Cinquième vague  : la vaccination ne suffira pas  !

Par Alexis Dussol  |   |  778  mots
Alexis Dussol.
OPINION. Contrairement à plusieurs pays européens qui ont renforcé les restrictions, le gouvernement français s'est contenté de miser sur le pass sanitaire et une accélération du calendrier vaccinal. Les chiffres de l'épidémie et l'arrivée du variant Omicron qui se propage à travres la planète à une vitesse vertigineuse risque d'obliger le gouvernement à revoir sa copie. Par Alexis Dussol, fondateur et PDG d’Adexsol, auteur de "Covid-19. La guerre contre l'invincible virus", (éd. Fauves).

Jusque-là relativement épargnée, la France est touchée à son tour par une cinquième vague. En cause, le variant Delta plus contagieux et des conditions climatiques hivernales.

Le discours était plutôt à l'optimisme chez le ministre de la Santé lors de sa conférence de presse du 25 novembre. « Il n'y a aucune fatalité face au Covid et à ses cycles. Depuis 2 ans, la donne a changé. Nous avons les moyens de nous prévenir individuellement et collectivement contre les conséquences dramatiques des premières vagues. Nous avons encore notre destin entre nos mains grâce à la couverture vaccinale, l'une des plus fortes au monde, aux gestes barrières et au pass sanitaire. » C'était quelques heures avant que l'Afrique du Sud  annonce la découverte d'un nouveau variant

Le salut par le vaccin

Le bon taux de couverture vaccinale explique la meilleure résistance de l'Hexagone. Après un départ plutôt poussif, la situation s'est bien améliorée contrairement à l'Allemagne où le fédéralisme oblige Berlin à composer avec des Lander beaucoup plus permissifs. Comme quoi, avoir un Etat jacobin n'est pas toujours une mauvaise chose.

Contrairement aux craintes initiales, les Français dont on redoutait un fort vaccino-scepticisme se seront montrés plutôt compliants. Reste encore à convaincre les quelques 6 millions de Français non vaccinés. La pression sur les récalcitrants va se faire plus forte. La durée de validité des tests est ramenée à vingt-quatre heures au lieu de soixante-douze heures. A partir du 15 janvier, toutes les personnes de plus de 18 ans devront prouver avec leur pass sanitaire qu'elles ont reçu une dose de rappel au maximum sept mois après la précédente injection.

La question de la vaccination des enfants de 5 à 11 ans est désormais à l'ordre du jour. Si l'agence européenne du médicament a donné son feu vert au vaccin de Pfizer et des pays comme les Etats-Unis ou Israël ont commencé à le faire, le gouvernement entend se hâter lentement. La question est difficile, car la balance bénéfice/risques n'est pas la même que chez les adultes ; le bénéfice est plus collectif qu'individuel, alors qu'on ne peut pas totalement écarter un risque d'effets secondaires graves chez les enfants. Dans un avis qui vient d'être publié, la HAS se veut prudente en ne recommandant le vaccin qu'aux enfants « à risque de forme grave », et renvoie la généralisation à plus tard.

Liberté contre responsabilités

Fort de l'avantage vaccinal et de l'absence de pression forte sur le système hospitalier, qui ne le contraint pas pour l'heure à des mesures plus radicales, Emmanuel Macron a fait le choix de s'en remettre à la responsabilité des Français en contrepartie de la liberté qui leur est laissée.

Il n'y aura ni confinement, couvre-feu, fermeture des commerces ou limitation des déplacements comme lors des premières vagues. A quelques encablures de la présidentielle, le président de la République a tenu absolument à éviter de nouvelles restrictions.

La donne vient de changer. Après plusieurs pays européens, la France vient de diagnostiquer son premier cas d'Omicron à l'ile de la Réunion. Ce n'est probablement pas le seul et on peut déplorer, une nouvelle fois, les retards de la France dans le séquençage des prélèvements.

L'évolution de la situation dans les semaines à venir risque de conduire à des mesures plus contraignantes. La saturation du système hospitalier jouera comme d'habitude son rôle d'arbitre.

Omicron, le virus de l'inégalité vaccinale

On sait que la pire menace peut venir d'un variant échappant à la protection immunitaire. Plus le virus circule, plus le risque de voir apparaître un tel variant est réel. Pour l'heure, on ignore ce qu'il en est réellement d'Omicron et de sa résistance aux vaccins actuels. La solution est de vacciner au plus vite la planète entière. On ne répètera jamais assez qu'aucun pays ne sera à l'abri, tant que le monde entier ne le sera pas. Nous n'en prenons pas le chemin et le virus de l'inégalité vaccinale entre pays riches et pauvres continue à se propager. L'Afrique du Sud n'avait complètement vacciné que 24% de sa population au moment de la découverte du variant, selon Our World in Data de l'Université d'Oxford !

La douzième conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est ouverte le 30 novembre à Genève. Souhaitons que l'hypothèque injustifiée de la protection des brevets qui freine la couverture vaccinale des pays pauvres soit enfin levée. C'est la seule condition d'un monde sans Covid.