Les départements, c'est là où ça se passe !

Par Maurice Leroy  |   |  466  mots
La réforme territoriale est un rendez vous manqué. La réinvention du système doit se faire par la base. Par Maurice Leroy, président sortant du Conseil général du Loir et Cher

Chacun peut le constater aujourd'hui, la réforme territoriale, dessinée sur un coin de table par le gouvernement l'an dernier, est un rendez-vous raté. Elle manque d'ambition, complexifie tout et rajoute des carcans là où il fallait donner des marges de manœuvre aux acteurs de terrain. Toutes les idées, toutes les propositions qui avaient nourri le débat ces dernières années se sont retrouvées concassées dans le broyeur de l'urgence. Les réflexions élaborées sur la simplification du « mille-feuilles » territorial ont été réduites à des caricatures. Cette réforme est un rendez-vous manqué mais surtout c'est un espoir déçu.

La réinvention du système doit se faire depuis la base

S'il est une leçon qu'il faut tirer de cette demi-réforme, c'est bien que la réinvention de ce système doit se faire depuis sa base. Ce sont dans les territoires que naissent le plus grand nombre d'initiatives innovantes, de nouvelles pratiques politiques. C'est sur le terrain que s'épanouit l'économie collaborative, véritable révolution, profonde et féconde. Les acteurs de terrain savent trouver des solutions pour adapter leurs actions aux dimensions de leurs territoires. En quelques mois, mon département du Loir-et-Cher a mis en place avec ses voisins d'Eure-et-Loir et du Loiret une mutualisation de moyens humains et financiers. Résultats: des économies qui se chiffrent en centaines de milliers d'euros. Nous avons créé Approlys, une centrale d'achat commune qui après un an d'existence seulement réunit près de 500 communes, EPCI, collèges, Ehpad adhérents. Nous avons lancé la démarche Loir-et-Cher 2020 qui a réuni près de 30 000 Loir-et-Chériens et fait naître des projets viables dans tout le département et des Labs expérimentaux.

Paradoxe: les départements ont un rôle renouvelé

Ce type de pratiques est d'autant plus nécessaire dans le nouveau découpage que l'agrandissement des régions d'une part et des métropoles d'autre part pourraient laisser au second plan les territoires ruraux et intermédiaires. Les départements représentent pour cette « France périphérique » oubliée par les élites parisiennes et occultée par l'émergence des mégapoles, des interlocuteurs essentiels.
Ce n'est pas le moindre paradoxe de cette réforme que de donner aux départements un rôle d'animation et de développement renouvelé. Les Français le sentent bien qui savent à quel point leur conseillers généraux (désormais « départementaux ») leurs sont utiles : « c'est dans les départements que ça se passe ». Laissons donc les acteurs de terrain travailler, ils connaissent comme personne le tissu social et économique de notre pays, son potentiel d'innovation et de réinvention. En France, en 2015, plus que jamais, l'initiative vient d'en bas.