La défaite démocratique de la France d’Emmanuel Macron

Par Jean_Christophe Gallien  |   |  473  mots
Le hold up politique d'Emmanuel Macron sera total dimanche prochain. Après la victoire présidentielle, voici un blockbuster parlementaire pour son mouvement En Marche, l'élimination de la menace législative des Républicains et la mort politique des socialistes et des autres partis de gauche. Par Jean-Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, Président de j c g a

 Même les probables entrées de Marine Le Pen et de Jean Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le serviront puisqu'ils seront parmi les rares leaders d'opposition rescapés de l'incroyable séquence de dégagisme électoral que nous vivons. Les 2 incarneront une opposition radicale très affaiblie et sans poids politique.

Avec 32,3% de 48,5% des français inscrits, la vague jaune d'En Marche obtiendrait certes plus de 400 députés mais représentant seulement un peu plus de 15% des électeurs inscrits ! 51,5% d'abstention ! Si l'on ajoute les votes blancs et nuls et surtout les non inscrits : si nous vivons un séisme politique, il s'agit d'abord d'une terrible défaite pour notre démocratie et un échec collectif des forces politiques y compris celle du Président Macron.

Il n'y a donc pas d'addiction majoritaire au phénomène Macron, pas vraiment une adhésion au projet En Marche, encore moins un blanc sein donné au Président de la République.

La France démocratique majoritaire est celle qui a refusé l'offre politique proposée aux législatives. Elle n'est ni chez En Marche et ses alliés du MODEM, encore moins chez Les Républicains ou à l'UDI, pas au Front National et chez La France Insoumise et évidemment plus au PS au PRG, chez les Verts ou les Communistes.

Tous les mouvements, sans exception, sont sanctionnés par cette gifle citoyenne sans précédent. Les Français ont déserté l'espace du politique et aucun d'entre aux n'a pu retenir cette vague de rejet. Ni les partis zombies ni les vivants !

La fuite électorale !

Au cœur de ce maelström démocratique pourrait naître, dimanche prochain, une France parlementaire sans le peuple. Et il ne s'agit ni de fatigue électorale, ni d'oubli ou de légèreté citoyenne. C'est un choix !

Au-delà de l'hypnose collective d'une France qui se serait réunie par la magie d'Emmanuel Macron pour être totalement En Marche, demeurent les terribles fractures, les violences inquiétantes d'une société majoritairement en désertion des urnes.

Le libre arbitre des citoyens face au résultat annoncé, presque obligatoire, c'est la fuite électorale. C'est la France hors les murs de l'élection qui s'est massivement imposée hier. Ce qui demeure, c'est un théâtre d'ombres qui concerne toutes les forces politiques.

Dynamitant une France politique déjà zombie, Emmanuel Macron n'a pas réussis à garder dans le jeu électoral la majorité d'une France citoyenne qui lui tourne déjà le dos. C'est la limite démocratique de sa stratégie de conquête par la confusion. C'est une défaite qui noircit lourdement sa future victoire parlementaire.

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Par Jean-Christophe Gallien

Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Président de j c g a, CEO de Zenon7
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals