L’emploi des seniors, une richesse pour nos entreprises

Par Caroline Young  |   |  521  mots
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OPINION. La récente réforme des retraites, qui continue de faire débat, a soulevé une question sociale de fond : quelle place accordons-nous au travail dans notre société ? Deux visions se sont alors affrontées : celle du travail perçu comme facteur d'aliénation et celle du travail qui au contraire épanouit et constitue un facteur de progrès social. Par Caroline Young, présidente d’Experconnect

Ne caricaturons pas, comme cela a pu être le cas lors des débats parlementaires ! Le travail ne se limite heureusement pas aujourd'hui à cette vision manichéenne. Il est bien entendu essentiel de tenir compte de la pénibilité des métiers ainsi que de l'âge de début de carrière : commencer à travailler à 16 ans n'a pas le même impact sur le corps que de débuter sa carrière à 23 ans.

Toutefois, la réalité des chiffres est bien là : outre la question du financement de notre système de retraite, le nombre des personnes de plus de 60 ans croît et les Français vivent plus longtemps en bonne santé. En 2050, un Français sur trois aura plus de 65 ans !

Les mentalités évoluent

Les seniors ne sont plus considérés comme dépassés, bien au contraire. L'échange intergénérationnel est désormais perçu comme une richesse pour l'entreprise. Pourquoi ? D'abord parce qu'il permet un transfert de compétences vers les jeunes générations, notamment dans des métiers à forte technicité. Rassurants, ils savent intégrer les nouvelles recrues au sein de l'entreprise et sont indispensables à la bonne montée en compétences des plus jeunes.

Mais également parce que de nombreuses entreprises peinent à recruter et à fidéliser leurs salariés : 1 million d'emplois ne sont pas pourvus. Quant à la Dares, elle a recensé 520 000 démissions au premier trimestre 2022, un chiffre historiquement haut notamment chez les jeunes qui ont pris l'habitude de s'essayer régulièrement à de nouvelles expériences avec une fidélité moindre à leur employeur.

Les seniors seraient-ils la solution ?

Oui ! Qualifiés, motivés, fidèles à l'entreprise et flexibles, les seniors apportent leur expertise au moment où les entreprises peuvent être mises en difficulté par les démissions successives des salariés plus jeunes.

Alors que l'âge de la retraite a été repoussé à 64 ans, il faut désormais améliorer l'employabilité des seniors : les 50 ans et plus constituent la catégorie qui bénéficie le moins de la reprise post-Covid. Fin 2021, 1,467 million de seniors étaient inscrits à Pôle Emploi, soit une baisse de 1,1% sur un an, tandis que la tranche d'âge des 25-49 ans enregistre une baisse de 6,6%.

Comment y parvenir ?

En continuant à lutter contre les préjugés négatifs concernant leur âge, la maîtrise des outils numériques, ou encore la résistance au changement et en proposant des mesures incitatives concrètes, comme par exemple l'assouplissement des conditions de cumul emploi-retraite permettrait d'aménager le maintien des seniors déjà retraités dans l'emploi.

Aidons les entreprises mais ne leur complexifions pas la vie ! Plus les entreprises subiront des normes contraignantes en matière d'emploi des seniors, plus elles seront réticentes à les engager, rebutées par la rigidité ou la complexité des normes à respecter. On peut donc légitimement s'interroger sur l'efficacité de l'index senior, proposé par le Gouvernement de Mme Borne : ce dispositif pourrait constituer une nouvelle contrainte pour les entreprises de plus de cinquante salariés. Arrêtons de contraindre nos entreprises, incitons-les plutôt à employer les seniors !