Que restera-t-il de l’emploi dans les banques ?

Par Mathias Thépot, Xerfi  |   |  688  mots
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, que restera-t-il de l’emploi dans les banques ?

200 suppressions d'agences bancaires annoncées à BNP Paribas, 400 pour le groupe BPCE, et désormais 300 pour la Société générale. Et ce n'est sans doute pas fini. Toutes ces annonces font craindre une véritable débandade de l'emploi bancaire.

Il est vrai que cela fait plusieurs années que les banques cherchent par tous les moyens à rationaliser leurs coûts, d'autant que les taux très bas rognent leurs marges. Dans ce contexte, elles s'engouffrent dans l'automatisation des tâches et la digitalisation de la relation client pour abaisser le coût de fonctionnement de leur réseau. Les agences sont ainsi la partie émergée de l'iceberg de la destruction d'emplois bancaires.

Les coûts de fonctionnement sont encore trop élevés

Jusqu'ici, l'impact sur l'emploi est significatif : entre 2011 et 2016, environ 1200 agences ont été fermées. Et toutes activités confondues, 10.000 emplois sur 380.000 ont disparu en France. Dans les activités de marché, l'emploi a aussi baissé même s'il a résisté. En comparaison, ailleurs en Europe, des réductions de postes allant jusqu'à 80% des effectifs ont été opérées. Tous ces efforts des banques françaises pour restructurer leurs réseaux d'agences, digitaliser leurs services, et réduire leurs effectifs dans certains métiers, ont ainsi permis d'abaisser leur coefficient d'exploitation de près de 2 points depuis 2012. Mais les coûts de fonctionnement des banques françaises restent encore bien plus élevés que ceux de leurs homologues anglaises, hollandaises ou du nord de l'Europe.

Or, elles ont clairement décidé de combler ce retard. Un mouvement très violent risque donc de s'engager dans les dix prochaines années. Dès lors une question se pose : que restera-t-il comme emplois dans les banques ?

Des créations d'emploi dans les services périphériques et hyper spécialisés

Il semble que certaines tendances au déversement vers d'autres types d'emplois se dégagent. La première, et c'est important de le souligner : beaucoup de métiers « périphériques » à la finance, très atomisés, se développent depuis dix ans. On les appelle « les services financiers auxiliaires aux banques et aux assurances ». Ce sont souvent des professionnels de la finance qui se mettent à leur compte dans des domaines comme le courtage ou la gestion de fonds. N'oublions pas que la France est devenue l'une des principales places mondiales en termes de gestion d'actifs, forte de 630 sociétés de gestion, dont 200 ont été créées ces cinq dernières années !  Comme d'autres professions, la banque fait donc de l'externalisation.

Autre tendance : l'hyperspécialisation des conseillers bancaires dans les agences. Des agences qui sont recentrées sur les zones de chalandise du fait de la digitalisation des usages. On aura bien compris qu'à l'avenir, les clients ne viendront en agence que pour finaliser des opérations, afin d'obtenir une confirmation humaine, ou un conseil très avisé. Et même si les outils d'intelligence artificielle feront une part croissante du job, il faudra toujours du monde pour accueillir les clients et des conseillers pointus pour les stimuler dans leur prise de décisions. En parallèle, du côté de la clientèle professionnelle et de la banque privée, les voyants sont au vert car les entreprises veulent toujours rencontrer des banquiers en chair et en os.

D'autres gisements dans le domaine des risques et de la réglementation

En ce qui concerne la banque de financement et d'investissement, même si on n'est pas encore arrivé à la robotisation des traders, la révolution numérique est indéniablement en marche sur les postes de super-diplômés.

Enfin, il ne faut pas l'oublier, on crée des emplois dans les services de déontologie, de contrôle des risques et de mise en conformité, notamment pour répondre aux directives européennes. Ils restent indispensables en cette période où les régulateurs espèrent empêcher une prochaine crise. Et il serait sans doute dangereux de les robotiser, eux aussi.

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