EDF : la grande supercherie des tarifs réglementés

Par Julien Tchernia  |   |  523  mots
Les taris règlementés sont sensés protéger les consommateurs contre les hausses de prix de l'électricité. On voit ce qu'il en est avec la hausse rétroactive imposée par le Conseil d'Etat. Par Julien Tchernia, Co-fondateur et Président d'ekWateur

 « Je veux protéger le pouvoir d'achat des consommateurs », a déclaré Ségolène Royal, jeudi 16 juin, Europe 1.

Les tarifs réglementés. Cette expression, tous les Français la connaissent, elle correspond à des tarifs de vente fixés conjointement par les ministres chargés de l'économie et de l'énergie, sur avis de la Commission de Régulation de l'Énergie. L'intérêt pour les 28 millions de Français qui sont abonnés à ce tarif ? Une "sécurité" que leur facture d'électricité et de gaz n'augmentera pas de façon arbitraire tous les ans. Sauf que... Sauf que ces tarifs augmentent bien chaque année, et que c'est justement le consommateur qui en pâtit. Comment les Français peuvent-ils continuer à avoir confiance en des tarifs réglementés qui peuvent augmenter à posteriori ? Cette hausse, de "seulement" 2,5% entre 2014 et 2015, mettrait "en difficulté" EDF, dont la santé financière n'est pas au mieux. Et ce malgré un monopole qui a perduré des dizaines d'années durant et malgré un soutien inconditionnel de l'État, mettant en péril toute concurrence pour fournir de l'énergie aux Français.

Et ce n'est pas tout ! EDF a annoncé en avril dernier une augmentation de capital de 4 milliards d'euros, qui sera souscrite en grande partie par l'État : Bercy a en effet annoncé participer à hauteur de 3 milliards d'euros à l'augmentation de capital du groupe. Ce qui signifie que l'augmentation de capital du géant de l'énergie est financée en grande partie par...les impôts des consommateurs. Qui payent donc deux fois les mauvaises finances d'EDF et ses mauvais choix stratégiques, via leurs impôts et via la hausse rétroactive !

Un retard considérable dans la lutte contre les gaspillages

Dans le même temps, EDF et Engie ont pris un retard considérable dans les deux leviers qui auraient pu permettre aux Français de limiter leur consommation d'énergie et ainsi de réduire leur facture. Comment ? Limiter les gaspillages et encourager l'autoproduction d'énergies renouvelables. Sur ces deux points, l'État et ces deux fournisseurs historiques ont systématiquement freiné des quatre fers, forçant même les particuliers qui souhaitaient embrasser l'autoproduction d'énergie à revendre leur production à EDF (pour ce qui est de l'électricité).

Depuis plusieurs années, quelques fournisseurs alternatifs essayent tant bien que mal de lancer le marché français des énergies renouvelables, mais se heurtent au manque de soutien des responsables français qui privilégient la bonne santé financière des deux géants de l'énergie tricolore. Il est temps que les choses changent et que le marché opère sa mue, mue déjà entamée chez nos voisins et qui empêche la France de se positionner comme un leader européens voire mondiale des énergies renouvelables. Les Français sont-ils prêts ? Oui. Existe-t-il des solutions alternatives pour se fournir en énergies renouvelables ? Oui. Mais trop d'obstacles se dressent encore, à la fois pour les consommateurs et pour les fournisseurs alternatifs à EDF et Engie. Le temps presse et il faut libérer les énergies renouvelables en France.