Les bienfaits de l'augmentation du CO2

Par Bjorn Lomborg  |   |  1081  mots
Le débat public ne met en avant que les effets négatifs de l'augmentation du dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Mais il existe aussi des impacts positifs. Par Bjorn Lomborg, directeur du Copenhagen Consensus Center et professeur adjoint au Copenhagen Business School

Une étude récente dans le journal Nature vient de révéler à quel point l'augmentation du dioxyde de carbone (CO₂) a rendu la Terre plus verte au cours de ces trois dernières décennies. Parce que le CO₂ agit comme un fertilisant, la moitié des terres végétalisées est de plus en plus verte aujourd'hui. Cela devrait être pour le moins réjouissant. Mais au lieu de cela, selon les déclarations de la BBC, nous ne devrions pas pour autant être moins préoccupés par le réchauffement climatique et les menaces telles que la fonte des glaciers et l'intensification des tempêtes tropicales. Et plusieurs organes de presse majeurs n'ont pas mentionné cette étude.

Notre débat sur le climat est mal équilibré. S'il y a largement matière à discuter quant aux causes du changement climatique, toute mention positive à ce propos est mal vue. On savait depuis des décennies que l'augmentation du CO₂ et des précipitations rendrait la planète plus verte - il est probable que d'ici la fin de ce siècle, la biomasse de la planète augmentera de 40%.

Moins de décès par le froid

De même, on sait que le taux de décès liés au froid est largement supérieur à celui dû à la chaleur. La plus grande étude sur les décès causés par le froid et la chaleur, publiée l'an dernier par la revue Lancet, s'est penchée sur plus de 74 millions de décès à travers la planète, des pays nordiques comme la Suède aux pays tropicaux comme la Thaïlande. Selon les recoupements des chercheurs, la chaleur est à l'origine de 0.5% de ces décès contre 7% pour les décès liés au froid.

Dans la mesure où le réchauffement climatique augmentera les températures, les décès liés aux vagues de chaleur augmenteront - un point souligné par les militants tels que l'ancienne secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (CCNUCC), Christiana Figueres. Ce qu'elle n'a pas mentionné, c'est qu'il y aura moins de décès causés par le froid. Une étude menée en Angleterre et au Pays de Galles montre que les vagues de chaleur sont à l'origine de 1500 décès par an contre 32 000 décès causés par le froid. D'ici les années 2080, l'augmentation des vagues de chaleur causera environ 5000 décès sur un échantillon de population comparable. Par contre, il y aura 10 000 "décès liés au froid" en moins, ce qui se traduirait au total par 6500 décès par an en moins.

Mentionner uniquement les aspects négatifs fausse et dégrade le débat politique. Tout individu raisonnable est capable de reconnaître les aspects positifs et négatifs des propositions politiques des différentes parties. Insister sur le fait qu'il n'y a que des aspects négatifs de toutes parts se ramènerait à un partisanisme extrémiste.

Le monde devient moins vulnérable au fur et à mesure qu'il se développe : une tempête qui a touché la Floride a tué bien moins de gens comparativement à une situation similaire en Guatemala où l'on a enregistré des dizaines de milliers de morts. Et le nombre de décès liés au climat a diminué, passant d'un demi-million de décès par an dans les années 1920 à moins de 25 000 décès par an dans les années 2010. Une étude récente menée par la revue Nature, prévoyant une intensification des tempêtes liée au réchauffement climatique, a montré que les dégâts économiques qui en découleraient seront réduits de moitié, soit de 0.04% à 0.02% du PIB, dans la mesure où les impacts de l'intensification des tempêtes seront compensés par l'augmentation de la prospérité.

Voir les côtés positifs

Si le débat climatique inclut autant les aspects négatifs que les aspects positifs, nous aurons une meilleure compréhension de nos options. C'est ce que fait le monde de l'économie en matière de climat : prendre les côtés négatifs (comme la montée du niveau de la mer et l'augmentation des décès dus à la chaleur) et les côtés positifs (une planète plus verte, une réduction des décès liés au froid). Une approche économique sur le climat a démontré qu'aujourd'hui - contrairement à la persistance massive des alarmistes à pointer les historiques négatifs - le réchauffement climatique engendra autant de dégâts que de bénéfices. Au fil du temps, la problématique du réchauffement climatique est devenue plus claire : selon les projections du Groupe intergouvernemental d'expert sur l'évolution du climat (GIEC), les dégâts causés par le réchauffement climatique d'ici 2070 équivaudraient à 2% du PIB mondial. Ce n'est certainement pas un coût négligeable, mais ce n'est pas non plus la fin du monde. Cela représente peut-être la moitié du coût social de l'alcoolisme aujourd'hui.

Chercher des politiques efficaces

Cela suggère qu'une politique qui pourrait éradiquer le réchauffement climatique pour un coût équivalent à 1% du PIB constituerait une bonne option. Malheureusement, ce n'est pas d'actualité. Le Traité de Paris sur le climat coûtera environ 2% du PIB mondial et résoudra moins d'un dixième du problème. Des politiques climatiques plus ambitieuses et moins efficaces coûtent annuellement au moins 6% du PIB. L'éolien et le solaire, qui couvrent actuellement moins de 0.5% des besoins énergétiques de la planète, coûtent 12 fois plus que les bénéfices qu'ils rapportent. Les voitures électriques génèrent un bénéfice climatique représentant peut-être un millième des énormes subventions publiques qui leur sont allouées. Les biocarburants sont tout bonnement très onéreux, alors qu'ils augmentent les émissions de carbone.

Si nous orientons le débat climatique vers la détermination des côtés positifs et négatifs, et concentrons notre attention sur les coûts et bénéfices des politiques - en traitant essentiellement ce challenge comme tout autre agenda politique - l'inadéquation d'un bon nombre des politiques climatiques adoptées actuellement nous paraîtra évidente. Il n'est pas surprenant que les militants ne veulent pas de ce genre de dialogue.

Traduit par Ninah Rahobisoa