Il faut accélérer le développement des gaz renouvelables

Par Olivier Dauger et Jacques-Pierre Quaak  |   |  606  mots
Olivier Dauger (à gauche) et Jacques-Pierre Quaak (à droite) (Crédits : DR)
OPINION. Olivier Dauger et Jacques-Pierre Quaak, co-présidents de France gaz renouvelables, appellent le gouvernement à tenir compte des énergies renouvelables non électriques, et singulièrement du « gaz vert », dans la trajectoire de transition écologique du pays.

La France a tracé une voie ambitieuse pour la transition énergétique, s'engageant résolument dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la promotion des énergies renouvelables. Il faut saluer cette ambition générale et nécessaire, soulignée par le président de la République dans ses vœux du 31 décembre 2023. Les engagements en faveur des énergies renouvelables, l'accent mis sur la sobriété, l'efficacité énergétique et la production d'énergies renouvelables constituent les étapes indispensables de cette transition. Or au sein de cette trajectoire vertueuse, les énergies renouvelables non électriques ont tendance à être oubliées, alors que les gaz renouvelables sont essentiels. Et leur potentiel de substitution au gaz naturel fossile est encore peu exploité.

L'efficacité du biométhane est démontrée tous les jours dans les territoires

Accélérer le développement des gaz renouvelables est impératif. Ceux-ci représentent une alternative cruciale et sous-utilisée de notre palette énergétique. Pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux, nous devons mettre en avant les solutions qui sont à la fois efficaces et rapidement déployables. Les gaz renouvelables, le biométhane en particulier, répondent directement à ces deux critères et peuvent donc jouer un rôle clé dans cette accélération.

Si le biométhane souffre d'une méconnaissance auprès du public, son efficacité se démontre concrètement tous les jours dans les territoires. Sa production double chaque année, elle représente désormais la puissance de deux réacteurs nucléaires. En outre, le biométhane est une solution en synergie avec l'agriculture, si importante pour la souveraineté du pays. C'est un formidable vecteur d'économie circulaire dans les territoires, puisqu'il permet à partir de déchets non exploités, la production d'un gaz renouvelable local, au service des collectivités, de l'industrie française, des transports publics et du logement.

Des investissements massifs dans la recherche, le développement et le déploiement des technologies sont nécessaires

La production de biométhane, et plus largement de gaz renouvelables, est un sujet éminemment transversal qui relève aussi bien de l'évolution de l'agriculture, de la transition des territoires que de questions énergétiques. Son développement et son accélération ne sauraient être envisagées uniquement d'un point de vue financier. Une ambition politique forte est nécessaire.

Pour concrétiser cette ambition, une allocation suffisante de ressources est incontournable. Sur le plan financier, des investissements massifs dans la recherche, le développement et le déploiement des technologies liées aux gaz renouvelables sont nécessaires. Les tarifs d'achat réglementés restent un soutien indispensable pour la sécurisation des projets de petite taille. Jusqu'à présent, la filière a démontré un développement équilibré de projets de toutes tailles, aboutissant au dépassement des objectifs fixés, un cas unique en France. Le futur doit s'en inspirer.

Sur le plan réglementaire, le décret fixant la trajectoire d'obligation d'incorporation du biométhane dans le cadre du mécanisme des Certificats de Production de Biogaz doit être publié le plus rapidement possible afin de sécuriser les volumes validés par le Conseil Supérieur de l'Énergie du 26 septembre dernier. L'État avait l'opportunité, au travers du projet de loi relatif à la souveraineté énergétique, de faire des gaz renouvelables une des pierres angulaires de notre avenir énergétique, pour atteindre une défossilisation totale du gaz consommé en 2050. Que ce soit au travers de ce projet de loi, ou du suivant, il ne faut pas manquer le rendez-vous !