Contre l'effet Trump en France, un renouvellement de la classe politique

Par Hadrien Ghomi  |   |  583  mots
C'est en renouvelant profondément la classe politique qu'on pourra le mieux contrer en France la tendance au repli sur soi. Par Hadrien Ghomi, Président du collectif « Le Cercle des nouveaux réformistes »*

Le résultat des élections américaines semble confirmer que le populisme et le repli sur soi sont des valeurs indéniablement en vogue en Occident. Dont acte. Pour autant, la victoire de Donald Trump ne doit pas être interprétée d'une manière partielle et aussi hâtive. Elle témoigne avant tout d'un sentiment profond de déclassement chez une large frange de la population occidentale qui fait face à des difficultés tenaces, que les responsables politiques - y compris progressistes - ne parviennent pas à résoudre efficacement. Certes, Donald Trump est une imposture, tant il est ridicule de voir le milliardaire se parer des habits de défenseur des classes laborieuses dans lesquels il s'est grotesquement installé dès le début de sa campagne.

Au-delà des discours démagogiques qu'il a tenus et des propositions intenables qu'il a faites, il ne manquera pas néanmoins de mettre à mal la courageuse réforme de santé Obamacare, et baissera massivement les impôts des plus riches, au détriment des plus modestes. Aucun doute sur ce point. Toutefois, force est de constater qu'il a su faire de sa candidature le réceptacle des frustrations économiques et sociales - par ailleurs légitimes pour nombre d'entre elles - des classes populaires.

L'acte de décès du vote « par défaut »

Même si la victoire de Donald Trump est loin d'être aussi nette qu'elle n'y paraît - puisque ce système de suffrage universel indirect lui permet de devenir président des États-Unis alors même que la candidature d'Hillary Clinton a recueilli près de 200 000 voix de plus que la sienne -, les instituts de sondages ou autres analystes politiques de premier plan se sont lourdement "Trumpés". En effet, le fantasme selon lequel les électeurs se résigneraient à un choix « par défaut » en faveur d'un candidat - en l'occurrence d'une candidate - qui n'emporte pas l'adhésion populaire - y compris celle de son propre camp - n'est aujourd'hui plus une réalité objectivement observable. L'incapacité de la classe politique à se renouveler - et ce, encore bien davantage en France qu'aux États-Unis - pousse les électeurs à voter pour des candidats apportant des propositions simplistes et extrémistes à des problématiques complexes. Épouse de Bill Clinton et largement rejetée à la primaire démocrate de 2008 - dans un duel qui l'opposait alors à l'inconnu Barack Obama -, Hillary était aux yeux de la majorité du peuple américain la candidate de l'establishment, du vieux système, face à un Donald Trump iconoclaste, certes instable, mais étranger au monde politique.

En France, le choix de la responsabilité doit s'imposer pour 2017

Devant une telle situation, la perspective selon laquelle certaines personnalités politiques françaises - que la population semble rejeter - se présenteraient à l'élection présidentielle de l'an prochain laisse présager d'un résultat proche de celui obtenu aujourd'hui Outre-Atlantique, si aucune prise de conscience significative n'a lieu d'ici là.

Oui au renouvellement du personnel et des pratiques politiques !

Une solution à cet épineux problème ? Par où commencer ? Disons oui à un profond renouvellement du personnel et des pratiques politiques ! Affirmons notre refus de tout recyclage de candidats condamnés par la justice, battus par le passé dans les urnes ou bénéficiant de taux d'impopularité records. Autrement, nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas.

Hadrien GHOMI (Collaborateur parlementaire au Sénat / Président du collectif « Le Cercle des nouveaux réformistes »)