Brexit : quelles conséquences sur votre mobilité ?

Par Nancy Faure  |   |  605  mots
(Crédits : Neil Hall)
OPINIONS. Les acteurs du tourisme vont subir les conséquences d'une séparation administrative... si la sortie du Royaume-Uni a bien lieu. Voici ce qui pourrait attendre les voyageurs et les entreprises du secteur, selon Nancy Faure, directrice générale de Travelzoo en France

Les liens touristiques entre la France et le Royaume-Uni sont étroits. Les Anglais sont les visiteurs étrangers les plus nombreux (11 millions) en France, devant l'Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. Le Royaume-Uni est, quant à lui, une destination plébiscitée par les Français, qui étaient plus de 3 millions à s'y être rendus en 2018.

On peut donc légitimement anticiper que, selon que le Brexit se fasse avec ou sans accord, et en fonction de son contenu, la sortie du Royaume-Uni aura un impact sur le tourisme. A ce stade, et jusqu'au 31 décembre 2020, il ne devrait pas y avoir d'impact majeur sur les formalités administratives. Au-delà de cette date, il est possible qu'un passeport soit nécessaire pour traverser la Manche.

L'évolution de la valeur de la livre

Certains frais devraient augmenter, comme, par exemple, les coûts liés à l'utilisation des données mobiles en dehors du territoire européen. Toutefois, le véritable facteur décisif sera lié à l'évolution de la monnaie britannique par rapport à l'euro, à l'issue du Brexit. La livre sterling a déjà perdu 15% en faveur de l'euro depuis 2016. Selon l'évolution du cours de la livre sterling, les Français seront incités, ou non, à voyager vers le Royaume-Uni, et les Britanniques, vers la France.

La libre circulation des personnes est un principe fondamental de l'Union européenne. Les consommateurs s'y sont progressivement habitués, ce qui a stimulé les flux touristiques intra-européens. Un des grands enjeux de ce phénomène repose sur la simplicité des formalités administratives.

Conserver, au-delà de 2020, des formalités administratives simples et fluides permettra de rassurer les populations et de maintenir la fluidité dans les échanges.

Encore une fois, le facteur qui influencera le plus les flux touristiques, dans un sens ou dans l'autre, reste le taux de change entre la livre et l'euro. Dans ce cadre, au-delà des mesures qui pourront être mises en place par les gouvernements, il ne fait aucun doute que les acteurs économiques de chaque pays devront faire preuve de créativité pour stimuler les flux (promotions, campagne etc.)

A ce stade, l'issue de l'accord potentiel lié au Brexit étant encore inconnue, cela crée une incertitude pour l'ensemble des touristes, qu'ils soient Français ou Anglais, et des entreprises. Selon une étude GFK récente, en 2019, 30% des touristes anglais ont modifié leur plan de voyage compte tenu de l'incertitude associée au Brexit (décalage de leur voyage, choix de destinations hors Europe).

Effet psychologique

On peut donc raisonnablement estimer que la période d'incertitude a un impact sur certaines entreprises du secteur touristique dans les deux pays. Ainsi, la France a récemment annoncé le report de son objectif d'atteindre les 100 millions de touristes étrangers en 2020 à 2022, compte tenu, entre autres, de l'effet psychologique du Brexit sur le déplacement des Anglais en France.

Ceci étant, comme souvent dans ce genre de situations, certaines entreprises tirent leur épingle du jeu. Par exemple, certains tour-opérateurs multi-destinations en profitent déjà pour renforcer les alternatives au Royaume-Uni pour les voyageurs français, et à l'Europe pour les touristes britanniques.

Une fois la période d'incertitude passée, et les conditions administratives clarifiées, tout laisse à penser que l'impact devrait être limité sur les flux de touristes, et que l'on devrait revenir rapidement à la normale. En effet, compte tenu de leur proximité géographique, des facilités en matière de transport et des attraits touristiques respectifs des deux pays, on peut estimer que les consommateurs s'adapteront et prendront leur disposition en fonction des nouvelles conditions d'admission qui seraient mises en place par les autorités.