Mobilité durable : un renoncement français  ?

Par Olivier Koch  |   |  845  mots
(Crédits : DR)
OPINION. Clairement annoncé comme l'un des objectifs du nouveau quinquennat d'Emmanuel Macron, l'écologie semble prendre une place importante dans la feuille de route du gouvernement. Avec la nomination d'Elisabeth Borne, ex-Ministre de la transition écologique, en tant que Première Ministre, l'ambition affichée suivra-t-elle les besoins sur un sujet aussi important, surtout en ce qui concerne la mobilité et les transports ? Par Olivier Koch, Directeur France & Suisse, EasyPark

C'est à ce titre que ces deux sujets ont été rattachés au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Cette décision apparaît logique avec l'objectif affiché du Gouvernement français d'imposer le covoiturage dans les habitudes quotidiennes, dans l'optique d'atteindre les 3 millions de trajets quotidiens d'ici 2024 dans le cadre du « Plan national du covoiturage du quotidien » lancé par Elisabeth Borne en 2019 alors Ministre de la transition Écologique. Cette « planification écologique » comme énoncée par le président de la République agite les débats, tant l'enjeu est vital. Aujourd'hui, il faut surtout s'attarder à voir quel bilan tirer des initiatives mises en place ces dernières années et quels sont les chantiers principaux à déployer.

Une aspiration écologique trop ambitieuse à recadrer ?

Sujet crucial et polémique, la transition écologique est souvent agitée comme un argument et moins comme une volonté politique et sociétale. Alors que le gouvernement semble vouloir mettre les bouchées doubles pour les 5 ans à venir en renforçant certains projets déjà bien entamés et documentés, le bilan du précédent quinquennat recueille des avis mitigés. En 2021, l'Etat Français a été condamné par la justice pour non-respect de ses engagements pour le climat. Une première certes, mais qui souligne l'importance du sujet. Car force est de constater qu'hormis des initiatives telles que des messages obligatoires dans les publicités automobiles pour pousser à faire plus de covoiturage ou à prendre davantage les transports en commun, la feuille de route n'a pas encore été clarifiée pour l'agenda 2022-2027. L'arrivée d'Elisabeth Borne à la tête du gouvernement devrait donner des perspectives plus claires, mais l'exécutif devrait aussi se pencher du côté des initiatives d'entreprises ou des collectivités.

Avec l'envolée des prix des carburants, le gouvernement doit prendre des décisions qui aideront les citoyens dans leurs déplacements quotidiens, tout en gardant le cap vers des mobilités plus vertes et non restrictives. Les attentes sont fortes en matière d'allègement de la facture pour les ménages français, grâce à des économies pouvant aller jusqu'à 2 000 € par an pour un salarié qui réside à 30 km de son lieu de travail et qui covoiture quotidiennement. De plus sur le plan écologique, il faut renforcer les initiatives de covoiturage, notamment à travers ce qui avait été mesuré en 2019 et l'économie d'1,6 million de tonnes de CO2 par an, tout en doublant le nombre de personnes qui se déplacent.

Des initiatives locales et privées desquelles s'inspirer pour mener à bien une transition écologique viable

Les 12.379 km d'autoroutes présentes en France sont actuellement au cœur des questions de mobilité. Alors que 8 conducteurs sur 10 pratiquent l'autosolisme chaque matin, la majeure partie des initiatives ont été concentrées, principalement, sur ces grands axes routiers nationaux. En effet, une grande partie de ces autoroutes qui ont été concédées proposent des voies de covoiturages. Cependant, l'autosolisme concerne davantage les courts trajets, comme le souligne une récente étude de Vinci Autoroutes. Sur ce niveau, peu de propositions nationales sont formulées. Mais des entreprises se sont emparées du sujet pour aller plus loin concernant l'innovation routière, en développant des solutions d'intelligence artificielle pour détecter les flux de circulation au contrôle de covoiturage pour analyser des données en vue d'actions de fluidification et d'apports environnementaux visibles et durables.

De plus, d'autres initiatives au niveau local fleurissent dans tout le pays. Le 18 mai dernier, Anne Hidalgo a annoncé son plan pour le périphérique parisien pour passer « de la ceinture grise à la ceinture verte » en combinant végétalisation du périphérique, voie réservée au covoiturage et réaménagement des portes d'entrée dans la capitale. On peut également souligner le plan de covoiturage dans la métropole montpelliéraine ou encore la communauté de communes Pleyben-Châteaulin-Porzay (CCPCP) dans le Finistère. Il est néanmoins nécessaire d'entreprendre ces initiatives au niveau de la zone de mobilité et non pas simplement localement. Les flux de mobilité dépassent largement les frontières des villes.

Qu'il s'agisse de grandes agglomérations ou des plus petites, l'ambition est partagée par l'ensemble des collectivités qui veulent être des acteurs de la transition écologique pour affronter le combat du siècle et proposer un cadre de vie agréable aux usagers. Ces mêmes usagers qui pour le moment n'ont pas encore totalement adopté ces nouvelles façons de se déplacer dans leur quotidien doivent être accompagnés. Il y a donc un fort besoin d'harmonisation nationale et de concertation pour que les discours soient suivis d'actes concrets. Il y a urgence à révolutionner la mobilité en France, avec en ligne de mire la question écologique. Bien évidemment, ce sont des pans entiers de l'industrie nationale qui vont être mis à contribution et devoir se réinventer pour soutenir des mobilités propres et zéro carbone. Un long chemin à emprunter dès à présent !