Macron, un bilan calamiteux

Par Julien Barlan  |   |  1076  mots
Emmanuel Macron se présente comme le candidat du renouveau. Il est en fait issu du système, et comptable du bilan de François Hollande. Un bilan économique catastrophique. Par Julien Barlan, économiste, chroniqueur et membre du parti Les Républicains, co rédacteur du programme économique du parti Les Républicains

Voilà plus de dix jours qu'Emmanuel Macron a présenté sa démission du gouvernement pour reprendre sa liberté de parole en vue de 2017. Passés les commentaires et élucubrations sur son avenir politique et le faux suspens sur ses ambitions, l'heure est venue de prendre du recul et de se pencher sur le bilan de l'ex-ministre de l'économie mais aussi ex-conseiller de François Hollande à l'Elysée en charge des affaires économiques. Alors que Macron se veut le chantre de la croissance par l'innovation et l'investissement, force est de constater que les paroles n'ont pas été suivies par les actes. Ce moment est aussi l'occasion de mettre en avant des propositions de réformes économiques pour la France pour enfin faire repartir la croissance.

En tant que conseiller de François Hollande, Emmanuel Macron est responsable des mesures économiques décidées en début de quinquennat. Le bilan économique de 2012 à 2014, c'est forcément le sien. Il a contribué à la rédaction du programme du candidat Hollande avant d'en tirer les ficelles une fois installées à l'Elysée.

Hausses d'impôts en rafale

Il y a eu les hausses d'impôts : hausse de l'ISF, hausse de l'impôt sur le revenu et accentuation de l'injustice face à l'impôt (10% des contribuables s'acquittent de 70% de son produit), alignement de l'impôt sur le capital sur celui du travail faisant fi des raisonnements économiques élémentaires qui veulent que sans capital il n'y a pas de travail, hausse de l'impôt sur les successions décourageant encore l'entrepreneuriat, et enfin taxe 75% pour achever ce qui restait à la France comme compétitivité. La « refonte de la fiscalité » promise par le gouvernement d'alors devant le ras le bol fiscal qui s'était installé ne verra jamais le jour. Au total, 103 nouveaux impôts ont été créés depuis 2012, pour une hausse de 90 milliards d'euros.

D'autres mesures défavorables à la croissance économiques ont aussi été mises en place comme la loi « Alur » instaurant l'encadrement des loyers et ayant, par effet pervers sur l'offre, rendu plus compliqué la vie des Français qui cherchent à se loger. Sur les retraites, abaisser l'âge de départ à 60 ans plombera les comptes publics, préfigurant des impôts à venir, et l'instauration du fumeux compte pénibilité n'encourage pas les entreprises à embaucher. Face à un tel échec, le gouvernement n'eut d'autre choix que de s'en remettre au très couteux placébo des emplois d'avenir, avec la création de 150.000 postes dans le secteur non marchand, soit celui qui ne contribue pas à la croissance.

Petites phrases...

Enfin, il y eu le Macron ministre de l'économie de 2014 à 2016. Deux ans marqués par des petites phrases applaudies mais par très peu d'action ou en tout bien trop peu de ce que l'on pourrait attendre d'un ministre médiatiquement intronisé comme « ayant compris » ou « sachant ». Je reste sur ma faim : les réformes économiques se sont arrêtées à l'ouverture de 12 dimanches par an au bon vouloir des maires et à une libéralisation du marché des autocars. Impact : 0,05% du PIB...

Il est le père d'une loi qui va certes dans le bon sens mais qui malheureusement reste à mille lieux de toucher aux blocages structurels de notre économie : fiscalité, coût du travail, organisation sclérosée du marché du travail. Pour preuve, plus d'un an après son adoption, les grands magasins parisiens ne sont toujours pas ouverts le dimanche, faute d'accord avec les syndicats. C'est une loi vide, qui ne pourra avoir d'effet sur l'emploi car elle ne s'attaque pas aux vrais sujets.

Ce bilan économique calamiteux, qui s'illustre par l'implacable hausse du chômage ces quatre dernières années avec 500.000 chômeurs en plus rien qu'en catégorie A, Emmanuel Macron en est comptable et devra en répondre dans les urnes devant les Français s'il choisit cette voie.

 Une baisse globale fiscalité

L'économie française a besoin d'être réformée en profondeur pour lui donner la possibilité de croitre et d'exprimer son talent. Il est l'heure de faire des propositions tangibles et de sortir des phrases toutes faites. Pour gagner la bataille du chômage, il faut gagner celle de la compétitivité dans un monde économique en concurrence féroce.

Il faut instaurer une baisse globale de la fiscalité car la France taxe 120 milliards d'euros par an de plus que le reste de l'UE. Le total des prélèvements obligatoires et de la fiscalité s'élève désormais à 45% du PIB, contre 39% reste de l'UE. Seuls le Danemark et la Belgique taxent plus

Il faut baisser les charges qui pèsent sur l'emploi et l'embauche car la France souffre d'un écart de 80 milliards d'euros en matière de coût du travail avec le reste de l'Union Européenne. Par ailleurs, alors que le travail est mis en danger par l'automatisation et le digital, faire peser notre système fiscal sur la production est une aberration.

S'inspirer du capitalisme familial allemand

Il faut baisser les coûts de transmission d'entreprise, s'inspirer du capitalisme familial allemand qui assure la pérennité de l'activité et des emplois dans le temps. La France socialiste a abaissé le seuil d'exonération des transmissions à 100 000 euros contre 400 000 euros en Allemagne. Les successions d'entreprises en France sont taxées à hauteur de 40% dès 900.000 euros tandis que le taux maximum pratiqué en Allemagne est de 30%, et ce à partir de 26m€.

Il faut baisser de l'impôt sur les sociétés pour regagner en compétitivité. France possède le taux d'imposition sur les sociétés (IS) le deuxième plus élevé de l'OCDE, avec un taux total de 34,43% des bénéfices. Il est pratiquement 3 fois plus élevé que ce qui se pratique en Irlande (12,5%), qui se permet un tel taux grâce à une base plus large.

Il faut supprimer l'alignement dogmatique de l'imposition des revenus du capital sur celui du travail car il décourage la prise de risque. Alors qu'Emmanuel Macron a justement déclaré qu'il était « plus risqué d'être entrepreneur que salarié », c'est le moment de mettre cela en musique pour relancer notre industrie. Il y a aujourd'hui 4 500 entreprises de tailles intermédiaires en France, soit deux fois moins qu'en Grande Bretagne et 2,5 fois moins que l'Allemagne qui en compte 10 000. Or on sait qu'en France les 100 premiers créateurs nets d'emplois sont à 63% ETI.

Voilà autour de quoi doit tourner le débat de 2017 : les réalités économiques.