L'Unef n'a pas le monopole de la jeunesse : oui à la loi Travail

Par Maxime Thory  |   |  643  mots
La loi El Khomri est évidemment favorable à la jeunesse. par Maxime Thory, conseiller municipal de Montmorency, Les Républicains

Quand il en va de l'avenir des nouvelles générations, la guerre de tranchées entre partis politiques ne fait plus aucun sens. La querelle est d'une nature différente : elle oppose les Anciens et les Modernes, ceux qui refusent de voir la réalité contre ceux qui refusent de l'ignorer.

La France a fait le choix du chômage des jeunes

En France, le chômage frappe les jeunes avec une violence inouïe, plus qu'ailleurs et plus qu'avant. Ainsi, ce sont 25% des jeunes actifs qui pointaient en 2015 au Pôle Emploi, contre seulement 7% des jeunes Allemands. Rien ne saurait justifier un tel écart, pas même les procès en précarité faits au modèle germanique. La France aussi connaît la précarité, elle ne fait simplement qu'y ajouter le chômage de masse ! Surtout, l'erreur consiste à penser que le chômage des jeunes ne serait que la résultante du chômage global. En 1990, avec un taux de chômage global équivalent à celui d'aujourd'hui, seulement 13% des jeunes actifs étaient sans-emploi (soit 12 points de moins qu'actuellement). Le constat est sans appel : la France a fait le choix de faire porter aux jeunes une grande partie du fardeau du chômage. Pire, avec ses temps partiels, ses intérims, ses stages sous-payés, la jeunesse assume également- par sa précarité- une grande partie du poids de la flexibilité en France.

Les acquis des uns font la précarité des autres

Si bien qu'aujourd'hui, le marché du travail protège tout le monde, sauf les jeunes. Selon le « Global Competitiveness Ranking », la France est 134ème sur 144 pays pour la flexibilité de l'embauche et du licenciement. Le salarié français est donc très protégé, tandis que l'outsider est très handicapé pour trouver un emploi. Or, l'outsider, c'est le chômeur, le sénior licencié, ou le jeune. La surprotection des uns se paye par le chômage des autres. Pour les jeunes, une telle inégalité se traduit par exemple à travers l'accès au contrat stable : si 9 français sur 10 sont en CDI, 9 embauches sur 10 se font désormais en CDD. Devenu une rente de génération, le contrat stable aggrave encore plus les inégalités entre les classes d'âge.

Pour toutes ces raisons, la colère de la jeunesse est bien légitime. Pour autant, pourquoi diriger sa vindicte contre le seul texte qui lui veut du bien ? En diminuant les rigidités du marché du travail, la loi El Khomri devrait (en l'état actuel) y faciliter l'entrée de ceux qui en sont pour l'instant exclus.

Quand le sage montre la lune, l'UNEF regarde les vieilles lunes marxistes

Les apparatchiks de l'UNEF se fichent bien de l'intérêt des jeunes. Ils sont au service d'une idéologie, ou d'un frange radicalisée du Parti socialiste. Ils sont au service de vieux politiques qui refusent de voir que le monde a changé depuis mai 68. Pépinière officielle de l'intelligentsia socialiste, l'UNEF n'est pas le remède contre la précarité des jeunes. Elle en est le virus.

Elle défend le logiciel dépassé de cette génération d'hommes politiques qui a enseveli l'avenir de ses enfants sous des montagnes de dette publique.
C'est au nom du refus de la précarité que l'UNEF prône l'immobilisme d'un système qui produit toujours plus de précarité. Bossuet a déjà tout dit : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Aujourd'hui, le Code du travail ressemble au Mur du Nord décrit dans Game of Thrones : il fait crever les uns pour rassurer les autres et, finalement, il ne protège plus personne.

Maxime Thory, auteur de Les jeunes meurent toujours les premiers (à paraître chez Edilivre en mars 2016)