Réaliser nos objectifs en matière d’énergies renouvelables

Par Laurence Daziano  |   |  523  mots
Par Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences Po, est membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique

En 2015, les pays émergents ont dépassé les pays développés pour leurs investissements dans les énergies renouvelables : 19% du total mondial pour les premiers, contre 8% pour les seconds. Avec 17% des investissements mondiaux, la Chine prône une nouvelle politique climatique. Pékin souhaite transformer son modèle économique en favorisant l'innovation dans de nouveaux secteurs industriels et en prônant une politique de protection de la santé publique face à la pollution croissante dans les grandes villes chinoises.

Pour la période 2016-2020, Pékin a adopté un plan qui prévoit d'investir 361 milliards de dollars dans l'électricité à base de renouvelables, créant 13 millions de nouveaux emplois. L'objectif est d'arriver à 15% d'énergies renouvelables, ce qui comprend non seulement l'éolien (passage de 29 à 210 GW), le solaire (de 43 à 110 GW), mais aussi l'hydraulique et le nucléaire. L'exécution des plans quinquennaux chinois passe par la construction d'infrastructures dans les délais impartis, permettant de développer l'industrie au niveau national, avant de développer les exportations.

Les énergies renouvelables représentent désormais plus de la moitié des nouvelles sources d'énergie mises en service dans le monde. Les prix des énergies renouvelables baissent, en particulier dans l'énergie éolienne et solaire. Dans de nombreuses régions du monde, elles sont déjà une source majeure d'énergie. En Ecosse, les éoliennes fourniraient suffisamment d'électricité pour alimenter tout le pays le dimanche. Même aux Etats-Unis, qui viennent d'annoncer leur retrait de l'Accord de Paris sur le climat, l'énergie éolienne et solaire représenterait plus de 10% de l'énergie totale.

La France à la traîne du renouvelable ?

Dans ce contexte, la France doit accélérer sa transformation vers les énergies renouvelables, ce qui suppose que d'abord, les énergies renouvelables doivent être vues comme un ensemble, combinant l'éolien, le solaire, l'hydraulique... et le nucléaire. Opposer le nucléaire, énergie décarbonée, aux renouvelables, n'aura comme conséquence que d'accroître le recours aux énergies fossiles.

Ensuite, la France et l'Europe, qui s'est fixée un objectif de 30% de renouvelables en 2030, doivent disposer d'une industrie cohérente et organisée, notamment dans l'éolien et le solaire. La programmation pluriannuelle prévoit de porter les capacités françaises, pour le photovoltaïque de 18 à 20 GW en 2023 contre un peu moins de 7 GW aujourd'hui. Le potentiel de l'éolien terrestre doit passer de 12 GW à 22 ou 26 GW et l'éolien en mer de 0,5 à 6 GW. Ces objectifs doivent permettre de développer une industrie européenne, afin de sécuriser notre innovation et notre sentier de croissance.

Enfin, le développement de ces nouvelles capacités énergétiques doit bénéficier d'une accélération des constructions, grâce à un cadre réglementaire plus sécurisant. L'autorisation environnementale unique, en place depuis le 1er mars pour les installations de production d'énergie renouvelable, a amélioré la situation. Mais il faudrait aussi réduire les recours juridictionnels déposés par les riverains et les associations, qui peuvent durer jusqu'à sept ans ! Le maintien de tels délais ne permettra pas d'atteindre les objectifs fixés au niveau national ou européen.