Mondialisation : stop ou encore ?

Après une forte phase d'accélération au cours des années 90 et 2000, la mondialisation a ralenti. Mais plutôt qu'un coup d'arrêt, il s'agit d'une phase d'adaptation. Par Michel Fouquin, Conseiller CEPII, Professeur à la FASSE Université Catholique de Paris, dans le cadre du Printemps de l'économie
En 2011, Arnaud Montebourg s'était fait le chantre de la "démondialisation". Celle-ci a ralenti, mais il s'agit surtout d'une phase d'adaptation

La crise financière de 2008 partie des Etats-Unis s'est transmise à toute la planète, elle a été suivie en 2011 de la crise de la zone euro et des économies européennes en général. Ces deux crises successives ont donné un coup d'arrêt très net au processus de mondialisation. Que ce soit en termes de commerce international (économie réelle) ou en termes financiers (économie virtuelle), le mouvement de retrait est net. Est-ce un renversement de tendance durable ? Tout d'abord il faut revenir sur les causes de l'accélération de la mondialisation, sensible depuis le milieu des années 1990.

Accélération du commerce international au milieu des années 90

Le moteur de cette accélération,  c'est d'abord le fait des pays émergents en voie d'industrialisation, Chine en tête, c'est provisoirement la bulle internet de 1999-2001. Puis à partir de 2001 on assiste à une montée en force des prix des matières premières qui gonflent mécaniquement la valeur du commerce international, ces prix élevés se maintiennent jusqu'en 2013. Le pouvoir d'achat des pays exportateurs de matières premières s'améliore et induit une nouvelle hausse du commerce international. Libéralisation progressive des échanges de services accompagnent ce mouvement général; mais on a de plus en plus de mal à les recenser du fait du développement des technologies numériques et des communications internet.


Accélération des flux financiers internationaux

La généralisation, du moins dans les pays développés, de la liberté de circulation des capitaux va avoir un impact majeur sur la localisation des activités et des profits industriels. Le développement de l'optimisation fiscale et des paradis fiscaux en seront les témoins. Des produits financiers nouveaux qui permettent de rendre liquides ce qui ne l'est pas, connaissent un succès énorme. Ainsi l'achat d'une maison : est-il en principe un objet plus réel ? Un emprunt à long terme dans tous les sens du terme, on appelle cela une immobilisation et le secteur en question le secteur immobilier !

Hé bien pas du tout la banque va faire en sorte de réunir tous ces prêts dans un produit financier qui sera revendu sur le marché des capitaux permettant à la banque de récupérer des liquidités pour les réinvestir ailleurs. Ce produit financier est alors cessible à tout moment. Jusqu'au jour où la bulle financière éclate.

Investissement massif vers la Chine

Les mouvements d'investissements industriels vers la Chine (et vers les autres pays dits émergents) prennent des proportions considérables : la Chine devient ainsi le premier centre de production automobile mondial de General Motors, de Toyota, de Volkswagen, etc. et depuis peu de PSA. Les mouvements de population pour des raisons économiques eux mêmes atteignent depuis les années 90 des niveaux que l'on n'avait pas connus depuis la fin du XIX siècle. Les grand pays développés vieillissent et ont de plus en plus besoin de main d'œuvre plus ou moins qualifiée. Même les pays les plus fermés comme le Japon sont contraints de s'ouvrir.

Une phase d'adaptation de la mondialisation

La baisse de la croissance mondiale, la baisse des prix des matières premières, les difficultés des pays émergents et des pays exportateurs de matières premières, la mise en place de nouvelles régulations bancaires, la baisse de l'euro qui réduit le poids des échanges européens dans le commerce mondial, la lutte contre les paradis fiscaux, le recentrage du développement chinois sur son économie interne sont autant de facteur qui expliquent le recul actuel de la mondialisation. Mais celle-ci n'est pas un retour à la situation antérieure, il s'agit d'une phase d'adaptation, après laquelle le processus de mondialisation pourra reprendre mais de manière peut être mieux maitrisée.

Michel Fouquin, Conseiller CEPII, Professeur à la FASSE Université Catholique de Paris.

printemps éco logo

Printemps de l'économie - Paris 13/17 avril 2015

Pour sa 3° édition le Printemps de l'économie propose d'explorer les défis du 2I°siècle autour du thème mais où va donc la planète ? Développement durable/climat ; croissance et bien-être ; innovation et entreprises ; mondialisation ; développement du numérique seront les thématiques abordées à l'occasion des nombreuses conférences organisées du 13 au 17 avril à Paris. L'ambition est d'offrir au grand public la possibilité de réfléchir et d'échanger pour mieux saisir les enjeux et agir... chaque jour un auteur vous livre son point de vue...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 09/04/2015 à 10:06
Signaler
Le flux et le reflux de la mondialisation tient au fait d'une "offre" qui ne rencontre plus une "demande" ou d'une "demande" saturé et d'une "quantité" remplaçant la "qualité"!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.