Pourquoi la retenue à la source est une fausse bonne idée

Par Alain Chrétien  |   |  521  mots
Qui réclame l'instauration de la retenue à la source? Le gouvernment a trouvé là un gadget de fin de mandat, pour éviter de baisser l'impôt. par Alain Chrétien, député de la Haute-Saône (LR), membre de la commission des Finances

Après quatre années d'un matraquage fiscal sans précédent, le gouvernement veut tenter de se faire pardonner avec la retenue à la source. Le ministre des finances justifie cette réforme, prétendant simplifier la vie des contribuables en lissant le paiement de leur impôt sur le revenu. Or, les français ne demandent pas un lissage de leurs impôts, ils attendent une baisse réelle!

La retenue à la source façon socialiste, c'est beaucoup de complications pour peu de résultats. Aujourd'hui 66 % des français sont mensualisés et peuvent moduler leurs échéances en cas de baisse de leurs revenus, alors que cache cette fausse bonne idée ?

 Fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG

Derrière cette usine à gaz, il faut tout d'abord voir la volonté de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG. Vieille lune socialiste qui va écraser les classes moyennes déjà éreintées par les hausses d'impôts successives. Derrière cette réforme, il faut aussi voir la volonté de faire porter sur les entreprises un rôle supplémentaire dans la collecte des impôts. Déjà collecteur de la TVA et des cotisations sociales, le secteur privé deviendra aussi le percepteur de l'impôt sur le revenu avec toutes les ambiguïtés que cela entraîne. Ce mélange des genres malsain n'est pas de nature à faciliter le dialogue social entre l'entrepreneur et ses salariés, qui plus est dans les plus petites entreprises.

 Un gadget de fin de mandat

Les frais de gestion de l'Etat s'en trouveront-ils diminués ? Bercy verra-t-il ses effectifs fondre ? Mais surtout, qui demande la retenue à la source ? Les français ? Je n'ai jamais, dans ma circonscription, rencontré le moindre citoyen la demandant. Les entreprises ? Déjà assommées par les contraintes nouvelles de tous ordres, elles n'en demandent pas plus. Les syndicats ? Ils sont plus que réticents à l'idée que leur patron puisse mettre son nez dans les affaires privées des salariés.

Plutôt que de perdre son temps à mettre en place ce gadget de fin de mandat, c'est à une remise à plat complète de l'impôt sur le revenu qu'il faut procéder. L'impôt sur le revenu doit devenir une contribution universelle au financement du service public assise sur le plus grand nombre en fonction des capacités de chacun. Si tous les français bénéficient du service public dans son acception la plus large, seule la moitié d'entre eux le finance par le biais de l'impôt sur le revenu.

 Un système fiscal obsolète

Notre système fiscal national et local est obsolète, illisible et inefficace. Il repose sur un nombre de contribuables toujours plus réduit et concentré. La retenue à la source n'est qu'une mesure de diversion pour rendre la ponction moins douloureuse. Une fois de plus, le gouvernement esquive la réforme pour choisir une mesure dont il n'aura même pas à assumer les conséquences.

 *Alain Chrétien est député de la Haute-Saône (LR), membre de la commission des Finances