Les effets redistributifs du quantitative easing de la BCE

Par Christophe Blot, Jérôme Creel, Paul Hubert, Fabien Labondance et Xavier Ragot  |   |  363  mots
Mario Draghi, président de la BCE
La politique expansionniste menée par la Banque centrale européenne amène une réduction des inégalités. Son arrêt conduira symétriquement à une hausse de ces inégalités. Une hausse certes faible, mais il serait justifié que la BCE en rende compte, tout comme elle rend des comptes aujourd'hui sur la stabilité des prix ou la croissance économique. Par Christophe Blot, Jérôme Creel, Paul Hubert, Fabien Labondance et Xavier Ragot, Observatoire Français des Conjonctures Economiques, OFCE

L'augmentation des inégalités de revenus et de patrimoine est devenue un sujet incontournable dans les discussions de politique économique, jusqu'à s'immiscer dans les évaluations des effets des politiques monétaires menées aux Etats-Unis et au Japon, précurseurs des politiques massives de Quantitative Easing (QE). La question se pose donc de savoir si la politique de QE de la BCE a eu ou aura des effets redistributifs.
Dans un document préparé pour le Parlement européen, Blot et al. (2015) rappellent que deux conclusions opposées se dégagent de la littérature empirique. Aux États-unienne, la baisse des taux directeurs par la Fed y réduirait les inégalités. A l'inverse, une politique expansionniste de type QE au Japon y augmenterait les inégalités. Mais qu'en est-il en Europe ?

Un effet mineur sur les inégalités

A partir de données macroéconomiques agrégées pour l'ensemble de la zone euro, Blot et al. (2015) montrent que les politiques monétaires européennes, conventionnelles et non conventionnelles, ont eu un effet, certes, mais limité, sur le taux de chômage, le nombre d'heures travaillées et le taux d'inflation (voir graphique). Ce résultat suggère donc que la politique monétaire expansionniste de la BCE a bien eu un effet de réduction sur les inégalités, mais mineur.

Lorsque la BCE décidera d'en finir avec ses politiques expansionnistes, il faudra donc s'attendre à un effet faible mais à la hausse sur les inégalités. En raison de cet effet, aussi faible soit-il, Blot et al. (2015) suggèrent que la BCE ne devrait pas rendre des comptes uniquement sur la stabilité des prix ou sur la croissance économique, mais aussi sur les répercussions de ses politiques en termes d'inégalités et des moyens mis en œuvre pour en tenir compte.


Graphique. Les effets d'un choc restrictif de politique monétaire (hausse de 0,2 point de pourcentage du taux d'intérêt implicite) dans la zone euro,  sur l'inflation (en %), les heures travaillées (mesurées en taux de croissance), et le taux de chômage (en %)


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