Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle révolution agricole ? A l'évidence oui, et c'est ce que nous observons partout sur nos territoires.
Jusqu'à présent, le monde agricole moderne a connu deux révolutions majeures : la première à l'issue de la Seconde Guerre mondiale avec la généralisation du machinisme ; puis dans la seconde partie du XXe siècle, avec la généralisation de l'agrochimie. Deux révolutions agricoles qui ont permis d'atteindre l'objectif qui avait été fixé aux agriculteurs de France : produire en quantité suffisante pour nourrir le peuple. Après cela, la vision qui a été développée pour ces agricultures a consisté à réduire les effets de ces révolutions, en passant à de l'agriculture raisonnée ou encore en développant des pratiques agroécologiques. Les agriculteurs s'en sont largement saisis sur le terrain. Ces transitions étaient et restent absolument nécessaires.
Nos importations n'ont cessé d'augmenter
Mais force est de constater que ces transitions, bien trop souvent, se font au détriment du compte de résultat des agriculteurs, et donc de la pérennité de leurs exploitations ; ou bien au détriment de notre objectif de production, et donc de notre mission nourricière première. Résultat : nos importations n'ont cessé d'augmenter à mesure que nous réalisions nos transitions sans se préoccuper des impasses techniques qu'elles engendreraient. Cela remet en cause notre souveraineté alimentaire et privilégie trop souvent l'importation de produits de moins bonne qualité, moins-disants d'un point de vue environnemental et nutritionnel. L'exemple des fruits et légumes est frappant : il y a 20 ans, nous importions d'autres pays 35% des fruits et légumes qui se trouvaient sur nos étals ; ce chiffre est pratiquement de 50% aujourd'hui.
C'est une réalité, mais ce n'est pas une fatalité. Nous avons aujourd'hui la possibilité et la responsabilité de changer la donne, en ouvrant un nouveau chapitre de notre histoire agricole : celui de la troisième révolution, celle du vivant et de la connaissance, en laquelle nous croyons profondément.
Associer création de valeur environnementale et économique
Et cette révolution doit prendre trois appuis : le numérique, la robotique et la génétique.
Des nouvelles technologies à l'agro-robotique, en passant par des solutions de biocontrôle ou de sélection variétale, les innovations se développent en France ou existent d'ores et déjà grâce à un écosystème d'acteurs innovants, dynamiques et audacieux. Ces innovations permettent de sortir d'impasses techniques, auxquelles nous sommes encore trop souvent confrontés. D'associer création de valeur environnementale et économique. De faciliter le travail de nos agriculteurs, de mieux préserver nos ressources, de limiter les émissions carbone, tout en augmentant la qualité nutritionnelle de nos productions grâce à l'innovation dans nos chaînes alimentaires. En réalité, cette révolution de la connaissance et du vivant est déjà engagée dans nos territoires : stations météo prédictives pour mieux gérer les ressources en eau, robots pour désherber mécaniquement même en agriculture de conservation, sélection variétale pour développer des plantes plus résilientes face aux sécheresse ou aux attaques de ravageurs... les possibilités sont déjà immenses, et nous n'en sommes qu'aux prémices !
Mais, si nous voulons réussir cette troisième révolution agricole, alors nous devons investir massivement et sans attendre pour accompagner nos agricultures dans cette direction. C'est ce que nous faisons avec France 2030, avec près de 2 milliards d'euros et jusqu'à 2,8 milliards d'euros en intégrant les moyens du plan d'investissement d'avenir, dédiés à notre souveraineté alimentaire.
Parce qu'il n'y a pas de pays fort sans agriculture forte, il nous faut une agriculture à même de répondre au double défi de la nutrition et du carbone.