Les véritables tendances de l'emploi en France

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, les véritables tendances de l'emploi en France
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

J'aimerais tenter ici une petite mise à plat statistique sur une question sensible. Celle de la dynamique de l'emploi en France. Car on le sait, le chômage ne nous donne qu'une information indirecte et parfois trompeuse de la tendance de l'emploi. Et on le sait aussi, une reprise, pour se consolider a besoin d'avoir une base de création d'emplois et d'investissement.

Si je parle de mise à plat statistique, c'est que les sources, les champs de couverture, les modes de calcul sont multiples, créant du bruit pour saisir la tendance de fond. Mon but sera ici très simple. Mettre en parallèle les différents indicateurs, pour voir s'ils étayent ou non l'idée d'une reprise de l'emploi, et pour en restituer l'ampleur avec deux questions basiques :

  • 1/ quelle variation de l'emploi observe-t-on depuis le premier trimestre de 2008, moment où l'emploi atteint son pic de pré-crise ?
  • 2/ quelle variation de l'emploi observe-t-on depuis le début de 2015 ?

J'y ajouterai une question subsidiaire tout aussi descriptive : dans quelle proportion l'intérim participe-t-il aux variations de l'emploi. Je ne m'appesantirai pas ici sur la question éminemment technique de savoir pourquoi, comment les séries diffèrent. Mon but est simplement de réunir un faisceau d'indices.

Les deux séries les plus commentées de l'Insee

D'abord la série la plus étroite, celle de l'emploi salarié, principalement marchand, qui exclut notamment tout l'emploi dans les administrations, la santé, l'éducation et l'action sociale. Cet indicateur nous dit que l'emploi a réaugmenté très légèrement à partir de mars 2015 et que la hausse cumulée depuis fin 2014 et de 21.000. Depuis 2008, l'emploi a régressé de 586.000 unités. Chiffre qu'il faut mettre en regard avec la hausse du nombre de demandeurs d'emploi inscrits sur la période : +1,5 million pour la catégorie A et + 2,3 millions pour les catégories ABC, ce qui donne une idée de la contribution de la population active à la hausse du chômage.

Passons à la série plus large de l'Insee maintenant, celle de l'emploi salarié dans le secteur concurrentiel,  qui réintègre tous les salariés de statut privé qui travaillent dans la santé, l'éducation et l'action sociale. Cet indicateur nous dit, que l'emploi réaugmente en France depuis mars, après s'être stabilisé en début d'année, là encore légèrement, et que depuis décembre 2014 la hausse cumulée est de 40.000 unités. Depuis 2008, les pertes d'emplois seraient de 372.000. Ce qui souligne, lorsque l'on se réfère à la précédente série, le dynamisme de l'emploi dans les secteurs concurrentiels de l'éducation, de la santé et de l'action sociale.

Une deuxième source statistique : l'Acoss

C'est sur la base des déclarations sociales des employeurs affiliés au régime général que l'Acoss établit sa statistique. Le champ couvert ne diffère que très marginalement de celui de l'Insee (sur l'emploi à domicile notamment). Selon l'Acoss l'emploi se redresserait depuis décembre 2014. Sa hausse cumulée serait de 69.000 unités. Et depuis 2008, les pertes d'emplois seraient de 405.000.

On assiste donc bien à une timide embellie de l'emploi en 2015, si l'on se fie à ce faisceau convergent d'indices. Et l'on peut sur cette base estimer la contribution de l'intérim, selon l'Insee et l'Acoss. Côté Insee on constate que l'intérim contribue à 63% des créations d'emploi depuis décembre 2014, et même à 91% depuis mars 2015. Côté Acoss, l'intérim participe à 64% aux créations d'emplois depuis décembre 2014 et à 76% depuis mars 2015. Là encore, les faits stylisés sont clairs.

Ceci étant, nous couvrons là au mieux que les trois-quarts de l'emploi total. Sur les angles morts, on sait par l'Acoss que l'emploi à domicile tend à se stabiliser après avoir régressé continument depuis 2011. De l'emploi public, on sait qu'il est toujours sur une pente légèrement ascendante. Cet emploi au sens large peut être approché à travers les comptes de branche trimestriels, ou à travers l'enquête emploi, avec un degré de fiabilité beaucoup plus faible. L'une comme l'autre des séries nous confirment que les pertes d'emploi globales depuis 2008 sont atténuées par rapport aux données qui se concentrent sur le seul secteur concurrentiel. L'une comme l'autre confirment que la reprise s'effectue bien sur fond de légères créations d'emplois.

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Commentaires 7
à écrit le 13/01/2016 à 9:17
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OUF ...! j'ai eu peur que , le chomage ne baissant pas , F. Hollande ne se represente pas .

à écrit le 13/01/2016 à 9:17
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OUF ...! j'ai eu peur que , le chomage ne baissant pas , F. Hollande ne se represente pas .

à écrit le 12/01/2016 à 16:45
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n'étant pas analyste économique , je me pose la question non évoquée dans l'article , des données concernant les chiffres des sorties d'emploi ( retraite , décès et invalidités ,autres éventuels hors licenciements ) et des nouveaux entrants sur le ma...

à écrit le 12/01/2016 à 12:58
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Le chomage n'est pas lié à l'économie mais à la démographie. C'est la création d'emplois qui est liée à l'économie. Il faut réduire le cout du travail. Comment? Cherchez bien!

le 12/01/2016 à 18:01
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Laissez moi devinez en taxant les cartes de cotisations d'EELV et autres.

le 13/01/2016 à 8:01
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Vous avez en partie raison, car il s'agirait d'un prélèvement sur la consommation et non sur la production. Merci.

le 14/01/2016 à 8:03
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Il faut basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique.

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