Face au déclassement de la France, des mesures ambitieuses pour une compétitivité retrouvée et une croissance partagée

Par Alexia Germont  |   |  749  mots
(Crédits : Dado Ruvic)
OPINION. La compétitivité de l'économie française est un enjeu central du prochain quinquennat. Un écart s'est creusé au fil du temps entre la France et ses voisins les plus performants. Le cercle de réflexion France Audacieuse fait des propositions pour combler ce fossé tout en associant les citoyens à la réussite collective. Par Alexia Germont, Avocate et Présidente du think tank France Audacieuse

Les statistiques de l'OCDE sont cruelles pour la France. Elles montrent que plusieurs de nos voisins (Allemagne, Pays-Bas, Italie) ont réussi à développer le secteur marchand de leur économie et, contrairement à notre pays, à maintenir une industrie. Allemands et Néerlandais bénéficient en même temps d'autant, voire davantage, de services publics que les Français. Notre déficit commercial atteint ou dépasse 60 milliards d'euros par an ces dernières années, là où l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie ont une balance largement excédentaire. Les statistiques montrent également que les Français travaillent bien, avec un PIB produit par heure travaillée plus élevé que ses voisins, mais les Français travaillent moins d'heures et moins longtemps.

L'efficience d'une économie dépend de nombreux facteurs : niveau de formation, capacité à innover, investissements, qualité des infrastructures, coût du travail, fiscalité. Pour créer un cercle vertueux combinant ces différents facteurs, la compétitivité doit être perçue comme un enjeu collectif, chacun devant se considérer comme membre du « Collectif France ».

On entend souvent dans le débat public que la France a trop de dépenses publiques - et surtout pas assez efficientes - par rapport à son PIB ; mais on devrait plutôt dire qu'elle n'a pas assez de PIB pour soutenir ses dépenses publiques. Il faut donc surtout accroître la richesse produite.

Pour une réussite collective, France Audacieuse fait les propositions suivantes en vue de la présidentielle de 2022 :

Afficher une ambition de croissance : La décroissance est à la mode. Pourtant, la croissance doit être recherchée car les besoins de consommation privée non satisfaits sont considérables, la nécessité de services publics l'est tout autant et les actions en faveur de l'environnement sont aussi un relais d'activité important.

Mettre en œuvre une politique de croissance par la compétitivité : Elle devra porter sur le capital humain, en poursuivant la remise à niveau de la formation initiale et continue et de l'apprentissage. Elle assurera la promotion de la recherche et de l'innovation. Elle relèvera progressivement l'âge de la retraite pour réduire l'écart avec les pays concurrents. Elle s'appuiera enfin sur la fiscalité en baissant les prélèvements constituant un handicap compétitif, en premier lieu les impôts de production. L'exemple danois pourrait nous inspirer : le Danemark concilie un niveau élevé de prélèvements obligatoires (46%) avec un haut niveau de richesse individuelle (52.000 euros par habitant en 2019, contre 36.100 euros en France), un commerce extérieur excédentaire, un chômage faible et un taux de satisfaction collective élevé. Là-bas, les entreprises ne supportent que 11% du total des prélèvements obligatoires (contre 39% en France) ; les ménages en supportent l'essentiel via la TVA (à 25%) et via un impôt sur le revenu intégrant les cotisations sociales. Les Danois bénéficient en retour d'une économie performante.

Associer chacun aux bénéfices de la croissance future

Cette politique est exigeante et n'est envisageable que si les citoyens y trouvent leur intérêt. Les salariés du privé devront bénéficier du développement de l'actionnariat salarié, de l'intéressement et de la participation. Les salariés du public pourraient dans une logique de partage de sort percevoir une forme d'intéressement à la performance économique du pays. Enfin, les retraités trouveront leur intérêt à une hausse du PIB qui permettra de maintenir voire d'accroître le niveau des pensions.

Mettre en place un tableau de bord partagé

Pour un meilleur accès à l'information, un tableau de bord devra être conçu pour que chaque membre du « Collectif France » puisse juger de l'évolution des principaux indicateurs du pays comparée à nos voisins : PIB marchand et non marchand par habitant, coût par habitant des principaux services publics, recettes et dépenses publiques, résultats du commerce extérieur, taux de chômage et d'activité par tranches d'âge.

Le débat électoral ne doit éluder ni le diagnostic sur la situation relative de la France, ni les enjeux de compétitivité et de défense du secteur exposé à la concurrence internationale, qui rassemble 8 millions d'actifs sur 28 millions. La résorption du chômage, le rééquilibre de notre balance commerciale et des finances publiques participeront à l'amélioration de la vie de chacun. La recherche d'une croissance du PIB, tout en préservant l'environnement, doit concentrer nos efforts individuels pour porter haut et loin le Collectif France.