Les bienfaits de la nature en ville : les pouvoirs publics doivent s'impliquer davantage

Par Hugo Meunier  |   |  792  mots
(Crédits : Reuters)
L'urbanisation croissante à travers le monde va obliger les pouvoirs publics à intégrer davantage la nature dans les villes. Par Hugo Meunier, fondateur de la startup Merci Raymond.

Alors même qu'habiter de nos jours en villes devient de plus en plus anxiogène, environ 70% de la population mondiale vivra en milieu urbain en 2050 [1]. Un phénomène qui va inévitablement s'accompagner de problématiques importantes auxquelles les villes devront faire face : pollution croissante, réchauffement climatique, conséquences néfastes sur la santé publique et sur le bien-être de la population, effritement des liens sociaux, etc. Et si certaines solutions peuvent répondre de manière indépendante à chacune de ces problématiques, une seule semble être viable pour contrer l'ensemble de ces effets : l'intégration de la nature dans les milieux urbains ! Encore faut-il que nos autorités agissent dans ce sens...

Les innombrables vertus des plantes

Si les plantes possèdent d'innombrables vertus, la réintégration massive des végétaux au sein de nos villes pourrait notamment nous permettre de lutter efficacement contre les deux principaux enjeux environnementaux de notre époque : le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique.

D'une part, les végétaux ont la capacité d'absorber les gaz polluants de manière très efficace : une seule plante suffit pour dépolluer 10m2 ! Un point d'autant plus important que la pollution de l'air est aujourd'hui la sixième cause de mort précoce dans le monde - devant l'alcool et la mauvaise alimentation - tuant près de 7 millions de personnes par an [2]... D'autre part, outre l'ombre que peuvent fournir les arbres, l'évapotranspiration des végétaux permet de rafraîchir l'air en l'humidifiant et évite ainsi la création d'îlots de chaleur. Les températures dans les espaces verts peuvent en effet être inférieures de 1 à 5 degrés à celles des espaces où la nature n'est pas présente ! Ces écarts varient selon la surface des espaces végétalisés, les plantes utilisées ou leur disposition mais une chose est sûre : le végétal pourrait être un frein efficace à l'augmentation exponentielle des températures en ville !

Impact sur le bien-être des individus

Aussi, si les espaces verts sont une source de motivation à la pratique d'activités physiques (vélo, course à pied...), il a été constaté plus globalement que les végétaux ont un impact considérable sur le bien-être des individus puisqu'ils améliorent leur santé, physique comme mentale, les plantes étant un formidable outil pour se concentrer et évacuer le stress. Certains chercheurs ont d'ailleurs prouvé que le contact avec les plantes permet par exemple aux personnes malades d'atténuer leur douleur, voire dans certains cas, d'accélérer le processus de récupération ! Et d'un point de vue social, les espaces verts - en ce qu'ils sont un lieu de rencontre et d'échange - sont un fort vecteur de socialisation. Un argument qui peut paraitre anodin, mais qui n'est pas négligeable à l'heure où l'on constate un effritement des liens sociaux toujours plus importants entre les urbains.

Les Français favorables à la création d'espaces verts

La présence de la nature au sein des villes apparaît donc comme une solution viable aux problématiques écologique et sociale d'aujourd'hui. La grande majorité des Français vivant en ville considère même la création d'espaces verts comme une priorité, devant la création de crèches et d'équipements sportifs ou culturels [3] !

Mais cette place (si nécessaire) du vert dans le paysage urbain ne pourra réellement lui être donnée qu'avec l'action des pouvoirs publics. Ces derniers doivent apporter des propositions efficaces et responsables afin d'inciter les actions vertueuses issues de la société civile. A titre d'exemple, la Ville de Paris - qui s'est fixé l'objectif de 100 hectares végétalisés d'ici 2020 - a instauré depuis 2015 le permis de végétaliser, permettant aux usagers d'utiliser une parcelle de l'espace public (pieds d'arbre, trottoirs ou même murs) afin d'y cultiver des plantes !

Plusieurs autres municipalités cherchent également à proposer des solutions innovantes, à l'image de Bordeaux qui a entrepris la construction d'une « boucle verte » reliant tous les espaces verts de la ville et favorisant ainsi le déplacement des organismes vivants nécessaire à la biodiversité, ou encore d'Angers et Metz qui allouent une grande part de leur budget à la construction d'espaces verts.

Mais pour répondre efficacement et de manière responsable aux enjeux d'aujourd'hui et demain, la prise de conscience des pouvoirs publics doit être encore plus importante et s'opérer à plus grande échelle ! D'autant plus que les autorités ont tout à y gagner, puisque les bienfaits du vert sur la santé pourraient réduire le budget alloué à la sécurité sociale de 3,4 milliards d'euros !

[1] Selon l'ONU

[2] Selon l'OMS

[3] Etude IFOP pour l'Union nationale des entreprises du paysage (UNEP)