Pour l'économie de la France, il faut plus de Bernard Arnault

Par Nicolas Lecaussin  |   |  513  mots
(Crédits : Reuters)
OPINION. L'accession de Bernard Arnault (LVMH) au troisième rang du classement mondial des plus importantes fortunes a donné lieu à une polémique en France. C'est un mauvais procès fait au milliardaire au regard des richesses et des emplois créés par le groupe de luxe pour l'économie du pays. Par Nicolas Lecaussin, directeur de l’IREF.

Il y a quelques jours, l'agence Bloomberg a placé le PDG de LVMH au troisième rang des hommes les plus riches au monde, avec 100,4 milliards de dollars de patrimoine. Ailleurs, ce genre de nouvelle ferait cocorico dans les médias et constituerait un titre de gloire pour tout un peuple. En France, on a réagi avec indolence, voire avec mépris. Comme si l'on avait affaire à quelqu'un qui s'est enrichi par des moyens douteux. Non, Arnault n'a pas braqué des banques. C'est un entrepreneur qui a réussi. LVMH est un symbole, une gloire de notre pays partout dans le monde et participe de sa richesse (rappelons que la France est le leader mondial de l'industrie du luxe avec... LVMH en tête !)

Troisième plus gros employeur français

Troisième plus grand employeur français en 2018 (145.247 salariés, 13.500 emplois créés cette année-là), le groupe embauche à tour de bras (en moyenne, entre 2.500 et 3.000 par an), et réalise pourtant 90 % de ses ventes hors de France ! Il fédère 70 maisons d'exception (qui ne connaît pas Guerlain, Hennessy, Dom Pérignon, Louis Vuitton... ?), qui ont réalisé 46,8 milliards d'euros de ventes en 2018, avec un réseau mondial de plus de 4.590 magasins. 10% de son activité en France mais 50 % des impôts qu'il paye ! Cela en dit long sur la fiscalité de notre pays.

La fondation LVMH distribue des centaines de millions d'euros aux laboratoires de l'Institut Pasteur, aux associations pour les enfants pauvres et pour les actions culturelles. Le groupe a dépensé 53 milliards pour son personnel dans les 10 dernières années et s'est acquitté de 18 milliards d'impôt sur les sociétés. C'est l'argent qui est versé à l'Etat. Faut-il aussi rappeler que les 10 % des plus riches de nos concitoyens payent 70 % du total de l'impôt sur le revenu en France ? Il est donc faux de dire que ceux qui gagnent beaucoup ne payent pas d'impôts.

13 héritiers contre 37 « self-made self-starters »

Aujourd'hui, les deux tiers des riches sont des entrepreneurs qui créent des centaines de milliers d'emplois et des richesses dont le pays a besoin. Le jugement de certains à leur égard n'est pas à la hauteur et contribue hélas à les chasser vers d'autres cieux. Dans le classement Business Insider qui reprend l'Index Bloomberg des personnes les plus riches au monde, on ne trouve que 13 fortunes héritées. Les autres (37) sont celles de milliardaires « self-made self-starters » qui ont bâti leur propre fortune dans des secteurs variés comme les nouvelles technologies, la finance, la mode ou le sport. Bernard Arnault en fait partie.

Alors que la mode est au « patriotisme économique » et que nombreux sont les politiques qui bombent le torse en prononçant le nom de notre pays, quelle meilleure manière de défendre notre économie que d'encourager l'apparition d'autres Bernard Arnault en baissant la fiscalité et en supprimant nombre de réglementations qui étouffent les entreprises ? Pour enrichir un pays, on n'a encore rien trouvé de mieux que les créateurs de richesses. Qu'on nous donne d'autres Bernard Arnault et consorts !