JO 2024, le risque François Hollande

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  942  mots
François Hollande semble avoir pris en main la candidature française à l'organisation des Jeux Olympiques de 2024. Pour l'emporter, il va devoir réorienter son discours sur la France et son histoire: sauf à mettre en avant une narration française et européenne ambitieuse, Paris n'a aucune chance

Il ne faut pas se tromper, si le monde sportif a pris le leadership de la campagne de Paris et de la France pour organiser en 2024 les Jeux Olympique d'été, c'est bien l'espace du politique qui est à l'œuvre ! Bernard Lapasset et son équipe l'ont intelligemment intégré. Ils ont engagé avec les sportifs de ce pays une démarche bâtie sur le bon sens. Pas après pas, ils déroulent une stratégie qui colle aux fondamentaux et aux usages de la planète CIO qui est, comme la FIFA, une organisation hybride et para-diplomatique. L'exemple récent de la victoire de Sepp Blatter contre les USA et leur justice si puissante, contre l'Europe et son vrai faux candidat français Michel Platini, avec la Russie, avec le Continent Africain, avec la Chine et d'autres émergences géopolitiques et économiques montrent les changements à l'œuvre dans ce monde multipolaire. La géopolitique était à l'œuvre au cœur du Football. Elle le sera au cœur de l'Olympisme !

Les nouvelles puissance proclament: "c'est notre tour"

Les nouvelles puissances sont à la manœuvre depuis leurs présidences ou chancelleries. En cœur elles proclament : « c'est notre tour ». Thomas Bach, l'actuel président du CIO est un « bébé » du catalan Juan Antonio Samaranch modeleur en chef de cet autre objet hybride et complexe qu'est comme la FIFA, le CIO. Un objet mutant de la mondialisation économique et de la multipolarité géopolitique. La France ne doit pas l'oublier : le choix du CIO pour 2024 sera certes sportif, économique aussi, médiatique évidemment et environnemental enfin, mais il sera surtout politique et géopolitique.

Hollande, lobbyiste en chef de la candidature française

Ça tombe bien, depuis plusieurs mois, on perçoit clairement une impulsion élyséenne au cœur de la candidature française. François Hollande, c'est très bien, s'est imposé comme le lobbyiste en chef de la candidature. La seconde partie de son mandat se rêve drapée d'olympisme. Anne Hidalgo elle-même, nous l'avons décrit dans ses colonnes : « Anne Hidalgo, Paris et les JO, un triple pari peu risqué », a fait taire ses objections olympiques et a finalement décidé de s'engouffrer dans la foulée de son vieil ami devenu fer de lance de la candidature. Maire de Paris, elle a bien compris, elle aussi, tous les atouts politiques de l'Olympisme d'été et prends date avec un avenir national, exactement là où son prédécesseur avait échoué.

Mise en orbite le 14 juillet

Les stratégies des différents acteurs devraient converger vers une mise en orbite communément "événementialisée" le 14 juillet prochain.
Il faudra qu'à cette occasion le mouvement sportif et que l'équipe de Bernard Lapasset demande au Président français de clarifier ce que certains qualifient, de manière sympathique, de « confusion mémorielle ». Nous choisissons, en compagnie de beaucoup d'observateurs étrangers, ceux-là même qui vont voter ou décider du vote de leurs délégations au cœur du CIO, de leur conseiller de demander à François Hollande de soigner sa schizophrénie mémorielle et historique.

 Un président qui commémore

 Un Président paradoxal ou manipulateur, selon le bord du cadre depuis lequel on le regarde se déplacer dans l'écran de sa narration présidentielle. Un Président qui depuis sa découverte de l'impact des cérémonies de juin 2014, commémore, dans la mise en événement systématique, les dates, grandes ou petites, du Roman national, mais un Président qui attaque dans le même temps dans un activisme quasi militant ledit Récit national et, plus loin, est en passe d'effacer une large partie de sa transmission au cœur même de l'école de France.

Aucune chance de l'emporter sans une narration française et européenne ambitieuse

La France n'a aucune chance de l'emporter dans sa course olympique sans une narration française et européenne ambitieuse, puissante de son histoire, fière de son identité, certaine de son futur. Le Monde et ses peuples, l'opinion publique globalisée, et en particulier les émergents, espèrent la France là où ils la connaissent, telle qu'ils la respectent, surtout comme ils l'aiment.
François Hollande doit donc choisir. Soit il poursuit et prononce l'indigne réquisitoire historique, identitaire et civilisationnel de notre pays. La France sera battue dans cette candidature à l'organisation d'un événement, repensé rappelons-le dans son ère moderne par un français, et disons-le tout haut : ce pays perdra tous ses combats dans ce nouveau Monde à l'œuvre et sa guerre, impitoyable, des territoires.

Soit François Hollande délivre désormais une parole juste et conquérante qui célèbre, sans arrogance, tout ce que notre pays apporte et a apporté au Monde et à son Histoire globale. Dressons et adressons lui ensemble la longue liste de ces merveilles et merveilleux qui irriguent encore les espérances des peuples dont beaucoup voudraient rejoindre, on le voit aujourd'hui cruellement, ledit Roman français, de ses talents et génies qui ont livré tant de combats contre l'ignorance et remporté tant de victoires pour la liberté. Seule cette narration française au cœur de l'Europe à la fois juste et attendue apportera à Paris et à la France ce qu'elle attends depuis 1924 : l'organisation des Jeux Olympiques d'Eté. Monsieur le Président il est encore temps de ne pas perdre cette bataille.

Jean Christophe Gallien
Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Directeur associé de ZENON7 Public Affairs et Président de j c g a
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals