Pourquoi les entreprises doivent à leur tour partir à l'assaut de l'économie du partage

Par Adam Howatson  |   |  948  mots
La plupart des entreprises regorgent de données numériques inexploitées. Et si, au lieu de les laisser dormir, elles apprenaient à tirer de ces données une nouvelle valeur à travers un nouveau type d'économie du partage ? Par Adam Howatson, directeur marketing d'OpenText.

Faire en sorte que nos biens inexploités trouvent une utilité est devenu l'un des défis de notre époque. Louer un logement inoccupé à des vacanciers, une voiture qui sommeille au parking à des conducteurs sans véhicule, troquer des livres contre des vinyles... Cela est devenu monnaie courante pour tout consommateur, mais qu'en est-il pour le monde de l'entreprise ? Existe-t-il des ressources inexploitées qui pourraient être mises à profit pour une meilleure organisation/productivité des entreprises ?

La réponse est bien évidemment oui ! La différence est simple : là où un consommateur lambda s'occupera davantage de biens physiques, les entreprises regorgent, elles, de données numériques. S'il est aujourd'hui évident que l'information représente une ressource tout aussi vitale que l'argent, le pétrole ou d'autres matières premières, la plupart des entreprises sont encore loin d'exploiter toute la valeur de leurs données internes. Celles-ci sont diverses : informations clients, caractéristiques produits, documents logistiques, informations sur les fournisseurs et partenaires, données de toutes sortes couvrant des années d'activité et dormant probablement sur des disques, des serveurs, des ordinateurs portables, des tablettes ou encore des smartphones.

Et si, au lieu de les laisser dormir, les entreprises apprenaient à tirer de ces données une nouvelle valeur à travers un nouveau type d'économie du partage ?

L'économie du partage appliquée aux données numériques

En quoi consiste une économie du partage pour les données numériques ? C'est un système dans lequel une entreprise pourrait mettre en commun ses données, en particulier celles qui sont inexploitées ou sous-utilisées, avec ses partenaires, fabricants, fournisseurs et les autres parties prenantes de ses chaînes logistiques et processus métier.

Quels sont les avantages d'un tel système ? Imaginons une enseigne de la grande distribution partageant davantage d'informations sur son réseau d'approvisionnement, offrant à chacun la possibilité de visualiser l'ensemble des commandes, expéditions, données historiques, stocks de produits et livraisons en temps réel. Cela pourrait permettre d'identifier plus facilement les partenaires les plus performants ou encore les processus à perfectionner pour assurer partout le respect des délais. Le caractère sensible et la puissance de ces données exigeront des entreprises qu'elles obtiennent les autorisations nécessaires de leurs clients et veillent à la conformité de leur partage. Celles qui y parviendront en tireront des indications susceptibles de les aider à optimiser les performances de chacun, aboutissant à une relation gagnant-gagnant tout au long de la chaîne logistique.

Des pionniers dans le secteur public : l'administration ouverte

La France a rejoint le Partenariat pour le Gouvernement Ouvert et a été classée par l'ONU en 2014 4ème pays au monde en matière d'administration numérique et fut saluée pour ses initiatives liées à l'ouverture des données. Les administrations détiennent en effet des masses de données sur leurs usagers et leurs services et ont découvert que le partage de ces informations avec le public offre de nombreux avantages. Outre la promotion de la transparence, les initiatives d'administration ouverte peuvent aider les citoyens à mieux comprendre l'action des différents organismes et révéler de nouveaux axes de progrès.

Les programmes d'administration ouverte peuvent également contribuer à susciter des innovations dans le secteur privé. Prenons l'exemple du GPS : les données de ce système de géolocalisation par satellite, développé par l'administration américaine au début des années 70, sont exploitées par des milliers d'entreprises dans tous les secteurs, allant de l'agriculture aux voitures autonomes. Sans les données GPS, point de Google Maps, de géolocalisation des appels d'urgence, de suivi de flotte UPS ou encore de géotagging de photos sur Facebook.

Les entreprises sont-elles prêtes ?

Un système de partage de données d'entreprise repose sur deux éléments essentiels. D'une part, une plate-forme permettant de partager de grandes quantités d'informations en (quasi-)temps réel. D'autre part, la confiance, de sorte que les parties prenantes puissent partager des informations internes sans mettre en danger leurs secrets de fabrication, leur propriété intellectuelle ou leurs avantages concurrentiels. Si le secteur privé ne divulguera pas publiquement ses données comme peuvent le faire les administrations, les entreprises pourraient bien tirer de nouveaux enseignements et découvrir des synergies intéressantes en partageant leurs informations avec leurs partenaires, fournisseurs et autres parties prenantes.

Le partage des informations pourrait en effet ouvrir la voie à de nombreuses innovations et améliorations. Une meilleure compréhension des tendances concernant les clients et les produits pourrait, par exemple, contribuer à réduire le nombre de bugs dans les logiciels ou à identifier et résoudre les problèmes de service avant qu'ils n'entraînent une multiplication des tickets d'incident pour le support client, et bien d'autres choses encore.

Il y a cependant un obstacle à franchir : amener les entreprises à comprendre et accepter que le partage des données peut constituer un atout plutôt qu'une menace. Les entreprises tendent encore à faire preuve d'une mentalité fortement protectionniste en matière d'informations. Il faudra vaincre cette attitude pour pouvoir commencer à mettre en place une économie du partage de données. Les entreprises disposent pourtant aujourd'hui des outils nécessaires pour veiller à ce que le partage des informations se déroule dans des conditions légales, conformes et protégeant leur confidentialité.

Dans les cinq à dix ans à venir, nous devrions assister à l'arrivée de pionniers dans ce domaine. Une fois qu'ils auront réussi, les autres entreprises leur emboîteront naturellement le pas. Dès lors, la monétisation des informations inexploitées ou sous-utilisées deviendra aussi évidente que celles des véhicules ou des logements.

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Par Adam Howatson,
directeur marketing d'OpenText