Open Data : en finir avec une querelle d'un autre temps

OPINION. À l'heure où la France discute actuellement d'un projet de loi d'orientation sur les mobilités, la question des données ouvertes ("open data") est l'un des sujets les plus sensibles. Si certains acteurs sont prêts à partager leurs données, d'autres les gardent jalousement protégées. Pour Carl Anderson, directeur général de Trainline, l'open data facilite l'innovation et améliore l'expérience client.
(Crédits : justgrimes/Flickr)

Nous connaissons désormais les dispositions du projet de loi d'orientation des mobilités adopté en conseil des ministres et dont l'ouverture des données (ou « open data ») de mobilité constitue un axe essentiel. Fruits d'une réglementation européenne bienvenue (1), les grands principes en sont connus : ouverture des données à tous - acteurs publics et privés - sur l'ensemble du territoire, accès au coût de mise à disposition sous des formats exploitables, etc.

En résumé, rendre effective l'open data si longtemps espérée par les citoyens et les acteurs innovants afin de faire rentrer la mobilité française dans le XXIe siècle et d'offrir enfin aux voyageurs la qualité de service qu'ils sont en droit d'attendre.

L'ouverture des données déjà prévue par la loi depuis 2015

Les débats seront, à n'en pas douter, encore longs et âpres avant l'adoption finale du texte et la publication des décrets d'application. D'ici le printemps prochain, date probable d'atterrissage, les résistances devraient s'intensifier en coulisse avec à l'appui des arguments plus ou moins fondés. Ne l'oublions pas, la loi Macron de 2015 oblige déjà à l'ouverture des données, y compris en temps réel, avec les résultats mitigés que nous connaissons aujourd'hui. Avant d'être admise, comme le postulait Arthur Schopenhauer, une révolution doit passer au préalable par deux autres phases : celles du ridicule et de la forte opposition.

Or, la teneur des discussions actuelles montre que nous en sommes encore à la deuxième phase bien que l'évidence s'impose : l'open data est la clef pour que ré-utilisateurs et producteurs de données collaborent ensemble afin d'offrir aux usagers la meilleure expérience possible et des alternatives incitatives à l'auto-solisme, phénomène dont les innombrables externalités négatives ont été subies pendant trop longtemps. De son côté, Trainline joue pleinement le jeu en ouvrant ses données concernant plus de 30.000 gares ferroviaires et routières sur la plateforme publique Etalab. Les technologies, elles, sont au point. Elles permettent d'aller d'ores et déjà plus loin dans l'accompagnement du voyageur, avant, pendant et après son voyage. Chez Trainline, nous en faisons l'expérience tous les jours, avec succès, auprès de nos clients qui réservent des billets de train ou de bus en ligne, en France comme à l'étranger.

Cependant nous pourrions faire plus et mieux pour rendre le voyage et son organisation plus fluides, plus agréables et moins stressants. De nombreuses données essentielles pour les voyageurs restent difficilement accessibles ou imprécises, comme les retards. Par exemple, s'agissant des retards, si les distributeurs avaient la possibilité d'automatiser les coupons de remboursement, cela bénéficierait grandement aux usagers.

En outre, de nombreuses informations pratiques tirées des données amélioreraient l'avant et l'après voyage, notamment pour les voyageurs internationaux qui ne parlent pas ou peu français : cartographie de l'intérieur de la gare avec un plan détaillé, accès aux toilettes, temps de marche et itinéraire pour aller d'un point à un autre, prédictions de repère sur les quais... Toutes choses qui, demain, paraîtront évidentes et seront plébiscitées, y compris par les plus réfractaires du moment.

Un cercle vertueux pour les mobilités

L'open data appliquée à la mobilité enclencherait un cercle très vertueux : pour les distributeurs qui contribuent à l'élargissement et au développement du transport collectif et pour les opérateurs qui, en ouvrant leurs données (non sensibles, non commerciales et non personnelles) à des tiers de confiance, capteraient un plus grand nombre de clients. Mais aussi aux collectivités locales qui augmenteraient grâce à l'open data l'attractivité économique et touristique de leurs territoires.

Les usagers ne doivent plus faire les frais de querelles d'un autre temps, ils restent en demande d'offres adaptées à leurs contraintes, fluides, pratiques, accessibles et répondent favorablement à chaque avancée. Comme le souligne Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, « le potentiel des nouveaux outils technologiques et numériques pour faire émerger des solutions de mobilité plus efficaces et moins coûteuse est immense, en particulier là où les services réguliers traditionnels ne sont pas adaptés ». L'open data réelle et effective fait assurément partie de ces solutions.

Par Carl Anderson, Directeur Général de Trainline International

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(1) https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/ALL/?uri=CELEX%3A32017R1926

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