Déclin industriel : la France est en avance d'une crise !

Par Olivier Passet, Xerfi  |   |  590  mots
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui: la France est en avance d'une crise !

La France est-elle en retard sur les autres, discours largement partagé. Ou serait-elle plutôt en avance d'une crise ? Perdue au fond d'un labyrinthe mais plus proche de la sortie que ceux qui ont l'air de s'en être davantage rapprochés. Ce n'est pas la première fois que nous émettons cette idée.

Mais c'est vrai qu'il nous paraît déjà étrangement loin le temps, c'était au début du quinquennat d'Hollande, où sonnaient les sirènes industrialistes. Le salut de notre économie ne pouvait venir que d'un élargissement de notre base manufacturière. De la relocalisation physique de ces entreprises qui s'étaient évaporées vers le grand large. Le vaisseau amiral allemand fascinait les esprits. Et la musique dissonante d'Augustin Landier et David Thesmar sur ce sujet en 2013, dans « les 10 idées qui coulent la France » en avait encore agacé plus d'un.

Le chant du cygne de la puissance allemande ?

Mais il est vrai aussi que depuis, les formes productives qui sont au cœur de toutes nos réflexions stratégiques, et qui façonnent le nouveau visage du capitalisme, sont les GAFA, les Uber, les Blablacar, pour ne reprendre que les cas les plus cités. Il est vrai aussi, que le concept d'écosystème productif confirme chaque jour davantage sa pertinence, le défi pour les entreprises est bien de s'insérer dans ces nouvelles constellations productives, d'en être le pivot ou de s'en rapprocher pour capter le maximum de valeur. Il est vrai toujours, que de plus en plus d'entreprises s'imposent par le renouveau de leur modèle d'affaire et par leur créativité en matière solutions et de fonctionnalités offertes à leur client.  Nous n'avons pas attendu Thesmar et Landier pour le dire. Les travaux de l'institut de l'Iconomie en attestent.

Sans en faire trop vite le chant du cygne de la puissance allemande, nous avons souligné récemment en quoi la course à la taille de Volkswagen ressemblait à une fuite en avant mal contrôlée dans un secteur emblématique du XXème siècle, qui se sait menacé dans ses fondamentaux. Mais si nous percevons l'évènement comme tel, c'est que nous n'avions pas attendu la crise pour l'exprimer.

Une fois n'est pas coutume je vais m'auto-citer. Je parlais alors de la menace que constituait pour l'industrie automobile  la montée en puissance des Google et Apple :

« face à cet enjeu, le fait de posséder des positions acquises et de grands groupes intégrés ne protège pas de tout. Ce symbole de puissance peut même relever du triomphe en trompe l'œil. Même lorsqu'un modèle est périmé, la débandade des concurrents peut dans un premier temps légitimer le modèle des poids lourds du secteur, qui bénéficient alors des effets de concentration. Le modèle n'en est pas moins condamné à terme. Et cette illusion peut différer les ajustements. »

Bref, tous les pays sont logés à la même enseigne concernant le défi à relever de la transition vers l'économie du XXIème siècle. Le dépérissement avancé de l'industrie française ne nous dit certes pas qu'elle est plus avancée dans l'exploration des nouveaux territoires de l'économie. Mais l'hyper-puissance industrielle allemande commence à donner crédit à ce petit proverbe chinois bien connu

« Plus on s'élève et plus dure sera la chute ».

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