Comment faire de l’économie circulaire une priorité du plan de relance post Covid-19

OPINION. La relance durable et compétitive des économies française et européenne passe par l'accélération des efforts engagés dans une économie circulaire, plus locale, respectueuse des ressources de la planète et de l'environnement. Quatre mesures y contribueraient. Par Jean Hornain, directeur général de Citeo*.
L'écoconception, le réemploi et le recyclage des emballages et des papiers doivent prendre toute leur place dans les plans de relance européen et français.
L'écoconception, le réemploi et le recyclage des emballages et des papiers doivent prendre toute leur place dans les plans de relance européen et français. (Crédits : Charles Platiau)

La crise sanitaire sans précédent que nous traversons a rendu visibles aux yeux de tous des activités de l'ombre qui se sont avérées indispensables au bon fonctionnement de notre pays. Les métiers du médical bien sûr, comme ceux par exemple des entreprises agroalimentaires, de la grande consommation, de l'hygiène, de la distribution, du transport et de la chaîne logistique. D'autres métiers se sont avérés cruciaux: ceux de la gestion des déchets et du recyclage. 
 
Au-delà de la collecte et du traitement des ordures ménagères, il faut rappeler que le tri et le recyclage des emballages et des papiers jouent un rôle majeur: ils permettent non seulement de préserver les ressources de la planète, mais ils fournissent aussi des matières premières indispensables aux secteurs de la grande distribution, de l'agroalimentaire ou encore de la pharmacie.

Si ces ressources ont parfois manqué et généré des ruptures d'approvisionnement au début de la crise, il faut souligner que, malgré les grandes difficultés rencontrées, une majorité de collectivités, épaulées par leurs opérateurs et soutenues par les entreprises productrices, ont maintenu la collecte sélective et les activités de tri sur leur territoire. Le confinement n'a pas été synonyme d'abandon du premier geste écocitoyen français.

La proximité et la territorialisation, des critères essentiels

L'environnement est une préoccupation prioritaire des Français, y compris pendant la période de crise sanitaire et économique actuelle. Je crois que la relance durable et compétitive des économies française et européenne passe par l'accélération des efforts engagés notamment par les entreprises de la grande consommation dans une économie circulaire, plus locale, respectueuse des ressources de la planète et de l'environnement.

L'écoconception, le réemploi et le recyclage des emballages et des papiers doivent donc prendre toute leur place dans les plans de relance européen et français, dans le respect du rôle de chaque acteur : entreprise productrice, entreprise de collecte et de recyclage, collectivité organisatrice. La proximité et la territorialisation, qui sont au cœur du fonctionnement industriel du recyclage, sont également des critères essentiels à l'efficience des futurs plans de relance. Le timing des mesures adapté aux situations économiques conjoncturelles sera aussi clé pour garder le cap et l'ambition.

Soutenir la conversion des chaînes de production

Je vois quatre mesures concrètes, dont les financements pourraient être assurés tant dans le cadre du Pacte vert européen que par les mécanismes financiers que prépare le gouvernement français.

La première offrirait un soutien aux investissements massifs nécessaires à la conversion des chaînes de production pour les adapter à l'objectif visé de 100% des emballages et papiers recyclables ou réemployables.

La deuxième serait axée sur le développement d'une industrie du recyclage moléculaire permettant de recycler l'essentiel des résines plastique.

La troisième mesure serait le soutien aux centres techniques et aux startups spécialisés dans la recherche de matériaux et l'économie circulaire, afin d'accélérer le développement de solutions d'écoconception et la substitution de matériaux.

Enfin, une mesure serait à dédier au développement de la collecte en zone urbaine et à un soutien exceptionnel au déploiement de la tarification incitative sur le territoire.

Ces quatre leviers, combinés à des mesures fortes d'incitation à l'utilisation de matière recyclée (commande publique, développement de débouchés, etc.), contribueraient au déploiement et à l'accélération d'une économie 100% circulaire, qui non seulement protège nos ressources planétaires et notre environnement mais qui donne à l'Europe et à la France accès à des matières secondaires cruciales et participe à la création de gisements d'emplois non délocalisables.

*Citeo (anciennement Eco-Emballages) est l'éco-organisme agréé par l'État pour organiser, superviser et accompagner le recyclage des emballages ménagers en France.

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Commentaires 2
à écrit le 14/05/2020 à 13:51
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Tourner en rond, voilà la solution ! Il suffit de suivre l'exemple de la terre, et de ne pas publier d'analyse sérieuse de l'eau qui sort des robinets (ça risquerait de déclencher un boom des eaux en bouteille).

à écrit le 14/05/2020 à 11:06
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Le problème de cet "économie circulaire" c'est qui faut toujours polluer pour obtenir de la matières premières!

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