Le jeu, nouvel outil de développement stratégique ?

Par Alexia Diez Soto  |   |  526  mots
Le jeu permet de faire évoluer les salariés, en sortant du schéma classique du travail. Il peut même servir à recruter. Par Alexia Diez Soto, directrice générale, Arcane

Partons d'un postulat général : pour repenser l'économie, il faut dynamiser la croissance et donc augmenter la productivité. Mais si la productivité est permise par des salariés motivés, ces derniers ne montrent leur totale efficacité que quand ils sont heureux et fiers de leur travail. Comment alors favoriser le bien-être en entreprise ? Et si on donnait à chacun la possibilité d'aimer son travail et son entreprise ?

 Plus la qualification augmente, plus le management s'accroît

Si la hiérarchie pyramidale a permis le développement des entreprises françaises pendant les 30 Glorieuses, elle est devenue étouffante. Le niveau d'étude des travailleurs a augmenté et leur perception du travail a changé. Les salariés de la génération Y diversifient leurs expériences pour évoluer plus rapidement. Mais paradoxalement, plus la qualification augmente, plus le management s'accroît. Et avec lui la pression, le sentiment d'infantilisation et plus grave le désengagement.

Sortir du schéma classique du travail

Pourtant le salarié reste le plus grand atout de son entreprise s'il adhère à ses valeurs. Quelle est alors la clé de la transformation ? Et si pour être heureux, il fallait sortir du schéma classique du travail. Et si l'entreprise se prenait moins au sérieux. Et si finalement on pouvait apprendre, travailler et gagner de l'argent en s'amusant.

On parle de plus en plus de gaming, MOOC, serious game. Ces nouveaux outils managériaux mêlent le collaboratif, le digital et surtout l'expérience ludique pour accompagner les salariés. Les animations urbaines attirent également les curieux : chasse au trésor, murder party, escape room... Mais ces activités offrent des perspectives encore sous-exploitées de développement stratégique.

 La pyramide de l'entreprise aplanie

Dans un jeu, le niveau hiérarchique, l'âge, l'expérience et les relations ne comptent plus. La pyramide de l'entreprise se voit aplanie et s'opère alors une transversalité inattendue au sein de l'entreprise. Plus encore, dans un projet ludique, chacun des salarié engage sa propre responsabilité dans la tâche qu'il s'est lui-même confiée. La confiance se révèle entre les joueurs et fait naître l'effort collectif. La créativité s'exprime plus librement. Au fil du temps, les joueurs n'exécutent plus simplement leur mission, ils vont plus loin et conjuguent leurs savoir-faire pour atteindre un objectif commun. Le jeu devient un véritable révélateur de talent et de leadership.

 Y compris pendant les entretiens d'embauche

Sur cette base, comment ne pas imaginer toutes les formes d'exploitation du jeu en entreprise ? Il pourrait servir pendant les entretiens d'embauche, pour tester le candidat sur sa personnalité, sur son sens de la logique ou sur sa capacité à travailler en équipe plus que sur des diplômes ou des expériences antérieures. L'habituelle séance de brainstorming autour d'un table pourrait devenir vivante, prendre la forme d'un jeu de rôle pour faciliter l'immersion des participants et laisser s'exprimer les idées...

En 2015, la communication sera ludique ou ne sera pas. Et si l'entreprise veut amorcer le tournant des nouvelles générations, elle aussi devra passer le cap.