Pourquoi Airbnb a mangé son pain blanc

Par Richard Vainopoulos  |   |  378  mots
Trois raisons pour lesquelles le célèbre site de locations entre particuliers va cesser de se développer. Par Richard Vainopoulos, Président du réseau d'agences de voyages TourCom

Avec seulement 450 employés et 250 millions de CA, le site de location touristique Airbnb est aujourd'hui valorisé à plus de 10 milliards de dollars. Soit autant que le groupe Accor, ses 160 000 employés et ses 5 milliards de CA.
Voici trois raisons pour lesquelles cette situation ne peut pas durer.

 Raison n°1 : Le marché de la location est limité

En mars dernier, Brian Chesky, fondateur de la start-up californienne, déclarait que Paris était devenue la « capitale mondiale de la location entre particuliers ».
Un mois plus tard le Comité Régional du Tourisme d'Ile de France rappelait que les parts de marché respectives de l'hôtellerie et de la location touristique dans la capitale étaient de 80% contre 10%. Après plusieurs années de développement, Airbnb s'adresse donc toujours à une niche.

Raison n°2 : Airbnb est et restera toujours un produit amateur

La convivialité liée à l'utilisation du site s'accompagne mécaniquement d'un manque de professionnalisme.
Une lacune illustrée par le peu d'attrait des voyageurs d'affaires, qui ne génèrent que 10% des transactions du site. Airbnb reste une forme de bricolage.

Raison n°3 : l'étau de la réglementation se referme

Enfin et surtout, Airbnb a profité à ses débuts d'une législation permissive pour empiéter sur le secteur hôtelier sans avoir à supporter les mêmes contraintes réglementaires et fiscales.

99% des utilisateurs parisiens de Airbnb sont dans l'illégalité

En 2012, la Ville de New York a interdit les locations de moins de 29 jours. Résultat : deux tiers de l'offre Airbnb dans cette ville devient illégale.

A Paris, un loueur a été condamné pour la première fois en février 2014 à 2.000 euros d'amende pour avoir illégalement sous-loué son appartement via Airbnb. Ses manquements : ne pas avoir demandé d'autorisation écrite à son bailleur et avoir proposé un tarif supérieur, au mètre carré, à celui de la location elle-même. Autant dire que 99% des utilisateurs parisiens du site sont aujourd'hui dans l'illégalité.

Face à des contrôles de plus en plus nombreux de la part des municipalités, Airbnb risque donc d'être progressivement abandonnée par des sous-loueurs qui ne verront pas l'intérêt de prendre le risque d'un redressement fiscal pour avoir prêté « sans bénéfices » leur appartement à des inconnus, aussi sympathiques soient-ils.