Cinq tendances de l’e-santé en 2023

OPINION. Décryptage des cinq tendances à venir, le décryptage de Stéphanie Hervier, Directrice générale de Medaviz.
(Crédits : DR)

 L'e-santé est toujours au cœur de l'actualité médiatique et parlementaire alors que le PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) fait l'objet de toutes les attentions, sur fond de désertification médicale.

Les patients souhaitent un meilleur accès aux soins et les professionnels de santé cherchent à améliorer leurs conditions d'exercice, sans pour autant renoncer à un équilibre (salutaire) entre vie professionnelle et personnelle.

Quant aux institutions, elles tentent de résoudre l'équation de ces attentes pour maintenir l'équilibre d'un système de santé fragilisé par les années de pandémie. Fin du numerus clausus, délégation de tâches, visites médicales de prévention, les tutelles s'emploient à pourvoir des solutions aux maux de la santé. Partageant les mêmes ambitions pour l'accès aux soins, les acteurs sont engagés pour développer l'e-santé en 2023.

Vers un parcours de soins phygital

Le phygital est le juste équilibre entre l'examen clinique, qui restera à jamais indispensable, et le soin à distance opéré via les nouvelles technologies. La crise sanitaire a démontré l'intérêt de l'e-santé : 27 % des consultations ont été effectuées à distance pendant le premier confinement. La téléconsultation, la télé-expertise, le télé-soin et l'ensemble des dispositifs sécurisés déployés ont facilité, voire maintenu, l'accès aux soins. Selon l'étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) publiée le 26 octobre dernier, 7 médecins généralistes sur 10 exercent désormais en groupe, parfois à distance, la télémédecine apportant les solutions nécessaires à leur coordination. C'est aussi en permettant le partage de documents, les échanges et la gestion des disponibilités sur des outils sécurisés que l'e-santé participe à fluidifier les parcours de soins.

Coordonner les pôles d'expertise

L'e-santé fluidifie la mise en relation des praticiens d'un territoire afin de faciliter l'accès aux soins et de limiter les risques de ruptures de parcours de soins. En répertoriant les pôles d'expertise d'un territoire et en les valorisant auprès des professionnels de santé, l'e-santé permet, par exemple, d'orienter les patients en direct ou d'obtenir un diagnostic dans le cadre d'une télé-expertise. Désormais accessible aux infirmiers, en plus des médecins, l'usage de cette dernière a d'ores et déjà été multiplié par 4 entre 2020 et 2022. Son accélération est attendue et doit être encouragée alors qu'une étude ViaVoice pour Essentiel Santé Magazine a révélé en juin 2022 que 42 % des Français ont renoncé à un rendez-vous avec un spécialiste, et 75 % estiment qu'il subsiste une inégalité dans l'accès aux soins.

La construction du lien ville-établissements

Le développement du lien ville-établissements - publics ou privés - sera l'un des enjeux de 2023, alors que les pouvoirs publics s'efforcent de désengorger les services d'urgences, qui enregistrent plus de vingt millions de passages annuels (source Vie Publique). Plusieurs dispositifs existent, tels que la PDSA (Permanence des Soins Ambulatoires) pour la médecine de ville ou les CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé) et le Service d'Accès aux Soins (SAS), chacun visant à détourner le flux de patients des urgences vers les pôles de praticiens organisés localement. En contribuant au référencement des forces vives à l'échelle d'un territoire et en proposant une messagerie sécurisée aux praticiens, l'e-santé peut ainsi orienter instantanément les patients vers la médecine de ville ou un pôle d'expertise hospitalier.

L'Apisation ou la connexion entre les services

Bien que ce vocabulaire soit largement partagé dans le secteur de la tech, l'Apisation, qui permet aux différentes applications de communiquer et d'échanger des données via des protocoles sécurisés, n'est pas légion. Aujourd'hui, les acteurs de la santé font confiance aux solutions numériques à condition qu'elles soient conformes au RGPD et labellisées HDS ou ISO 27001. Ils attendent cependant des outils ergonomiques et une interface unique pour accéder à tous les services liés aux soins en quelques clics, ainsi qu'une navigation fluide entre les environnements. La medtech doit se saisir du sujet et l'ensemble des acteurs du marché doit jouer le jeu de l'ouverture, pour que tout le monde y gagne : les professionnels de santé comme les patients.

Un marché en fusion

Des centaines d'acteurs ont émergé pendant la crise sanitaire et se sont emparés de l'opportunité de la télé-consultation prise en charge à 100%. Avec la fin de cette dérogation depuis le 30 septembre, ils doivent à présent repenser leur business model. Plusieurs sociétés ont mis la clé sous la porte en 2022 ou ont été reprises in extremis par d'autres entreprises. Beaucoup se sont retrouvées en échec suite à un manque de financements ou l'arrêt de subventions. L'inflation et l'attention des investisseurs portée sur la rentabilité plus que sur la croissance ont engendré une baisse de 40 % des investissements entre les troisièmes trimestres 2021 et 2022, d'après le dernier baromètre In Extenso Essec. Fusion ou acquisition seront probablement au programme de nombreuses entreprises de l'e-santé en 2023.

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