergie validées, mais non vérifiées

Même si l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a bien défini des gains standards par type de travaux, ces gains ne sont que théoriques et non vérifiés après la réalisation des travaux. Aujourd'hui on parle donc d'économies d'énergie théoriques qui pourraient n'avoir aucun impact sur les émissions de gaz à effet de serre que l'on finance au lieu de mettre en place une véritable évaluation de l'efficacité des travaux de rénovation énergétique.

Les enveloppes budgétaires importantes et en croissance dédiées à la rénovation contribuent à créer des emplois et sortir chaque année des milliers de ménages de la précarité énergétique. C'est malheureusement plus sur le nombre de logements rénovés que sur l'impact réel sur la facture énergétique ou les émissions de CO2 que l'on communique.

Ce constat, c'est aussi celui que les ménages et les gestionnaires immobiliers ne sont pas suffisamment accompagnés après la réalisation de leurs travaux. C'est pourtant dans cette seconde période que se joue une large part des économies.

Changer de modèle pour passer d'une obligation de moyens à une obligation de résultats

Le déploiement des compteurs communicants qui s'achève pour le compteur Linky en fin d'année signifie que l'infrastructure est en place pour mesurer de manière précise et scientifique l'efficacité des travaux de rénovation énergétique. En collectant cette donnée, il est aujourd'hui possible de savoir quelle est l'efficacité réelle sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des différents types de travaux.

Alors que le gouvernement lance de nouveaux outils (Mon Accompagnateur Renov') pour accompagner le particulier dans la réalisation de ses travaux, on ne peut que souhaiter que cette logique d'évaluation soit intégrée dès le départ pour commencer à apprendre sur l'efficacité de la rénovation énergétique et s'assurer que l'impact d'un euro dépensé est maximal sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur la facture énergétique des ménages !