Chapeau Hulot !

Par Michèle Rivasi  |   |  485  mots
Michèle Rivasi au meeting d'Europe Écologie au Zénith le 3 juin 2009, dans le cadre de la campagne française pour les élections européennes de 2009. (Crédits : Marie-Lan Nguyen / Via Wikipedia CC BY 2.5)
[OPINION] Selon la député EELV, il n'y a pas d'écologie d'accompagnement du système ; soit l'écologie transforme la société et avec, le vieux modèle libéral-productiviste, soit elle la trahit. C'est pour cela, et parce que Nicolas Hulot ne pouvait plus supporter de se mentir, qu'il a démissionné. Par Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, EELV.

Chapeau à Nicolas Hulot d'avoir pris ses responsabilités en démissionnant d'un gouvernement libéral et anti-écologiste. Il ne pouvait plus servir de caution et avaler des couleuvres comme il l'a fait avec la loi sur la transition énergétique et le nucléaire (quid de la première fermeture de centrale nucléaire -Fessenheim- ?), avec les perturbateurs endocriniens, avec la loi sur l'alimentation et le glyphosate. Mais aussi avec le CETA et les accords de libre-échanges qui harmonisent vers le bas la réglementation sanitaire, sociale et environnementale, avec les importations d'huile de palme et les permis d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures ; avec les grands projets inutiles tels que le contournement autoroutier de Strasbourg, Europacity, la mine de la Montagne d'Or en Guyane, les boues rouges d'Altéo en Méditerranée...

Son maintien dans ce gouvernement était une souffrance pour moi qui reconnaît en lui un grand témoin et un grand passeur de la cause écologique et le fait d'avoir permis à l'écologie de franchir la rampe médiatique et d'avoir tenu des années durant la fonction messianique pour convertir nos concitoyens à la cause écologiste. On ne peut qu'être soulagé de sa démission après avoir dû tant renoncer, isolé qu'il était au sein d'un gouvernement livré aux lobbies et aux puissances de l'argent.

Sincérité et force de persuasion

Bravo à lui tout de même d'avoir tenté de mettre l'urgence écologique au cœur des politiques publiques quand tant d'autres se dérobent.

Malgré sa sincérité et sa force de persuasion et n'a pas pu, seul, gagner la bataille culturelle face à des politiques formatés et à l'inertie de la technostructure.

Puisse sa démission servir de déclic pour enfin être à la hauteur des 4 grandes urgences écologiques : changement climatique, érosion de la biodiversité, épuisement des ressources et crise sanitaire.

L'"écologie d'accompagnement du système", ça n'existe pas

Cette démission exige maintenant le rassemblement du peuple de l'écologie autour d'un grand projet de transition européenne écologique, sociale et démocratique face au péril de régression nationale-populiste.

Enfin, une leçon doit être tirée de cette reconnaissance d'échec : il n'y a pas d'écologie d'accompagnement du système ; l'écologie transforme la société et le vieux modèle libéral-productiviste ou elle trahit. C'est pour cela et parce que Nicolas Hulot ne pouvait plus supporter de se mentir qu'il a démissionné.

Générations futures sacrifiées

L'écologie est une vérité qui dérange qui n'a pas sa place au sein de ce gouvernement qui sacrifie l'intérêt général et celui des générations futures au profit d'intérêts particuliers court-termistes de puissants.

La situation et l'urgence écologique nécessite l'unité des écologistes qui veulent rompre avec ce vieux monde qui accapare les ressources et massacre le vivant. Ensemble, maintenant !